Pour une piqûre de rappel sur la situation de l’épidémie du HIV à Maurice, l’association PILS (Prévention Information Lutte contre le SIDA) a organisé un atelier de travail en collaboration avec le Media Trust, le mercredi 12 février, à Port-Louis, à l’intention des journalistes. Cela en présence de Camille Sarret, la responsable de communication externes et des relations médias de Coalition Plus, un réseau international d’Ongs qui luttent contre le VIH et l’hépatite.
En première partie de cette rencontre, le fondateur de PILS a fait l’historique de la lutte contre le Sida menée à Maurice. « La situation a beaucoup évolué depuis la création de Pils en 1996. Avant, nous avions 16 nouveaux cas par an. Mais aujourd’hui nous sommes passés à 400 nouveaux cas par an. Mais encore 155 morts par an. Et à peu près 1 % de la population mauricienne vit actuellement avec le sida », a indiqué Nicolas Ritter.
Il souligne que « ces chiffres ne sont pas acceptables pour un pays aussi développé que Maurice ». « Ces données démontrent une certaine forme de relâchement quantitatif et qualitatif en ce qu’il s’agit de la lutte contre cette épidémie à Maurice », renchérit Nicolas Ritter. D’où la sollicitation des médias qui jouent un rôle important dans la transmission de l’information et d’alerte. Toutefois, cela doit se faire de façon très pointue, dit-il.
Comme l’ancienne journaliste de TV5 Monde et de RFI, Camille Sarret, est de passage à Maurice pour une semaine, PILS en a profité pour organiser cette rencontre avec la presse mauricienne, indique Nicolas Ritter. D’une part, pour favoriser des échanges et des discussions sur son expérience comme ancienne journaliste française. D’autre part, pour voir comment améliorer l’implication des médias dans la lutte contre le HIV à Maurice. »
Lors de cet atelier de travail, Nicolas Ritter a aussi fait part de son inquiétude par rapport à la fin des fonds mondiaux pour le HIV d’ici 2023. Notamment, lorsque Maurice sera reconnu comme un pays à revenu élevé. « Les fonds mondiaux financent 15 % de l’ensemble des projets et de la réponse de Maurice au VIH. Catalytiques, ces fonds sont redirigés dans l’accompagnement de la communauté des personnes vivant avec le HIV qui sont d’ailleurs souvent stigmatisées. Quid de la situation après 2023 ? Est-ce que Maurice fonctionnera dans les mêmes dynamique et volonté pour la lutte contre le HIV ? » s’interroge-t-il. Et de souligner l’importance de continuer les programmes destinés aux personnes s’injectant de la drogue ou des travailleuses du sexe, entre autres. « Il faut trouver une solution par rapport à la durée, car actuellement nous nous retrouvons dans le day to day », conclut Nicolas Ritter.
Camille Sarret : «Les enjeux de l’épidémie doivent être expliqués à la population»
Après avoir été journaliste pendant une douzaine d’années en France, Camille Sarret se charge actuellement de la communication à Coalition PLUS, un réseau international d’Ongs qui lutte contre le VIH et l’Hépatite. « Je suis venue à Maurice parce que l’association PILS est membre de notre réseau. Je voulais connaître davantage cette association. Et aussi de voir le travail de communication qui est fait avec les journalistes mauriciens en ce qu’il s’agit de la lutte contre le HIV. » Et de dire que l’épidémie est bien présente sur l’île comme un peu partout dans le monde. « Les communautés qui sont touchées par l’épidémie sont victimes de diverses discriminations. Stigmatisées et extrêmement vulnérables, les personnes s’injectant de la drogue ou des professionnelles du sexe ont beaucoup de mal à accéder aux soins et aux dépistages du HIV. Nous avons ainsi besoin des journalistes pour qu’ils puissent expliquer les enjeux de l’épidémie et disséminer les informations sur le HIV. »
Et de dire que pour une bonne santé publique, il est important de montrer que ces communautés vivant avec le HIV jouent un rôle indispensable dans la lutte contre le sida. Mais encore qu’elle contribue d’une certaine manière à aider les personnes porteuses du virus, à prendre en charge leur santé, grâce à des formations et l’empowerment mis en place par PILS, soutient Camille Sarret. « Ces gens-là peuvent eux-mêmes être des acteurs du dépistage du HIV. Ou encore faire la sensibilisation tout en orientant les porteurs du virus vers les soins. Les personnes qui connaissent et vivent avec le VIH revêtent de toute importance pour mobiliser leur propre communauté, » dit-elle. Et de conclure que c’est en ce faisant que cela pourra faire réellement chuter les infections à Maurice et dans de nombreux pays dans le monde.
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