Le 19 mars, j’ai adressé une lettre ouverte au Premier ministre ici sur ma page Facebook. Cette lettre a été largement lue et commentée. Le feedback peut se résumer en un mot : vous avez dit tout haut ce que la population mauricienne ressent. Depuis, le Premier ministre a annoncé le confinement national qui a pris effet depuis hier 6h00 du matin et nous sommes passés à 14 cas confirmés de coronavirus. Le confinement était la mesure qu’il fallait prendre.
Nous sommes en plein dans une guerre qui ne fait que commencer et chaque Mauricien doit en être un soldat. Pour en finir avec ce virus, l’ennemi invisible, la mobilisation doit être totale et être menée avec le sens de responsabilité et dans la solidarité. Il faut le détruire en cassant la chaîne de contamination.
Le Premier ministre a annoncé le confinement, arme qui a fait ses preuves ailleurs. Le confinement a pris plusieurs d’entre nous par surprise en raison de l’heure tardive de son annonce et le peu de temps entre l’annonce et sa mise en vigueur, avec comme conséquence une pagaille qui continue.
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Le confinement n’est pas respecté dans de nombreux localités et quartiers du pays. Le comportement de nombreux d’entre nous est vivement critiqué, dénoncé, notamment sur les réseaux sociaux. Il est question d’irresponsabilité, d’insouciance et de la nécessité que les autorités adoptent rapidement la manière forte pour faire respecter les consignes avec un confinement total, voire un couvre-feu. Cette colère est légitime, compréhensible car ce qui est en jeu c’est la vie et la santé de chacun d’entre nous et de nos proches.
Si nous voulons être efficaces, il faut aller au-delà de notre colère et indignation. Il faut garder la tête froide et bien sur nos épaules. Nous sommes dans un cas de figure de demande de changement rapide de notre mode de vie, de notre quotidien sans que toutes les implications pratiques n’aient été planifiées par les autorités. Oui, avec le premier décès annoncé ce matin, la mort rôde !
La sociologie du changement nous apprend qu’une population sollicitée pour un changement se répartit ainsi : 45% sont favorables de facto, 40% peuvent adhérer moyennant explication et 15% sont des antis irréductibles. Nous sommes dans ce cas de figure et le défi c’est de gagner à la cause du changement les 40 % qui demandent à être convaincus par une communication appropriée afin d’isoler les 15 % d’irréductibles afin de mieux les neutraliser par les moyens appropriés. Soyons intelligents sur l’approche pour avoir une adhésion totale.
Vous êtes nombreux à exprimer votre colère face à certains propos du porte-parole du comité spécial institué, le docteur Z. Joomye, qui non seulement « pe fer nou dekouver Lamerik lor map » à propos du coronavirus mais parle d’indiscipline, d’irresponsabilité, de comportement révoltant, de négligence criminelle de ceux qui ne respectent pas les consignes du confinement alors même que les autorités ont sous pression, au deuxième jour du confinement, laissé les bazars et marchés opérer sans contrôle. Ouvrant ainsi des foyers de contamination du virus. C’est notre devoir de continuer à dénoncer les incohérences criminelles. S’il ne faut pas lâcher prise sur la vigilance citoyenne sur les deux fronts, il ne faut jamais oublier l’ennemi.
Il ne faut pas se tromper de cible. Chacun d’entre nous doit mettre toute son énergie, son temps et son intelligence à la combattre. Et cela demande un changement dans le comportement et l’attitude chez chacun d’entre nous.
Commençons par apprécier les mesures et les démarches des autorités depuis le 19 mars avec ses défauts, ses lacunes pour assurer sur les différents volets. Il faut mesurer l’ampleur et la complexité de la tâche quand on veut mettre un pays en arrêt en si peu de temps tout en assurant un minimum de continuité avec les services essentiels et se préparer pour lutter contre l’épidémie. Ce n’est pas une mince affaire et il n’y a pas de recettes magiques. Prions que les autorités sauront avec humilité et professionnalisme procéder à des ajustements nécessaires au fur à mesure.
Nous devons apprécier aussi l’élan de solidarité qui se développe ces derniers jours, que ce soit sur les réseaux sociaux que sur le terrain. Soutenons et encourageons toutes les initiatives concrètes de solidarité nationale. Sur la toile, il y a des articles, vidéos, messages instructifs, pédagogiques qui demandent à être partagés pour toucher le plus grand nombre. Sur le terrain, des citoyens, des entreprises et des institutions se mobilisent et font preuve d’une solidarité concrète. C’est le temps de grossir cette armée de guerre pour soutenir ceux qui sont sur le front – médecins, infirmier.e.s, personnel hospitalier, policiers et autres. C’est le temps de soutenir les plus vulnérables.
Je vais me permettre de demander à mes amis et à tous les Mauriciens sur la toile de bien mesurer la portée de leurs postes et commentaires, Nous sommes entrés depuis le 19 mars dans une autre phase. Il faut que tout le monde s’adapte à l’évolution de la situation. Il faut être concentré et efficace. Allons commencer par se demander quelle est l’efficacité de nos postes et commentaires. Cessons de semer objectivement la confusion dans les têtes dans notre volonté très louable de vouloir apporter notre contribution. Cette guerre nous allons la gagner dans des efforts concentrés et pas dans la dispersion.
Nous ne sommes qu’au début de la crise sanitaire avec l’intensification du télescopage de sa dimension économique dans les jours à venir. La gestion de la crise va être compliquée sur les différents fronts. Sur le front sanitaire, il faut être ferme et intransigeant avec le confinement. Je prie ceux qui plaident de manière vulgaire dans ce sens de se retenir et d’être responsables. N’oublions pas l’état psychologique d’une population fragmentée avec ses fragilités. Nous sommes assis sur un volcan sanitaire et social Aux forces policières d’agir avec intelligence.
Il y a un temps pour tout. Viendra le temps où il faudra faire le bilan et bien situer les responsabilités et leurs conséquences. Mais nous n’en sommes pas là. Il faut d’abord gagner la guerre et à chacun d’entre nous d’assumer sa responsabilité dans ce moment vital de notre histoire.
Le 20 mars
Malenn Oodiah
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