Vijay Ramanjooloo, psychologue clinicien : «Une cellule d’écoute permettrait aux gens de sortir de la stupeur»

Quels peuvent être les effets psychologiques des inondations sur les personnes touchées, qu’elles se trouvent dans les rues de Port-Louis ou dans les maisons ?

La soudaineté de l’événement, l’impréparation, et la violence subie ont un effet de choc, de sidération et parfois de traumatisme. Le trauma a la particularité de nous figer : on est incapable de penser, d’avancer, et on reste fixé sur l’événement qui revient en boucle dans nos pensées. Cela correspond à la définition d’un traumatisme, c’est-à-dire qu’on est incapable d’avancer, car on reste fixé à la date de l’événement traumatisant. Cliniquement, on peut développer de l’angoisse, et tous les symptômes du stress post-traumatique tels que l’évitement, les sensations d’un danger permanent, les cauchemars, etc.

Après les événements du 15 janvier, beaucoup se disent traumatisés et craignent qu’une telle catastrophe se répète, ou hésitent à sortir quand il pleut. Est-ce un sentiment légitime ? Comment le dépasser ?

Bien sûr, les réactions diffèrent d’une personne à l’autre. On n’est pas égaux devant les événements de la vie, car plusieurs paramètres entrent en jeu : notre histoire de vie, l’environnement, le soutien, etc. Néanmoins, je tiens à dire que ces réactions-là sont tout à fait normales, voire légitimes, et que ces gens ont besoin, dans un premier temps, d’être validés, soutenus, et étayés dans leurs réactions.

Puis, dans un second temps, il s’agirait de leur offrir un espace pour leur permettre de mettre des mots sur leurs maux, afin de les aider à sortir de la sidération (où l’esprit est figé et fixé à l’événement) et de passer à la réflexion, c’est-à-dire trouver du sens, prendre du recul, et continuer d’avancer en étant acteurs de leurs vies.

À mon avis, il serait effectivement recommandé de le faire. Une cellule d’écoute serait déjà un moyen de permettre aux gens de sortir de la stupeur et de se mettre à parler.