En cinq ans, Vishal Shibchurn s’est souvent fait remarquer pour sa capacité à naviguer habilement entre les mailles des filets de la police. Aujourd’hui, il est devenu un accusateur frontal des proches du pouvoir dans l’affaire Soopramanien Kistnen.
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Volte-face spectaculaire de Vishal Shibchurn. Il s’est présenté, pendant des années, comme un fervent défenseur du gouvernement, saisissant la moindre occasion pour soutenir ses actions et fustiger ceux qui osaient critiquer le Mouvement socialiste militant (MSM). Mais voilà qu’il vire casaque. Dans un affidavit qu’il a juré, il accuse plusieurs proches du pouvoir dans l’assassinat de l’activiste du MSM Soopramanien Kistnen.
Dès lors, une question mérite d’être posée : aurait-il juré cet affidavit explosif s’il avait été en liberté ? Plusieurs sources ayant côtoyé ce sapeur-pompier suspendu de ses fonctions sont d’avis que de telles révélations n’auraient jamais éclos s’il avait été libéré sous caution. « Il est persuadé que si les autorités et le MSM avaient fait le nécessaire pour lui, il serait aujourd’hui en liberté », avance-t-on dans son entourage. Vishal Shibchurn s’est plaint d’avoir été lâché par le pouvoir.
C’est véritablement à partir de 2019 qu’il a commencé à se faire remarquer sur le terrain politique, particulièrement dans les circonscriptions du Sud, telles que le n° 11 (Vieux-Grand-Port/Rose-Belle), le n° 12 (Mahébourg/Plaine-Magnien) et le n° 13 (Rivière-des-Anguilles/Souillac). Des sources proches de lui durant la campagne électorale de 2019 disent qu’il a cherché à maximiser ses chances en menant une double campagne pour le MSM et le Parti travailliste (PTr).
« Peu avant les élections générales de 2019, il a divisé son association, l’Hindu Shakti Senna, en deux branches : l’une travaillait pour le PTr et l’autre pour le MSM. Il s’est toujours abstenu de se faire photographier sous les couleurs d’un parti politique pendant la campagne », confie une source. Après la victoire du MSM, Vishal Shibchurn s’est tout naturellement aligné avec le parti soleil.
Cependant, il a également su habilement tisser des liens avec les proches des ministres. « Il n’a jamais été véritablement proche d’un ministre ou d’un député directement, mais il a bâti des relations avec leurs frères, cousins et proches », poursuit la même source.
Cette stratégie lui a permis de naviguer dans les cercles politiques. À la question de savoir comment les services rendus au MSM durant la campagne électorale de 2019 ont bénéficié à Vishal Shibchurn, plusieurs de ses anciens camarades avancent qu’il n’a jamais réellement cherché à obtenir des contrats juteux ou d’autres largesses souvent accordées aux proches du pouvoir. « Sa seule préoccupation était de pouvoir opérer sans être sérieusement inquiété par les autorités », rapportent-ils.
Parmi la large gamme de services offerts par Vishal Shibchurn figure celui de « debt collector », une profession où, dans de nombreux cas, l’usage de la violence physique est souvent nécessaire. Dans bien des cas, ceux qui l’ont côtoyé de près ou qui ont participé à certaines de ses opérations soutiennent que la force, la violence ainsi que la séquestration ont souvent été utilisées contre ceux qui devaient de l’argent.
« En plusieurs occasions, Vishal Shibchurn n’a pas été inquiété par la police », dit-on. Et quand bien même il venait à être inquiété ou arrêté par la police, il parvenait régulièrement à obtenir des remises en liberté sous caution. Celles-ci n’étaient généralement pas objectées par la police, fait-on comprendre.
Un autre cas particulièrement révélateur de la capacité de Vishal Shibchurn à échapper à l’inquiétude policière est une marche controversée organisée par l’Hindu Shakti Senna vers Grand-Bassin en 2020. Des vidéos publiées sur Facebook montraient des participants brandissant des sabres, soulevant une vive inquiétude parmi les Mauriciens quant à l’inaction des autorités policières.
Face à la polémique, Vishal Shibchurn et ses acolytes avaient défendu leur position en affirmant qu’il s’agissait, en réalité, de sabres en plastique. Cette explication a suffi à clore l’affaire, sans que la police ne donne suite, renforçant ainsi les interrogations sur la protection dont bénéficierait Vishal Shibchurn.
La disparition d’un dossier crucial sur un cas de trafic de drogue les impliquant, son fils et lui, en 2023 a aussi suscité de vives réactions. L’inspecteur qui avait rapporté l’affaire, de retour de congé après un mois d’absence, avait été étonné de constater que tout le dossier relatif à l’arrestation de Vishal Shibchurn et de son fils avait tout bonnement disparu.
Mais c’est véritablement lors de la comparution de Yogida Sawmynaden, en janvier 2021, devant la Cour intermédiaire, que le statut « privilégié » de Vishal Shibchurn a été le plus flagrant. Ce dernier et ses proches avaient été autorisés à circuler en toute impunité vers l’instance judiciaire, défendant ardemment l’ex-ministre du Commerce, tandis que la foule hostile, elle, avait pour interdiction de s’approcher du tribunal. Cette scène avait, une fois de plus, mis en lumière les largesses dont bénéficiait Vishal Shibchurn de la part des autorités policières, soulevant des questions sur l’égalité de traitement devant la loi.
Il s’est également fait remarquer à plusieurs reprises pour son soutien inconditionnel aux actions du pouvoir, s’efforçant toujours de défendre avec ardeur le gouvernement. Ses démêlés avec Bruneau Laurette sur les réseaux sociaux étaient devenus monnaie courante, Vishal Shibchurn n’appréciant guère les prises de position de l’activiste politique contre le gouvernement. Mais en 2024, la situation semble avoir changé pour le controversé Vishal Shibchurn. La police aurait apparemment durci son approche à son égard.
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