Sécurité sociale - Pensions d’invalidité : vers un système plus juste

Le gouvernement s’engage dans une réforme en profondeur des pensions d’invalidité. Le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, a annoncé une série de changements destinés à rendre le système plus juste, humain et efficient. Objectif : alléger les démarches, mieux prendre en compte la réalité du handicap, et garantir les droits et la dignité des bénéficiaires.

Le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, a annoncé une réforme majeure du système d’allocation de la pension d’invalidité, dans l’objectif de garantir plus de justice, d’efficacité et de dignité aux personnes en situation de handicap à Maurice. Il reconnaît les lacunes du système actuel, notamment le fait que près de la moitié des pensions accordées le sont pour une durée d’un an seulement, obligeant les bénéficiaires à passer régulièrement par une nouvelle évaluation médicale. « Ce système génère de la frustration parmi nos citoyens. Chaque année, plus de 50 % des cas traités sont des demandes de renouvellement. Cela crée une pression inutile sur les demandeurs comme sur les services de santé », déclare-t-il.

Selon les chiffres fournis par le ministère, entre juillet 2021 et mars 2025, 16 134 pensions ont été arrêtées après réévaluation médicale, tandis que 29 013 demandes ont été rejetées. Le ministre a également précisé que 33 360 nouvelles demandes de Basic Invalid Pension ont été reçues durant cette période, ainsi que 42 915 demandes de Carer’s Allowance.

Un critère jugé trop rigide

Actuellement, pour bénéficier de la pension d’invalidité, une personne doit être reconnue comme étant incapable à 60 % pendant au moins 12 mois. Ce critère, fixé par la loi, ne prend pas en compte la réalité quotidienne des personnes vivant avec un handicap.

« Nous remettons en question le seuil fixe des 60 %. Une personne peut être invalide à 45 % mais être incapable de se déplacer, de se nourrir seule ou d’accéder aux services publics. Il est temps d’avoir une approche plus humaine, basée sur la fonctionnalité de la personne », a souligné Ashok Subron.

Le ministre envisage également de revoir la composition et le fonctionnement du Medical Board, chargé d’évaluer les demandes. Actuellement, ces évaluations sont menées soit par deux médecins réunis en commission, soit par un médecin lors de visites à domicile. Mais les médecins sont engagés sur une base contractuelle, ce qui limite leur disponibilité.

« Devons-nous continuer avec un système contractuel, ou faire de ces médecins la colonne vertébrale d’un système modernisé et stable ? C’est l’une des pistes que nous étudions », précise le ministre.

Une réforme « fondée sur les droits »

Il indique également qu’une consultation publique était ouverte du 18 mars au 10 avril dernier afin de recueillir les propositions des citoyens et des associations. Cette initiative permettra d’amender le système actuel ainsi que la loi sur la protection des droits des personnes en situation de handicap, votée en 2024 mais pas encore mise en application.

Ashok Subron se veut rassurant sur les intentions du gouvernement. « Nous voulons un système fondé sur les droits, la dignité et l’inclusion. La réforme que nous portons ne se limite pas à des ajustements techniques. C’est un changement de paradigme », précise-t-il. Il conclut en annonçant que l’introduction de plateformes numériques comme l’E-Health et l’E-Social Security facilitera les processus, tout en assurant un meilleur suivi des dossiers.

Statistiques des allocations d’invalidité