Viol d’une Indienne de 11 ans à l’île-aux-Cerfs : le skipper Tawun Khuttur à l’ombre pour 18 ans 

• « Bestial, sadique et dégradant », selon des magistrates

Une première depuis la création de la Children’s Court. La présidente de l’instance, Rehnu Gowry-Bhurrut et la magistrate Bhavna Sawock ont condamné, le vendredi 16 juin 2023, le skipper Tawun Khuttur à 18 ans de prison. Il a été reconnu coupable du viol d’une Indienne de 11 ans, le 7 juin 2023, à l’île-aux-Cerfs. Les magistrates ont avancé que l’accusé n’a démontré aucun remord pour son acte sordide.

Le procès de Tawun Khuttur s’est tenu, le vendredi 9 juin 2023, jusqu’à fort tard devant la Children’s Court. Cela, deux jours après le délit vu que la petite victime devait prendre l’avion le lendemain (10 juin) pour rentrer en Inde. La présence des hauts gradés de la force policière a été notée lors du procès et lors de la lecture de la sentence le vendredi 16 juin 2023. Cette affaire a été prise en priorité. 

« Ce viol ne peut qu’être qualifié de bestial, sadique et dégradant envers un enfant sans défense et vulnérable. Ce qui, selon nous, aggrave encore plus le viol (…) », ont écrit les magistrates dans leur verdict. Le skipper avait non seulement violé la fillette, mais l’avait également mordue. 

La  cour a remarqué la terrible marque de morsure sur la joue de la victime, le 9 juin 2023, lors du procès. Selon les magistrates, le regard désemparé sur le visage de l’enfant alors qu’elle témoignait via visioconférence révèle la douleur émotionnelle et le traumatisme qu’elle a vécu. Le skipper a abusé de sa confiance alors qu’elle s’était égarée et cherchait ses parents, évoquent-elles. 

« L’accusé a non seulement marqué l’enfant physiquement mais aussi émotionnellement. La vilaine marque de morsure laissée sur la joue de l’enfant va lui rappeler ce viol à chaque fois qu’elle se regardera dans le miroir », ont martelé les magistrates. 

Dans leur verdict, elles ont aussi fait mention du rapport du médecin de la police, le Dr Prem Chamane, qui avait examiné la victime. Le médecin a évoqué plusieurs blessures relevées sur la fillette, notamment au visage, au cou, à l’épaule gauche et au niveau de sa cuisse droite. La victime a aussi expliqué que pendant le viol, l’accusé l’avait mordue. Le rapport a également fait état d’une fissure au niveau de ses parties intimes.

D’autre part, les magistrates ont également retenu que la fillette était une ressortissante indienne en vacances à Maurice. Elle devait, sans aucun doute, regarder avec enthousiasme, ses vacances sur une île paradisiaque. Mais les seuls souvenirs qu’elle emporterait avec elle sont l’épreuve qu’elle a traversée aux mains de son agresseur. 

« Un écho au niveau international »

Aussi, elles ont tenu compte que Maurice est une destination touristique bien connue et que le tourisme joue un rôle majeur dans l’économie du pays. Ainsi, des cas comme celui-ci n’aident évidemment pas l’image du pays en tant que destination sûre. De ce fait, la sentence à prononcer doit également faire écho au niveau international.  

Lors du procès, Tawun Khuttur avait plaidé coupable et avait choisi de ne pas être assisté par un avocat. Cela, même si la cour l’a informé de la possibilité d’être représenté par un avocat commis d’office (Legal Aid). 

Par ailleurs, les magistrates n’ont pas manqué de faire ressortir que Tawun Khuttur a essayé d’obtenir la sympathie de la cour lorsqu’il a avancé que son père avait des relations extraconjugales, qu’il est le seul gagne-pain de la famille et que son frère est handicapé. 

Les magistrates ont estimé que la Cour ne peut certainement pas être indulgente en raison de ces explications « pathétiques » mises en avant par l’accusé devant eux. Il n’a ni montré une once de remords ni présenté des excuses à la victime et à sa famille. Les magistrates ont conclu qu’une peine d’emprisonnement significative et dure est essentielle en vue de la gravité du délit avant de prononcer une sentence de 18 ans de prison.