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Alcoolisme : l’enfer du verre de trop

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L’alcool au volant est responsable de nombreux accidents mortels sur nos routes. Mais ce n’est pas le seul danger lié à l’alcool. Des violences, parfois fatales, éclatent souvent entre des personnes ivres. Qu’est-ce qui pousse certaines personnes à boire excessivement ? Et comment s’en libérer ? Tour d’horizon.

C’est à l’âge de 19 ans que Husnah prend son premier verre de bière. À cette époque, elle est une buveuse sociale, ne consommant de l’alcool que lors de fêtes spéciales. Cependant, sa vie prend un tournant tragique lorsqu’elle est confrontée à un bouleversement émotionnel, à un choc dévastateur, et à la perte de son époux. Dans ces moments de douleur insupportable, l’alcool devient son refuge, son meilleur ami, et même parfois son sauveur.

Cette dépendance a toutefois un coût dévastateur sur sa vie de mère. « Avec deux enfants de 10 ans et 7 ans à charge, je me sentais coupable de ne pas répondre à mes responsabilités de mère. Chaque matin, je les préparais pour l’école. Je me sentais impuissante mais j’avais déjà développé une dépendance à l’alcool », raconte-t-elle. 

Les yeux embués de larmes, elle confie qu’elle a essayé de s’en sortir. Le problème évolue et Husnah devient alors une consommatrice périodique. Elle boit tous les deux à trois mois, mais là c’était pendant une semaine. « J’ai alors réalisé que c’était la maladie. J’ai compris que la femme devenait alcoolique dans quatre à cinq ans de consommation alors que les hommes dans 10 ans », affirme celle qui est aujourd’hui membre d’Alcooliques Anonymes. 

Husnah se retrouve piégée dans un gouffre sombre, un véritable enfer dont elle ne peut s’échapper. L’obsession de l’alcool avait pris le contrôle de sa vie. « J’étais remplie de désespoir, de culpabilité et de ressentiment envers la vie et envers Dieu pour m’avoir enlevé mon mari… »  

Mais son ego, son orgueil l’empêche d’admettre qu’elle a un problème. Face à ses proches qui lui disent sans cesse qu’elle sombre, Husnah tient tête, nie. 

« J’étais devenue une étrangère pour ceux qui me connaissaient autrefois, perdant la capacité de raisonner. Je désirais ardemment être présente pour mes enfants. Heureusement, ma mère et mon père sont venus habiter chez moi et s’occupaient d’eux pendant que je luttais contre la maladie de la solitude qui m’a plongée dans l’alcool. » 

À l’époque, Husnah a 31 ans. Sa mère était de foi hindoue et son père de foi musulmane. De son côté, elle s’était marié avec un homme de foi catholique mais ne suivait aucune religion. « J’étais une rebelle, je n’avais jamais adhéré à une foi particulière. Le choc émotionnel à la suite du décès de mon époux m’a fait sentir que le monde s’effondrait autour de moi. Mon mari avait un bon poste et donc je percevais une pension pour vivre mais l’alcool avait pris le contrôle de ma vie, me maintenant captive. »

Sa famille a tout tenté : psychiatres, psychologues, thérapies diverses, des centres de réadaptation. Cependant, elle n’était pas encore prête à accepter son problème. Ce n’est que lorsqu’elle a découvert les Alcooliques Anonymes qu’elle commence à comprendre la nature de sa maladie. À l’âge de 42 ans, elle décide de rechercher de l’aide.

« Cela fait 17 ans maintenant que j’ai vaincu ma dépendance grâce au programme des Alcooliques Anonymes, en faisant quelques rechutes en cours de route. Mais grâce à ce programme, j’ai retrouvé une nouvelle vie. Maintenant, je m’efforce de sensibiliser en particulier les femmes qui sombrent dans l’alcoolisme. » 

Pour Husnah, il n’y a aucune honte à demander de l’aide. Elle lance un cri du cœur, invitant les jeunes femmes à frapper à la porte des Alcooliques Anonymes. Une hotline (57761283) est disponible pour ceux qui souhaitent entrer en contact et obtenir plus d'informations. Il y a 15 réunions des Alcooliques Anonymes à Maurice, offrant un soutien inestimable à ceux qui en ont besoin.

Husnah souligne que l’alcoolisme n'est pas simplement une question de quantité, mais de comportement. « Les signes sont là, que ce soit en buvant en cachette ou en cherchant désespérément d’obtenir un autre verre. La culpabilité est inévitable, mais il n’est jamais trop tard pour demander de l’aide. L’alcoolisme affecte à la fois les hommes et les femmes, et le monde extérieur est difficile à affronter. Il faut du courage pour lutter contre cette maladie et pour s’adapter à une vie sobre », estime-t-elle. 

Husnah n’est plus la femme qui se cachait derrière l’alcool. Aujourd'hui, elle est en paix avec elle-même et remercie sa famille pour son soutien indéfectible. Elle rappelle également l’importance de l’aide pour les familles qui souffrent avec leurs proches alcooliques, car l’alcoolisme est une maladie qui affecte l’entourage en entier.


Un effet pansement aux conséquences désastreuses

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Kunal Naik.

Parfois, face à des émotions extrêmement négatives, certaines personnes ont recours à la consommation excessive d’alcool. « L’alcool agit alors comme un dépresseur, apaisant le stress, l’anxiété, la dépression ou l’ennui », explique l’addictologue Kunal Naïk. Cependant, cette sensation d’apaisement est souvent temporaire, « et à long terme, la consommation excessive d’alcool peut entraîner des problèmes graves avec des séquelles durables », prévient-il.

L’addictologue évoque également l’influence de la pression sociale, qui pousse parfois les individus à boire excessivement pour s’intégrer à leur cercle social, participer à des événements festifs étudiants ou se conformer aux attentes lors de manifestations sportives. « Les personnes ayant un haut niveau d’impulsivité sont plus susceptibles d’adopter des comportements à risque, ce qui peut être associé à un trait de personnalité recherchant des sensations fortes », ajoute-t-il.

De plus, poursuit Kunal Naïk, certaines personnes ayant une faible estime d’elles-mêmes peuvent consommer de l’alcool pour se sentir mieux vis-à-vis d’elles-mêmes et des autres. « L’alcool peut temporairement renforcer leur confiance en elles en réduisant leurs inhibitions, mais cet effet temporaire est souvent accompagné de honte et de culpabilité », précise-t-il.

Selon Kunal Naik, des individus déjà aux prises avec plusieurs troubles de santé mentale, comme le trouble de stress post-traumatique, sont davantage enclins à une consommation excessive d’alcool, qu’ils voient comme une forme d’automédication. Or met en garde l’addictologue, « l’alcool a un impact direct sur la santé mentale en perturbant la production de sérotonine, un neurotransmetteur essentiel à la régulation de l’humeur. Il peut également perturber la production de GABA, un autre neurotransmetteur ayant un effet calmant, entraînant de l’agitation et des pensées précipitées difficilement contrôlables ».

Ainsi, indique Kunal Naik, la consommation excessive d’alcool peut entraîner des problèmes de mémoire, voire d’autres troubles cognitifs. Sans compter qu’une consommation chronique peut altérer la structure cérébrale et la conscience, compliquant ainsi la régulation des émotions et la gestion du stress, ce qui augmente le risque de développer une dépression et une anxiété.

« Ces problèmes liés à la consommation excessive d’alcool ont des répercussions financières, relationnelles et professionnelles, entraînant des niveaux de stress élevés. De plus, l’alcool peut masquer les symptômes de plusieurs troubles de santé mentale, tels que la dépression, l’anxiété ou la bipolarité, ce qui complique le traitement », alerte Kunal Naïk.

Pour réduire les risques liés à la consommation excessive d’alcool, il recommande de fixer des limites quant à la quantité d’alcool consommée, d’éviter les environnements propices à l’abus d’alcool, de prendre des pauses dans la consommation en buvant de l’eau, de s’entourer de personnes positives qui encouragent des comportements sains, et surtout, de rechercher de l’aide en cas de besoin.

Les causes

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L’alcoolisme, ou la dépendance à l’alcool, est un problème complexe qui peut avoir de nombreuses causes. Celles-ci peuvent varier d’une personne à l’autre. Voici quelques-unes des causes principales de l’alcoolisme :

  • Génétique : Certaines personnes peuvent avoir une prédisposition génétique à développer une dépendance à l’alcool. Les antécédents familiaux d’alcoolisme peuvent augmenter le risque de développer la dépendance.
  • Facteurs environnementaux : L’environnement dans lequel une personne grandit peut avoir une grande influence. Une exposition précoce à l’alcool, une facilité d’accès à l’alcool à un jeune âge, et un milieu familial ou social où la consommation d’alcool est fréquente peuvent favoriser la dépendance.
  • Stress et traumatismes : Le stress chronique, les traumatismes passés, les problèmes de santé mentale (comme la dépression ou le trouble de stress post-traumatique) peuvent pousser certaines personnes à utiliser l’alcool comme mécanisme d’adaptation pour faire face à leurs émotions et à leurs difficultés.
  • Pression sociale : La pression sociale pour boire de l’alcool, que ce soit pour s’intégrer socialement, pour participer à des événements festifs, ou sous l’influence du groupe d’amis, peut inciter certaines personnes à consommer de manière excessive.
  • Prédisposition psychologique : Certains individus ont une personnalité ou des caractéristiques psychologiques qui les rendent plus vulnérables à la dépendance, comme une faible estime de soi, une impulsivité élevée, ou un désir constant de sensations fortes.
  • Facteurs neurobiologiques : Des recherches suggèrent que des altérations dans le cerveau, notamment au niveau des neurotransmetteurs, peuvent influencer la vulnérabilité à la dépendance à l’alcool. L’alcool peut modifier la chimie cérébrale au fil du temps, renforçant le cycle de la dépendance.
  • Prise de médicaments : Certains médicaments peuvent interagir de manière négative avec l’alcool, augmentant le risque de développer une dépendance. Les personnes qui prennent ces médicaments sont encouragées à éviter l’alcool.

Rajen Suntoo, sociologue : «Le contrôle familial et religieux est crucial»

rajen« L’alcool est omniprésent dans notre société depuis toujours. Les gens ont toujours trouvé des moyens d’en fabriquer, même lorsque la production à grande échelle n’était pas courante », fait remarquer le sociologue Rajen Suntoo. 

Il rappelle qu’à Maurice, le rhum était préparé par des individus sans éducation formelle. « L’alcool était là, il est là et il sera probablement toujours là », souligne-t-il. 

N’importe qui peut consommer de l’alcool. Mais la question à se poser est de savoir si nous en consommons de façon excessive. De plus, fait-il ressortir, « il n’y a pas de communautés et groupes d’âge spécifique touchés par ce problème ».

Le fait est que l’alcool entraîne de nombreuses conséquences. « Cela affecte la santé des individus, détruit des familles, et a un impact négatif sur la société en général, en particulier sur les enfants », explique le sociologue. 

Le sociologue revient également sur le nombre d’accidents graves causés par l’alcool au volant. « C’est un grave problème, mettant en danger la vie des conducteurs et des autres. De nombreux accidents se produisent sous l’influence de l’alcool, ce qui souligne la nécessité d’une application stricte de la loi. Les autorités jouent leur rôle dans cette lutte contre l’alcoolisme, mais il y va de la responsabilité individuelle également », martèle-t-il. Il souligne aussi que l’alcool a un impact sur la criminalité, car il peut mener à des comportements violents. 

Étant donné l’accessibilité de l’alcool, poursuit Rajen Suntoo, il est nécessaire d’instaurer des contrôles appropriés. Déjà, la vente d’alcool est réglementée pour éviter que les enfants puissent en acheter. Cependant, cela ne suffit pas, dit-il. « Le contrôle familial joue un rôle crucial, avec les chefs religieux qui ont un rôle important à jouer pour sensibiliser les membres de leur communauté aux effets négatifs de la consommation d’alcool. » 

Selon Rajen Suntoo, « il faut également veiller à ce que les enfants ne tombent pas dans cette spirale de la consommation d’alcool, que ce soit lors de pique-niques, de fêtes d’anniversaire ou des soirées où l’alcool coule à flot en raison de la pression des pairs ».

Ainsi, pour lui, le contrôle de la consommation d’alcool est essentiel pour maintenir la paix et la sécurité dans la société.


Désintoxication et réhabilitation : on boit seul, mais on ne guérit pas seul

Il est difficile de sortir seul de l’addiction. Mais avec le soutien des organisations non-gouvernementales (ONG), le combat devient moins difficile et les obstacles plus faciles à surmonter.

Le Dr Siddick Maudarbocus, directeur de Les Mariannes Wellness Centre : «On n’arrête pas de boire du jour au lendemain»

siddickL’alcoolisme est une maladie. Et pour surmonter l’addiction, il est essentiel de prendre des médicaments afin de prévenir la sensation de manque pendant le programme de réhabilitation, indique le Dr Siddique Maudarbocus, directeur de Les Mariannes Wellness Centre. 

« Il n’est pas possible d’arrêter de boire du jour au lendemain. Cela passe par différentes étapes », précise-t-il. Le Dr Siddique Maudarbocus souligne que lorsqu’une personne dépendante de l’alcool n’en a pas à portée de main, elle peut devenir irritable et violent. Ainsi, la prise de médicaments agit comme un parachute pour quelqu’un qui saute d’un avion, amortissant sa descente.

L’encadrement proposé vise à restructurer le cerveau du bénéficiaire pour qu’il puisse surmonter la sensation de manque et son comportement dépressif. Une fois cette étape franchie, il est plus stable et peut suivre plus facilement son programme de réhabilitation. 

Pour illustrer son propos, le Dr Maudarbocus explique que le cerveau du patient doit être « reprogrammé ». L’objectif est de comprendre pourquoi il avait besoin de consommer des boissons alcoolisées au point d’en devenir dépendant. Afin de prévenir les traumatismes qu’il a pu subir, une assistance psychologique et psychanalytique lui est proposée.

L’alcool est souvent perçu comme le « remède » idéal pour ceux qui affrontent des difficultés, jusqu’à ce qu’ils en soient dépendants. Un programme de réhabilitation peut leur donner la motivation nécessaire pour se reprendre en main et mener une vie sans alcool grâce à une approche globale. Cela leur permet de découvrir d’autres solutions pour surmonter leurs difficultés sans avoir recours à des substances illicites. Un réseau de soutien est aussi essentiel, ainsi que des activités pour stimuler l’esprit et résister à l’envie de consommer de l’alcool. « L’être humain ne peut vivre dans un vide, sous peine de s’auto-détruire », rappelle le Dr. Maudarbocus.


L’importance du soutien des proches

Pour augmenter les chances de réussite du processus de réhabilitation et de désintoxication de la personne dépendante à l’alcool, le soutien de la famille est important. Le centre Étoile d’Espérance et le Sangram Sewa Sadan Day Care for Treatment & Rehabilitation Centre for Substance Abuses insistent tous deux sur ce point. 

Selon Raj Darshun, coordinateur du projet au Sangram Sewa Sadan Day Care for Treatment & Rehabilitation Centre for Substance Abuses, ce soutien vise à faire comprendre aux bénéficiaires qu’ils ne sont pas seuls dans leur combat et qu’ils ont le soutien de leurs proches. Le centre propose une thérapie familiale en fonction du degré de dépendance du bénéficiaire.

Au centre Etoile d’Espérance également, les proches sont conviés à des sessions. L’objectif est de leur permettre d’acquérir les outils nécessaires pour les encadrer à la maison et apprendre à ne pas les juger. 

Le processus

Le Sangram Sewa Sadan Day Care for Treatment & Rehabilitation Centre for Substance Abuses offre un accompagnement psychosocial et apprend aux bénéficiaires comment vivre sans alcool et résister à la tentation. Les traitements médicaux sont effectués à l’hôpital. 

Le centre prend aussi en charge les personnes dépendantes ayant d’autres problèmes de santé tels que l’insomnie, le stress, des difficultés au travail ou dans leur vie de couple. L’objectif est de les aider à surmonter ces problèmes et à les réintégrer dans la société.

Le programme vise à aider les bénéficiaires à rester sobres en leur faisant prendre conscience que l’alcool n’a pas sa place dans leur vie. En renforçant leur moral, le programme contribue également à restaurer leur estime de soi.

Réhabilitation des femmes dépendantes

De son côté, le centre Étoile d’Espérance propose un programme complet d’accompagnement et d’encadrement pour les femmes qui souhaitent échapper à l’emprise de l’alcool. Le programme commence par la désintoxication pour éviter les sensations de manque. Les bénéficiaires suivent ensuite un parcours résidentiel de trois mois pour lutter contre leur addiction. La durée du parcours peut être prolongée si nécessaire pour celles qui ont du mal à s’adapter. 

Le centre propose également des groupes de parole avec le soutien d’un psychologue et organise des séminaires sur l’alcool et ses effets néfastes. Les bénéficiaires sont encouragées à participer à diverses activités telles que le yoga, la danse, la thérapie artistique, entre autres. Après leur parcours à Étoile d’Espérance, les participantes peuvent rejoindre les Alcooliques Anonymes pour poursuivre leur cheminement. 

Étoile d’Espérance propose également un programme « After care » de suivi après les trois mois de parcours, car le plus grand combat se joue dans la société et non au sein du centre. Ce suivi permet aux bénéficiaires de partager leurs difficultés et inclut des séances d’écoute en famille. 

À la fin de leur parcours, chaque bénéficiaire doit présenter son projet de vie visant à l’aider à envisager l’avenir et à lui fournir les moyens pour y parvenir.


Baisse de la consommation de boissons alcoolisées

balkrishnaLa prévalence standardisée de la consommation nocive d’alcool était de 15,4 % en 2021, selon le Non communicable Disease (NCD) Report 2021, contre 19,3 % en 2015. Ce qui représente une chute, indique le Dr Balkrishna Beedassy, Point focal pour l’alcool au ministère de la Santé. Les hommes sont les plus grands consommateurs de boissons alcoolisées (26,3 %) en comparaison aux femmes (4,5 %). 

La consommation excessive d’alcool constitue un problème majeur de santé publique, mais elle s’avère notoirement difficile à évaluer en raison de données souvent peu fiables provenant de questionnaires, notamment chez les femmes, indique le NCD Report de 2021. De plus, la notion de « consommation zéro » est couramment utilisée comme référence « saine », mais l’abstinence d’alcool peut résulter soit d’un choix de vie, soit de divers problèmes de santé. 

Jusqu’à récemment, les études sur l’alcool utilisaient exclusivement des données de questionnaire pour estimer la consommation individuelle. Aujourd’hui, un biomarqueur de la consommation d’alcool (PETh) a été découvert, permettant de refléter la consommation sur deux semaines. Idéalement, ce biomarqueur devrait être utilisé dans les futures études, souligne le document. 

Dans cette recherche, la consommation nocive a été définie comme la consommation de trois verres par jour et/ou une fréquence d’alcool de plus de deux à trois jours par semaine. De plus, si un participant déclarait avoir souffert de maladies et/ou avoir été admis à l’hôpital en raison de l’alcool, sa consommation était considérée comme nocive.

La consommation nocive d’alcool est répandue, en particulier chez les hommes, dont un quart déclare boire au moins trois verres par jour et/ou plus de deux à trois jours par semaine. Cette tendance s’observe dans toutes les tranches d’âge.

Tableau récapitulatif

Statut de consommation d'alcool Pourcentage
Jamais consommé d’alcool 54,5 %
Anciens buveurs 3,8 %
Consomme au moins une fois par semaine 9,7 %
Parmi les consommateurs hebdomadaires, consomme au moins 3 unités par jour 60,8 %

 

Fréquence de la consommation de boissons alcoolisées

Fréquence Homme (%) Femme (%)
Quotidiennement 15,0 4,1
4 - 6 fois par semaine 4,3 1,2
2 - 3 fois par semaine 18,2 4,4
Une fois par mois ou moins 19,4 8,9
Occasionnellement 43,1 81,4

 

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La prévalence ajustée selon l’âge et le sexe de la consommation nocive d’alcool était de 15,4 % en 2021, soit 26,3 % chez les hommes et 4,5 % chez les femmes. En incluant les cas de maladies et/ou d’admissions hospitalières liées à l’alcool, la prévalence atteint 16,9 %, avec 30,4 % chez les hommes et 5,4 % chez les femmes. La prévalence des anciens buveurs était de 3,2 %, répartie entre 3,8 % chez les hommes et 2,7 % chez les femmes.

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Selon les données soumises par la Mauritius Revenue Authority (MRA), le nombre de litres de boissons alcoolisées importées ou produites localement a diminué de 62,5 millions en 2019 à 59,3 millions en 2020. Ce chiffre a ensuite baissé à 56,9 millions de litres en 2021. 

En 2022, cependant, le chiffre a augmenté pour atteindre 61,6 millions de litres, ce qui a entraîné une augmentation de la consommation annuelle estimée de litres d’alcool par habitant, de 45,0 en 2021 à 48,9 en 2022. Le niveau de consommation d’alcool est, dans une certaine mesure, lié au nombre de touristes visitant le pays.

Nombre de litres de produits alcoolisés importés ou produits localement

Produits 2018 2019 2020 2021 2022
Bière 43 545 797 46 608 195 43 904 189 42 804 731 46 447 943
Vin 4 161 931 3 879 069 3 494 430 3 104 737 3 316 306
Spiritueux (y compris le rhum importé, la liqueur de whisky et les spiritueux composés) 12 201 426 11 985 017 11 882 388 11 021 715 11 867 554
Total  59 909 154 62 472 281 59 281 007 56 931 183 61 631 803

 

Vers des mesures de lutte plus strictes 

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Alors que le National Action Plan (NAP) to reduce the harmful use of alcohol 2020-2024 arrive bientôt à sa fin, un comité sera mis en place pour élaborer un nouveau plan d’action pour la période 2025-26 et travailler sur d’autres stratégies. Le nouveau plan comportera des mesures plus strictes pour lutter contre la consommation d’alcool, affirme le Dr Beedassy.

Dans le cadre du NAP 2020-2024, des stratégies ont été élaborées sur plusieurs volets, notamment la sensibilisation, la formation du personnel médical, les traitements adaptés, la réhabilitation et la législation. Les cinq comités, supervisés par un comité de suivi du ministère de la Santé, mettent en œuvre les stratégies énumérées dans le plan d’action. Voici quelques exemples concrets de ces stratégies :

  • Une vaste campagne de sensibilisation ciblant la population étudiante, avec pour objectif d’atteindre 40 000 élèves par an, est menée par le biais de la Health Promotion Unit et de la Health Information Communication Unit. De plus, un livret sur les méfaits de l’alcool a été publié spécifiquement pour cette tranche d’âge.
  • Des formations professionnelles sont dispensées au personnel médical et paramédical.
  • La mise en place de traitements adaptés et décentralisés.

Selon le Dr Beedassy, de nombreuses étapes importantes ont été franchies, dont des changements dans le taux de consommation d’alcool. Avec 32 % des accidents de la route due à la consommation d’alcool, contre 27 % selon le taux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un travail a été effectué avec la police afin de renforcer les contrôles routiers ainsi que la vigilance au niveau des points de vente, souligne le Dr Beedassy. De plus, un partenariat avec le ministère de l’Égalité des genres a été entrepris du fait que 60 % des cas de violence basée sur le genre sont liés à l’alcoolisme.

Les plans élaborés par le ministère de la Santé sont en conformité avec les recommandations de l’OMS, précise-t-il. Avec le soutien de cet organisme, une évaluation des projets réalisés et des actions devrait bientôt être entreprise. Elle se déroulera en octobre et novembre afin de mesurer l’efficacité de notre stratégie.

 

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