Interview

Alan Ganoo porte-parole du Mouvement patriotique: «Nous avons la conscience claire»

Alan Ganoo porte-parole du Mouvement patriotique
Le porte-parole du Mouvement Patriotique justifie la position de ses députés. En votant pour le Good Governance and Integrity Reporting Bill, Alan Ganoo estime que le parti a agi dans l’intérêt du pays et non par stratégie politique. Le Mouvement Patriotique (MP) a été très dur envers le Good Governance and Integrity Reporting Bill (GGIR) pour finalement voter ce texte de loi. Comment expliquer cela ? C’est dans l’intérêt du pays que nous avons décidé de voter ce projet de loi. Effectivement, lorsqu’il avait été circulé, nous avions exprimé notre désaccord. Mais il y a eu des discussions par la suite et le ministre Roshi Bhadain a pris en considération les propositions faites, dont les nôtres visant à avoir des garde-fous additionnels. Nous croyons sincèrement qu’il ne peut y avoir de compromis dans la lutte contre la corruption et les biens mal-acquis. Avec ce projet de loi, nous passons à une autre étape dans cette lutte. Cette loi propose un mécanisme qui a fait ses preuves. Nous espérons simplement qu’elle ne sera pas utilisée à des fins purement politiques. Pensez-vous qu’elle aurait pu être améliorée ? Nous avons voté le GGIR Bill en sachant pertinemment que d’autres amendements auraient pu être apportés. Par exemple, pour l’appliquer également aux ressortissants étrangers ou encore pour saisir des biens se trouvant à l’étranger. Par ailleurs, notre parti est persuadé qu’il est temps d’instituer des comités qui travailleront sur ce genre de lois complexes. Certaines propositions du MP n’ont pas été retenues. Pourquoi voter pour ? Nous avons voté pour que le projet de loi soit adopté. Il faut néanmoins souligner que le ministre Bhadain a pris l’engagement d’apporter des changements à travers des régulations. J’espère qu’il tiendra parole et que, très vite, il viendra avec d’autres changements. Souvenez-vous qu’un an seulement après avoir voté l’Asset Recovery Act, nous avons inclus 27 nouvelles clauses pour corriger certaines imperfections de la loi initiale. Ce n’est donc pas nouveau. Nous allons même faire pression pour que le gouvernement rectifie le tir. Certains vont encore vous accuser de faire de l’opposition loyale ? Nous ne sommes pas une opposition loyale. Nous ne sommes pas un paillasson politique que le gouvernement prend pour acquis. Nous ne sommes ni une opposition loyale, ni une opposition complaisante. En revanche, nous sommes une opposition constructive. Nous prônons l’avancement de la cause de la population. Nous n’agissons pas par vengeance ou pour des gains bassement politiques. Est-ce que la loi sur l’enrichissement illicite va changer quelque chose ? La Prevention of Corruption Act, la Dangerous Drugs Act ou même l’Asset Recovery Act ont des limites. Ces lois sont conviction-based. Le GGIR Bill découle d’un tout autre concept. De par son mécanisme, il est plus vaste et il a plus de champ pour traquer les corrompus. C’est la nouveauté de cette loi. C’est pourquoi il faut lui donner une chance. Comment s’annonce 2016 pour le MP ? Encore une année dans l’opposition ? S’il faut rester dans l’opposition, nous y resterons. J’ai passé ma vie dans l’opposition. Le MP n’est pas en quête de la moindre opportunité pour intégrer le gouvernement. Voter le GGIR Bill est loin d’être un engagement envers un quelconque parti politique. Nous avons la conscience claire. Il n’y a pas de tractation politique. Le MP va fêter sa première année d’existence bientôt. Le bilan est-il satisfaisant ? Nous allons très bientôt tenir une conférence de presse pour parler de notre bilan. Je peux déjà vous dire que nous sommes totalement satisfaits. Nous avons gardé notre indépendance en tant que jeune parti. Paul Bérenger nous critique pour avoir voté le GGIR Bill. Or, selon nous, le MMM a manqué un important rendez-vous avec l’histoire en ne votant pas ce projet de loi. Surtout que c’est le parti qui, en premier, a commencé à sensibiliser la population sur la fraude et la corruption. Le MMM a préféré emboîter le pas du PTr. C’est triste ! Quelle est votre évaluation du gouvernement Lepep après bientôt un an au pouvoir ? Aujourd’hui, il y a une perception que le gouvernement n’arrive pas à deliver. Le peuple pense qu’il se concentre trop sur le nettoyage, au détriment du développement et de la relance économique. Le problème du chômage reste entier. Il y a beaucoup de pessimisme du côté des opérateurs, surtout après la vague de licenciements dans le sillage de l’affaire BAI et des opérations « lev pake ale ». Tout cela contribue à expliquer la dilapidation du capital de sympathie du gouvernement dans un court laps de temps. C’est désormais au gouvernement de renverser la vapeur et de recréer la confiance. 2016 sera difficile, s’il ne rectifie pas le tir. Il faut stopper la vendetta politique, laisser les institutions travailler et surtout, se concentrer sur l’économie.
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