Shakeel Mohamed: «Bérenger est un politicien qui veut le bien du pays»

Dans l’entretien qui suit, le chef de file du PTr à l’Assemblée nationale revient sur ses relations avec le MMM et son leader, mais aussi sur celles entre le PTr et le PMSD.

Au gouvernement, on soutient que l’alliance PTr-MMM est toujours « on ». Est-ce le cas ? Il n’y a clairement aucune alliance. C’est de bonne guerre de la part des membres du MSM. Faute de pouvoir expliquer leur échec à gérer correctement le pays, ils sont obligés de trouver des arguments infantiles. N’empêche qu’il semble y avoir une bonne ‘chemistry’ entre vous et le leader de l’opposition Paul Bérenger. Vous vous consultez souvent à l’Assemblée nationale et échangez même des jokes… Paul Bérenger et moi avons souvent été à couteaux tirés. Mais avec le recul, je dois dire que je ne comprends pas pourquoi nous avons été aussi durs  l’un envers l’autre pendant si longtemps. Je pense que c’est la politique qui dicte certains comportements. Aujourd’hui, cette logique ne tient plus. J’ai eu l’occasion de rencontrer Bérenger et de partager certaines idées avec lui. Je réalise que c’est un politicien qui veut le bien de Maurice. Je dois cependant admettre que je peux ne pas être d’accord avec lui sur plusieurs sujets, par exemple concernant un nouveau recensement électoral sur les critères ethniques. Paul Bérenger est contre. Il considère que cela peut raviver le communautarisme. Je suis d’avis que nous devrions pouvoir affronter nos démons. Je dois ajouter que l’entente est très bonne avec les autres élus mauves. Cela dépasse même le cadre parlementaire. C’est tout à fait normal après avoir fait campagne avec le MMM aux dernières législatives. Le fait que Paul Bérenger attribue essentiellement la défaite de l’alliance PTr-MMM à Navin Ramgoolam n’est pas un obstacle ? Je pense que le leader du MMM a dû se faire une raison concernant la défaite du 10 décembre dernier. Il a préféré donner cette explication à son électorat. Je pourrais ajouter que présenter Paul Bérenger comme Premier ministre nous a aussi fait perdre les élections. Les deux sont responsables. L’Alliance Lepep considère que le leader de l’opposition a fait montre d’irrespect à l’égard de Maya Hanoomanjee. Qu’en pensez-vous ? C’est encore une fois « cheap » de la part des leaders de l’Alliance Lepep. Ce sont des bêtises. Ils  se servent du fait que le Speaker soit une femme. Concentrons-nous sur la vérité, c’est-à-dire que la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) est en train d’être manipulée par le gouvernement. Est-ce une première ? Non ! La MBC a été manipulée par tous les gouvernements. Mais dans le cas du régime en place, c’est encore plus condamnable car ses membres ont fait du changement leur cheval de bataille. Mais rien n’a changé. Je suis entièrement d’accord avec Paul Bérenger lorsqu’il dit que la MBC est pire qu’avant. Aujourd’hui à la MBC, il y a des gens qui sont dictés pour faire plaisir au gouvernement. Vous êtes très sévère à l’encontre du MSM, mais assez complaisant vis-à-vis de son partenaire, le PMSD. Pourquoi ? Nous avons partagé de bons moments avec le PMSD. Il y a une complicité entre les deux partis. Il est clair que j’ai une franche camaraderie avec les membres de ce parti, mais aussi avec son leader Xavier-Luc Duval. Ce n’est pas parce que le PMSD est aujourd’hui au gouvernement que l’on doit se chamailler. Il faut aussi noter le comportement de Xavier-Luc Duval à l’égard du PTr. Il est amical. Je dois souligner que Xavier-Luc Duval n’a pas fait preuve d’arrogance lorsqu’il était Leader of the House. C’est un vrai démocrate. Le PMSD manque-t-il au PTr ? Il ne faut pas oublier que le PTr est dans l’opposition. Mais je peux dire en connaissance de cause que le PTr doit manquer au PMSD. Au sein des rouges, on se disait les choses avec franchise. On pouvait débattre sans se poignarder dans le dos. Avec le MSM, le PMSD est clairement mal à l’aise. Mais les bleus ne peuvent l’admettre pour des raisons évidentes. Le PMSD doit se protéger du MSM. La guéguerre entre Soodhun et Xavier-Luc Duval est loin d’être terminée. Le PMSD sera-t-il un allié éventuel du PTr aux prochaines élections ? Sir Anerood Jugnauth connaît déjà l’identité de notre prochain allié. Le PMSD figure sur la liste ? Pourquoi rayer un ami ? Nous ne bifferons jamais le PMSD. Vous semblez avoir changé d’avis sur Navin Ramgoolam. N’est-il plus un boulet ? D’après mon analyse, Navin Ramgoolam ne sera pas trouvé coupable dans l’affaire des coffres. Si Pravind Jugnauth a pu se faire élire alors qu’il était en liberté conditionnelle, Navin Ramgoolam n’aura aucune difficulté à le faire aussi. Sur le terrain, l’électorat du PTr, qui demeure le plus grand parti du pays, réclame toujours Navin Ramgoolam. Rien ne va changer ? Non, ce ne sera pas du « business as usual ». Je compte demander à Navin Ramgoolam de venir de l’avant avec la limitation des mandats. Je proposerai aussi qu’il se présente une dernière fois. Mais le plus important, c’est que nous avons un groupe de jeunes qui ne croit pas dans le culte de la personnalité.