
Face à une demande énergétique croissante, le « Time of Use Tariff » sera introduit, modulant les prix selon les heures de consommation pour réduire les pics. Mais cette mesure divise.
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Face à une consom-mation électrique qui bat tous les records à Maurice – un pic historique de 567,9 MW enregistré le 6 février 2025 entre 18 heures et 21 heures – le gouvernement sort l’artillerie lourde. Alors que l’île fait face à une explosion de 20 % de sa demande énergétique par rapport aux années précédentes, le ministère de l’Énergie et des Services publics vient de dégainer une « solution » : le Time of Use Tariff.
Cette nouvelle tarification, annoncée par le ministre Patrick Assirvaden, entend révolutionner nos habitudes de consommation en instaurant des prix variables selon les heures. L’objectif ? Décourager l’utilisation massive d’électricité pendant les heures de pointe, entre 18 heures et 21 heures et, surtout, éviter que le réseau ne s’effondre sous la pression.
Si cette initiative semble être une solution prometteuse pour certains, elle suscite des réserves parmi d’autres observateurs qui remettent en question son efficacité et sa mise en œuvre, d’autant plus que Maurice connaît cette hausse significative de sa consommation énergétique. Pour l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), cette décision ne constitue pas une solution définitive au problème énergétique. Jayen Chellum, secrétaire de l’Acim, regrette l’absence d’une analyse préalable approfondie auprès de la population. « Cette décision a été prise pour nous sensibiliser à la situation actuelle, mais elle présente des lacunes. Cette mesure n’offre qu’une seule perspective », déplore-t-il.
Au-delà du manque de consultation, Jayen Chellum souligne également un déficit de transparence et de préparation en amont, des aspects que le ministère aurait négligés, selon lui. Il s’inquiète particulièrement des conséquences potentiellement négatives sur les ménages à faible revenu : « Je pose la question : y a-t-il eu une approche éducative avant de prendre cette décision ? Il aurait fallu mener des campagnes avec une approche plus globale, informer le public et, surtout, encourager d’abord les enfants à sensibiliser leurs parents sur la crise énergétique. Je pense que cette transition risque de susciter du ressentiment chez les consommateurs. »
Contrastant avec cette vision critique, le Pr. Khalil Elahee offre une perspective plus optimiste sur l’initiative gouvernementale. Pour lui, cette annonce pourrait catalyser une véritable prise de conscience collective, encourageant les foyers à adopter des gestes simples, mais efficaces pour réduire leur consommation électrique. « Depuis quelque temps, nous observons une forte demande en électricité, d’autant plus que depuis l’an dernier, 100 000 climatiseurs ont été ajoutés au réseau. Avec l’été et la chaleur, de plus en plus de personnes consomment de l’électricité, surtout durant les heures de pointe et la nuit. Le Time of Use Tariff est une mesure visant à sensibiliser la population. Si cela se concrétise, ce sera une bonne chose pour de nombreuses familles », explique-t-il.
Le Pr. Khalil Elahee développe sa pensée en soulignant les avantages pratiques du système : les Mauriciens pourront réorganiser leurs activités domestiques consommatrices d’énergie, comme le lavage et le repassage, pendant les heures creuses. Cette réorganisation permettrait non seulement de réaliser des économies sur les factures, mais aussi de réduire la dépendance aux centrales électriques, notamment celles fonctionnant au gaz. « Le consommateur ne sera pas pénalisé avec ce nouveau système. Il existe déjà pour les voitures électriques et les usines. Si les consommateurs parviennent à trouver la cadence idéale, ils pourraient en sortir gagnants. Cela pourrait non seulement aider à stabiliser notre réseau électrique, mais aussi éviter les coupures », affirme-t-il avec conviction.
En parallèle à cette tarification différenciée, le gouvernement prévoit d’autres mesures complémentaires. De nouvelles réglementations entreront en vigueur concernant les équipements énergivores : seuls les climatiseurs et autres appareils électroménagers respectant des normes strictes de consommation énergétique seront désormais autorisés à la vente.
Une autre mesure annoncée par le ministre, le 6 mars dernier, imposera un audit énergétique obligatoire pour les grands consommateurs d’électricité. Des amendements législatifs sont en préparation afin de permettre l’application effective de cette exigence.
Ces nouvelles directives s’inscrivent dans une vision plus large visant à moderniser la gestion de l’énergie dans le pays, tout en incitant les consommateurs à adopter des pratiques plus responsables pour un avenir énergétique durable, un défi d’autant plus pressant face à l’augmentation de la consommation énergétique que connaît l’île.
Cyclone Garance : le CEB en renfort à la Réunion
À la suite des dégâts causés par le cyclone Garance sur l’île de la Réunion, une délégation du Central Electricity Board (CEB) de Maurice a été dépêchée sur place dans la matinée du vendredi 7 mars pour prêter main-forte à EDF Réunion dans les opérations de rétablissement du réseau électrique. Une mission de solidarité régionale qui témoigne des liens étroits entre les deux îles.
Dès l’annonce des ravages provoqués par le cyclone Garance, les autorités mauriciennes se sont mobilisées pour venir en aide aux habitants de la Réunion, où des milliers de foyers se sont retrouvés privés d’électricité. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a pris contact avec l’ambassadeur de France à Maurice afin de proposer l’assistance du CEB dans les efforts de reconstruction. Cette initiative a été accueillie favorablement par EDF Réunion, qui œuvre sans relâche pour rétablir l’alimentation électrique sur l’île. Ainsi, une équipe de 15 techniciens et deux chefs d’équipe a été envoyée en urgence à la Réunion.
Le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, suit de près l’évolution des opérations, en collaboration avec le directeur d’EDF Réunion, Dominique Charzat. La mission du CEB ne sera pas sans embûches. Le passage du cyclone Garance a gravement endommagé les réseaux électriques, arrachant des poteaux et causant des pannes majeures sur plusieurs axes.
Cependant, les techniciens mauriciens comptent bien apporter leur savoir-faire et accélérer les travaux de rétablissement. L’objectif principal est de remettre en service les infrastructures essentielles et d’assurer un retour progressif de l’électricité dans les foyers réunionnais.
À ce jour, 95 % des foyers impactés ont été réalimentés, mais des milliers d’abonnés demeurent sans courant. À Sainte-Rose, les travaux de réparation se poursuivent avec l’installation de groupes électrogènes de forte puissance pour pallier les coupures. Deux sont déjà en fonctionnement, tandis que trois autres sont en cours d’installation. Du côté de Sainte-Suzanne, la bonne nouvelle vient de la réactivation du centre de traitement des déchets Innovest, réalimenté en électricité depuis jeudi.
La base de travaux mise en place à la Plaine des Palmistes est désormais opérationnelle, tandis que les priorités restent concentrées sur les communes de Sainte-Rose, Saint-Benoît, Plaine des Palmistes et Saint-Pierre, où les interventions sur les lignes haute tension se poursuivent toujours.

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