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Des photos circulent sur les réseaux sociaux, mettant en lumière les liens présumés entre Pravind Jugnauth et Josian Deelawon. Alors que l’ancien Premier ministre minimise leur relation, la FCC enquête pour établir la vérité.
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La controverse sur les liens entre Pravind Jugnauth et Josian Deelawon s’intensifie, surtout après la circulation, sur les réseaux sociaux, de photos montrant l’ancien Premier ministre en compagnie de l’homme d’affaires depuis la semaine dernière. Ces images semblent contredire les déclarations de l’ancien chef du gouvernement, qui affirme que Josian Deelawon n’est « pas un proche ».
Face à ces éléments, la Financial Crimes Commission (FCC), qui enquête sur un cas de blanchiment d’argent, après la saisie de trois valises et d’un sac contenant Rs 113,8 millions en devises et roupies mauriciennes (voir encadré), a lancé une double démarche. D’une part, elle prévoit d’organiser des confrontations entre les protagonistes pour éclaircir la nature de leurs relations. D’autre part, elle a ouvert une enquête spécifique pour authentifier les clichés en circulation, suivant un protocole rigoureux : identification de la source des photos, convocation de l’utilisateur ayant partagé les images sur les réseaux sociaux pour obtenir un « statement » et vérification des informations recueillies.
L’authenticité des photos pourra être établie de deux manières : soit par une validation technique complète, soit par la confirmation d’un des protagonistes lors de son audition. Comme l’explique une source proche de la FCC : « La confirmation d’un seul protagoniste suffit à valider une photo dans le cadre de l’enquête. » En cas de versions contradictoires, les enquêteurs devront approfondir leurs investigations pour résoudre ces incohérences.
Les déclarations des différents acteurs de l’affaire révèlent déjà des contradictions notables. Lors de sa motion pour remise en liberté, le dimanche 16 février devant la Week-End Court, Pravind Jugnauth a minimisé ses liens avec Josian Deelawon, le décrivant comme un simple membre du Mouvement socialiste militant qu’il ne connaissait que dans le cadre de ses activités sociales. Concernant une supposée rencontre à l’hôtel Maradiva, l’ancien Premier ministre a expliqué qu’il rencontrait des « milliers de personnes » dans le cadre de ses fonctions.
Cependant, le témoignage de Sanjiv Ramdanee, propriétaire de l’hôtel Maradiva Resorts et beau-frère de l’ex-Premier ministre, vient contredire cette version. Lors de son audition à la FCC le mardi 18 février, il a confirmé que les deux hommes s’étaient rencontrés à plusieurs occasions, notamment lors de dîners à l’hôtel Maradiva et à Angus Road. Il a également attesté l’existence de photos prises lors de ces rencontres, y compris lors d’un dîner dans un restaurant du Nord.
La sortie médiatique de Josian Laval Deelawon, le gérant de My Holidays Ltd, après sa libération sous caution, le jeudi 20 février 2025, devant le tribunal de Pamplemousses, a ajouté du poids aux soupçons. Interrogé sur sa relation présumée avec l’ancien Premier ministre, il a laconiquement répondu : « Les photos parlent d’elles-mêmes », faisant référence aux clichés diffusés sur les réseaux sociaux le montrant aux côtés du politicien.
Toute cette affaire a éclaté le vendredi 14 février, avec l’arrestation de Josian Deelawon et de son comptable, Chandradeo Oomah, les présumés money storekeepers de Pravind Jugnauth. Trois valises contenant des liasses de billets de banque en roupies mauriciennes, mais aussi en devises – dollars, livres sterling, dirhams, euros et autres monnaies, atteignant la somme de Rs 113,8 millions, ont été saisies lors d’opérations simultanées de la Major Crimes Investigation Team.
La police et la FCC ont immédiatement enclenché une enquête pour délit de blanchiment d’argent. Pravind Jugnauth, Josian Laval Deelawon, le comptable Chandradeo Oomah et l’actuelle mairesse par intérim de Vacoas/Phoenix Devianee Ramchurn ont été arrêtés et provisoirement inculpés. Ils sont soupçonnés d’avoir réparti l’argent et de l’avoir placé en lieu sûr pour le compte de l’ex-Premier ministre, selon les allégations formulées par le businessman. Il a « vidé son sac », affirmant que Pravind Jugnauth lui aurait assuré qu’il s’agissait d’argent perçu sous forme de donations.
Face aux enquêteurs, Chandradeo Oomah a, lui, expliqué ne pas connaître personnellement l’ex-Premier ministre et a attribué l’argent retrouvé dans une valise chez lui à Josian Deelawon : « Mo patron finn dir mwa gard sa valiz-la pou li. »
Deelawon dénonce un pseudo-inspecteur de l’Adsu
Josian Deelawon a déposé une « Precautionary Measure » samedi après-midi à la suite d’un appel suspect. L’homme d’affaires affirme qu’un individu, se faisant passer pour un inspecteur de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), l’aurait contacté pour l’informer qu’il faisait l’objet d’une enquête et qu’il devait se présenter au quartier général de la brigade antidrogue.
Il a alors alerté son avocat, Me Shameer Hussenbocus. Ce dernier a effectué des vérifications auprès de l’Adsu, ce qui a révélé que l’appel ne provenait pas d’un véritable enquêteur de la brigade.
Bassoodeo Seetaram et Vinash Gopee dans le viseur de la FCC
L’enquête de la FCC devrait bientôt voir d’autres protagonistes défiler au Réduit Triangle. Deux proches des Jugnauth, Basoodeo Seetaram et Avinash Gopee, sont dans le viseur des enquêteurs. Leur convocation ne serait qu’une question de jours. Des éléments recueillis par la FCC les placent désormais au centre de l’enquête. Par mesure préventive, une Notice upon Departure a déjà été émise contre eux, les empêchant de quitter le territoire.
Les noms du couple Pravind et Kobita Jugnauth, ainsi que celui de Sanjiv Ramdanee apparaissent également sur les demandes de Notice upon Departure adressées par la FCC au commissaire de police et au Passport & Immigration Office.
Financial Crimes Commission : un accueil plus chaleureux pour la presse
Changement de ton à la FCC depuis l’arrivée de Sanjay Dawoodharry comme directeur par intérim. Les journalistes présents lors de l’arrestation de Pravind Jugnauth, le samedi 15 février, ont pu constater une nette amélioration des conditions d’accueil.
Fini les coins exigus et les longues heures debout. Un espace dédié, le Media Corner, a été aménagé pour permettre aux journalistes de travailler dans de meilleures conditions. Mieux encore, la FCC avait pris des dispositions à l’heure du dîner pour les membres de la presse présents jusque tard dans la nuit et leur a ouvert les portes de sa cantine. « Avant, c’était la galère. On poireautait dans un coin sombre, sans confort. Là, c’est clairement mieux », confie un journaliste.
Cette nouvelle approche contraste fortement avec celle adoptée sous la direction de Navin Beekarry. À l’époque, les journalistes étaient souvent tenus à distance et priés de libérer la cantine dès leur arrivée pour éviter tout contact avec les employés. « Avant, on se sentait presque de trop. C’était strict et parfois tendu », se rappelle un reporter habitué des lieux, qui apprécie ce changement.
Tout au long de la semaine suivant l’arrestation de Pravind Jugnauth et avec le défilé quotidien des protagonistes de l’affaire, notamment Josian Deelawon, Nitish Oomah ou encore Devianee Ramchurn, les journalistes ont eu droit à des rafraîchissements et des snacks, servis par des agents désignés pour s’assurer de leur confort. Les proches des suspects et les personnes convoquées ont également noté un changement dans l’attitude du personnel : plus d’ouverture, plus de courtoisie.
La communication de la FCC s’est aussi modernisée : vidéos explicatives diffusées par le responsable de communication, Ibrahim Rossaye, et mises à jour régulières sur les réseaux sociaux, notamment Instagram.
Avec ce nouveau souffle, la FCC semble vouloir soigner son image et faciliter la tâche des médias. Une initiative qui, pour l’instant, est bien accueillie.
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