Taux d’intérêt : Rama Sithanen dévoilera ses premières cartes sur la politique monétaire 

Ces facteurs qui seront pris en compte par le comité de politique monétaire 

Le Comité de politique monétaire aura du pain sur la planche ce mardi. « Les variables les plus susceptibles d’être prises en compte par le Comité de politique monétaire sont les prévisions actuelles de croissance du PIB, les objectifs d’inflation, le taux de chômage, le niveau de la dette nationale et personnelle (et les exigences actuelles en matière de service de la dette), et la tendance de la roupie par rapport à un panier de devises. Toute décision se concentrera sur un ensemble de priorités considérées comme fondamentales pour le mandat de la Banque de Maurice et la stratégie économique du gouvernement », résume Ibrahim Malleck, économiste. Ganessen Chinnapen y va aussi de son commentaire : « Le Comité doit prendre en considération la force du mécanisme de transmission du flux monétaire dans l’économie ainsi que la tendance à l’épargne dans l’économie, la pression inflationniste et la valeur de la roupie ».

L’inflation 

L’inflation est un des principaux facteurs qui sera analysé lors de la réunion du comité de politique monétaire. « Nous avons vécu une période inflationniste où les prix ont fortement augmenté. Pour le gouvernement, la maîtrise du pouvoir d’achat est importante. Il y a, d’ailleurs, une volonté affichée pour contrôler les prix. Or, une maîtrise du pouvoir d’achat implique une maîtrise de l’inflation », explique Irshad Mallam-Hassam, Managing Director de Realign Consulting. Cela dit, il observe qu’il y a déjà un début de contrôle de l’inflation. « Ces derniers temps, on note aussi une certaine stabilisation au niveau des prix », fait ressortir Irshad Mallam-Hassam. 

Le taux d’inflation 
2023 : 7 %                      
2024 : 3,6 %

La roupie

Le Comité fera aussi le point sur l’évolution de la roupie. Selon la dernière étude d’AXYS, la roupie a maintenu sa tendance à la dépréciation face au dollar après avoir chuté de 5,1 % en cumul annuel. « La monnaie locale s’est dépréciée de 32,1 % par rapport au dollar depuis 2014 », relève la société. « La dépréciation de la roupie vis-à-vis de devises étrangères est une des causes de l’inflation. Le Gouverneur de la Banque de Maurice a d’ailleurs déclaré que l’une de ses principales tâches est de stabiliser la roupie et de faire en sorte que les prix ne se dégradent pas », indique, pour sa part, Irshad Mallam-Hassam. 

Le rapport State of the Economy 

« Le Comité prendra aussi sa décision en fonction des éléments et des nouvelles données macroéconomiques qui ressortent du rapport State of the Economy », indique le Dr Bhavish Jugurnath, économiste. Ce rapport vient dépeindre un tableau plus sombre de notre économie avec des chiffres faussés par l’ancien régime. Ainsi, le PIB sera moins important qu’indiqué. De même, la dette publique est plus élevée que les chiffres rapportés par le précédent gouvernement.

L’effet Trump 

Pour le Dr Bhavish Jugurnath, le « Trump effect » n’est pas à négliger. « Il faudra voir quel est l’agenda économique des États-Unis et de ce que décidera la Réserve fédérale (FED), qui est la voie de référence sur laquelle se base toutes les Banques centrales pour décider de la direction du taux directeur. Par ailleurs, le dollar continue à s’apprécier depuis la victoire de Trump. Ce qui a un impact sur notre roupie. Le Comité de politique monétaire prendra aussi cet aspect en considération », souligne le Dr Bhavish Jugurnath.