Conflit israélo-palestinien : un drame humain qui fend le cœur 

La récente reprise des hostilités entre le Hamas et Israël a exacerbé la situation, avec des pertes civiles importantes. Les images choquantes de cette violence se propagent sur les réseaux sociaux, suscitant non seulement la tristesse mais aussi l’espoir, un espoir de paix qu’éprouvent de nombreuses personnes, y compris à Maurice. 

La parole à des Mauriciens

Arshad Ali Peeroo : « Les habitants de Gaza sont coupés du monde » 

Ali Peeroo, un Mauricien habitant la Turquie, ne cache pas son inquiétude sur ce qui se passe en Palestine. « C’est déchirant de voir le massacre perpétré à Gaza, en particulier avec autant d’enfants tués de manière impitoyable, sans compter ceux qui sont désormais orphelins », confie-t-il. 

Il condamne fermement l’attaque perpétrée par Israël contre l’hôpital Al-Ahli de Gaza. « C’est totalement inacceptable. Espérons que la communauté internationale se rassemblera pour tenir Israël pour responsable », dit-il. 

Arshad Ali Peeroo a fait plusieurs voyages en Palestine. Pas plus tard que mai 2023, il y était encore. « Les habitants de la bande de Gaza vivaient déjà comme dans des camps de concentration, coupés du reste du pays et du monde. Espérons que la communauté internationale parviendra à mettre fin à cette guerre au plus vite », indique-t-il. 
Il raconte que là où il vit à Istanbul il y a déjà eu plusieurs manifestations et les gens étaient sur le point de pénétrer dans l’ambassade d’Israël en signe de solidarité envers le peuple palestinien. Il lance un appel pour venir en aide aux victimes en détresse. Il précise que ceux qui souhaitent envoyer un soutien financier à Gaza ne pourront malheureusement pas le faire, du moins dans l’immédiat. 
« Tous les systèmes monétaires sont bloqués à Gaza et il est impossible de les atteindre pour le moment. Vous pouvez commencer la collecte en attendant et garder tous les fonds en attente. Cela permet de gagner du temps, car nous devrons les envoyer rapidement une fois que cela sera possible. Je vous conseille de le faire par l’intermédiaire d’organisations caritatives locales de confiance », recommande Arshad Ali Peeroo.

Mervyn Anthony : « La Palestine et Israël sont deux bébés d’une même mère » 

Mervyn Anthony est catégorique : les attaques terroristes ne justifient en aucune manière l’existence de ce mur anti-droits de l’homme entre Israël et la Palestine. Pour lui, il est primordial de le démolir et de commencer à promouvoir la paix. 

« La Palestine et Israël sont comme deux bébés d’une même mère. Les citoyens des deux bords n’auraient aucun problème à vivre ensemble si un État de droit unifié était établi. Il s’agit essentiellement d’un problème politique où la religion est souvent utilisée pour diviser afin de mieux régner », explique-t-il. 

Mervyn Anthony déplore tristement que des nourrissons, des enfants et des adultes sont tués, un problème qui, hélas, dure depuis trop longtemps déjà. Selon lui, plus le conflit israélo-palestinien perdurera, plus il y aura des pertes civiles des deux côtés. 

« La lutte contre le terrorisme doit être la responsabilité des deux camps en tant que nation unie. Il est impératif de commencer à promouvoir la paix, le respect et l’amour fraternel. Il faut aussi rétablir un État de droit où Israéliens et Palestiniens pourront vivre ensemble dans la paix et le respect. C’est une nécessité difficile mais pas impossible à réaliser », dit-il. 

Selon lui, si l’État israélien peut mettre en place des stratégies pour contrer le terrorisme en peu de temps, il doit être capable de rétablir les négociations sur de nouvelles bases au nom de la primauté du droit (Rule of Law). « Il peut ainsi, par la suite, confier la gestion démocratique d’un État israélo-palestinien uni aux deux peuples pour que la paix et la lumière reviennent », estime-t-il. 

Mervyn Anthony est d’avis qu’à Maurice, nous ne devons pas manifester pour provoquer davantage de conflits, mais plutôt organiser des manifestations pour dégager des solutions en vue de rétablir un État Israël-Palestine unifié dans l’intérêt démocratique des deux peuples. Il se pose aussi des questions sur le rôle des Nations unies pour tenter de rétablir la paix et les valeurs démocratiques en faveur de l’unité d’Israël et de la Palestine, d’autant que la guerre n’a jamais été une solution. 
« Il faut aller au-delà de la paix temporaire sous surveillance. Il ne peut y avoir de paix quand l’injustice prévaut. Ce mur ne semble pas être la solution, mais la cause de tous les problèmes. Cela dure depuis 56 ans. Nous sommes tous concernés », dit-il. 

Il estime que le moment est venu pour les Nations unies d’accélérer les négociations et de développer un plan en conformité avec le droit international, en mettant en place les procédures nécessaires pour l’unité démocratique d’Israël et de la Palestine en tant qu’État de droit unifié. « Cela permettra de mettre fin à ces guerres une bonne fois pour toutes et de rétablir la paix. Il semble que les Nations unies tardent à présenter un tel plan », déclare-t-il.

Nirusha Routho : « Cibler des innocents est intolérable »

Aimant voyager et aller à la découverte du monde, Nirusha Routho avait entrepris un voyage en début d’année au Moyen-Orient. Elle s’était rendue en Israël. « En janvier dernier, j’étais en Palestine. C’est vraiment dévastateur de voir le massacre qui se déroule là-bas. C’est scandaleux et inhumain. La guerre n’a jamais apporté de bons résultats. Elle ne fait qu’engendrer davantage de misère et de destruction », évoque-t-elle. 

Nirusha Routho qui prône la paix constate avec regret qu’il y a un manque de compassion. « Cibler des personnes innocentes comme des familles, des enfants et des professionnels de santé est totalement inacceptable. C’est déchirant de voir des vidéos de bébés morts, de familles brisées et d’enfants devenus orphelins de manière tragique. Cette scène d’horreur est insoutenable », s’indigne -t-elle. 
Pour elle, Israël n’est pas vraiment un pays accueillant. « Ce n’est pas un endroit que je revisiterais, même si c’est un beau pays avec de nombreux lieux saints à visiter », conclut-elle.

Moosleemah Suhotoo: « La Palestine ressemble à une prison à ciel ouvert »

Gérante de Decent Boutique, Moosleemah Suhotoo est affectée par l’horreur de la guerre. « Sur TikTok, j’ai vu des vidéos montrant les massacres en cours, et cela m’a poussée, avec mon mari, à organiser une vente promotionnelle avec une réduction de Rs 1 000 sur nos robes, ce samedi. Nous faisons cela pour encourager un maximum de personnes à participer à notre vente et les fonds que nous récolterons iront à Al Ihsaan pour venir en aide au peuple palestinien en détresse », souligne-t-elle. 

Moosleemah Suhotoo, qui est maman d’un bébé, se désole que le peuple palestinien traverse des moments très difficiles. « Je ne peux qu’imaginer à quel point la situation doit être difficile pour des parents de perdre aussi tragiquement leurs enfants. J’ai même vu une vidéo bouleversante où un père transportait la main de son fils dans un sac en plastique. Et maintenant un hôpital a été bombardé. C’est déchirant », déplore notre interlocutrice. 

Elle affirme que la paix est d’une importance cruciale, mais il est difficile de trouver un terrain d’entente, et personne ne semble vouloir résoudre le problème. « La Palestine ressemble à une prison à ciel ouvert. Ma famille et moi ressentons une profonde empathie pour le peuple palestinien. C’est atroce de bombarder un hôpital alors que les gens y cherchent des soins pour les malades », dit la mère de famille.

Moosleemah Suhotoo est très affectée par ce qui se passe. « Chaque jour, cette situation reste ancrée dans ma tête, et je passe beaucoup de temps sur TikTok pendant mes moments libres à regardant de nombreuses vidéos. Mes larmes coulent quand je pense à ces enfants. Mon cœur saigne. C’est pourquoi nous avons décidé d’organiser cette vente. Nous voulons aider à notre façon. Les fonds que nous allons collecter serviront à soulager la détresse de ce peuple en souffrance », soutient-elle. 

Reza Uteem : « Il est choquant de voir l’agresseur se faire passer pour la victime »

Il portait un masque sur lequel était imprimé « Free Palestine » en guise de soutien à la Palestine lors de la rentrée parlementaire en début de semaine. Son masque n’est pas passé inaperçu. « En tant qu’être humain, nous sommes profondément attristés. C’est extrêmement difficile de voir ces images circuler à travers les médias sociaux et Internet. Cette guerre, nous la vivons et la souffrance est réelle. C’est déchirant de voir de jeunes enfants se faire massacrer, des hôpitaux détruits de manière inhumaine. C’est un génocide qui se perpétue avec le soutien des États-Unis, de l’Angleterre et d’autres puissances », se désole le parlementaire. 

Il revient sur ce conflit qui perdure depuis des décennies. « Benjamin Netanyahu restera dans l’histoire pour ces crimes de guerre et de génocide. Gaza est devenue la plus grande prison du monde, les habitants n’ont pas le droit de sortir. Il est choquant de voir l’agresseur se faire passer pour la victime et la victime pour l’agresseur », poursuit le député du MMM. 

Reza Uteem pense qu’il est grand temps de donner à la Palestine le droit à son propre gouvernement, à son autonomie. Israël doit reconnaître les droits des Palestiniens, leur permettre d’avoir leur propre gouvernement et ne pas contrôler chaque aspect de la vie en Palestine. « La paix passera par la reconnaissance de l’État palestinien et de son droit à un gouvernement indépendant, comme toute nation », préconise-t-il. 

Reza Uteem plaide pour un cessez-le-feu immédiat alors qu’Israël continue d’attaquer des civils et même l’hôpital où des vulnérables sont traités.

Dr Mansoor Takun : « Israël est en train de perpétrer un génocide en plein jour »

Le pédiatre, Dr Mansoor Takun, sympathise avec le peuple palestinien. « Voir de telles destructions provoque en moi un mélange complexe d’émotions. Je ressens une profonde tristesse, une sensation d’impuissance et de la colère face à la perte de vies et à la souffrance. J’éprouve également une profonde empathie pour les patients et leurs familles, accompagnée d’un fort désir de leur apporter tout le soutien et le réconfort possibles dans cette situation », déclare le médecin. 

Il est d’avis que cela peut être une situation émotionnellement accablante et éprouvante pour tout professionnel de la santé. « En tant que médecin, je ne fais aucune distinction en ce qui concerne la vie de quiconque. Déjà, Gaza se trouve dans une situation sanitaire désastreuse, avec un manque d’eau, d’électricité et de ressources de base, ce qui crée un environnement propice à la malnutrition et éventuellement à des épidémies », lance notre interlocuteur.

Dr Mansoor Takun est critique envers Israël. « Je suis d’avis qu’Israël est en train de perpétrer un génocide en plein jour, avec la complicité des pouvoirs occidentaux. C’est tout simplement inacceptable. Trop, c’est trop ! », avance-t-il.

Nasreen Banu Ahseek : « L’horreur des images touche le cœur de chacun d’entre nous »

L’artiste Nasreen Banu Ahseek affirme que la guerre au Proche-Orient qui se déroule entre Israël et le Hamas depuis le 7 octobre provoque de la tristesse, de la colère et de l’indignation. « L’horreur des images touche le cœur de chacun d’entre nous, peu importe nos origines, notre nationalité ou notre religion. C’est avant tout en tant qu’êtres humains que nous souffrons de cette situation. À titre personnel, je suis effondrée en tant que maman lorsque je vois ces enfants innocents qui sont les premières victimes de cette guerre. Ces enfants, ces jeunes devraient grandir et s’épanouir dans un environnement de paix, d’amour et d’espoir, mais aujourd’hui leur quotidien est devenu un enfer de violence, de destruction et de mort », souligne-t-elle. 

Elle dit avoir été particulièrement bouleversée lorsqu’ elle a appris le bombardement d’un hôpital. « Le cycle sans fin de destruction ne fait que perpétuer la souffrance et la douleur des deux côtés du conflit et la mort d’un enfant, qu’il soit israélien ou palestinien est une perte insupportable pour sa famille, pour sa communauté et pour l’humanité toute entière. La tragédie qui se déroule actuellement dans cette partie du monde nous rappelle que la guerre ne produit que des perdants et des vies brisées », dit l’artiste. 

En tant qu’artiste et en tant que citoyenne du monde, Nasreen Banu Ahseek lance un appel pour un cessez-le-feu afin que les associations d’aide humanitaire puissent faire leur travail, soigner les gens et sauver des vies. « Il faudra évidemment après, engager des négociations et des médiations pour rétablir une paix durable. Chacun de nous, à son niveau, a un rôle à jouer pour mettre fin à cette tragédie et bâtir un avenir où les enfants peuvent grandir sans craindre de mourir à cause d’une guerre qu’ils n’ont jamais demandée », conclut-elle.