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Raakesh Bhageerutty, General Manager de Simla Way : «Les consommateurs dépensent bien plus cette année»

Les Mauriciens se font plaisir en cette fin d’année. Ils s’y prennent tôt pour faire leurs courses et ils consomment davantage comparativement à l’an dernier. Tel est le constat de Raakesh Bhageerutty, le General Manager de Simla Way. 

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Avec l’année 2024 qui s’achève, quel bilan faites-vous du niveau de consommation des Mauriciens ? 
La consommation est retournée à la normale, soit comme avant la Covid-19 et cela malgré les augmentations des prix. Les hausses salariales de cette année (Ndlr : l’augmentation du salaire minimum, le paiement de la compensation salariale, l’introduction de la relativité salariale) ainsi que les diverses allocations accordées ont soulagé quelque part les Mauriciens. Et cela s’est ressenti sur le niveau de consommation. 

En cette période festive, les Mauriciens dépensent-ils plus que prévu ? 
Normalement, 14e mois ou pas, les Mauriciens ont l’habitude de dépenser plus en période festive. C’est ancré dans nos mœurs. Les gens mangent plus et mieux. Et ils dépensent en conséquence. Cela dit, comparativement à l’an dernier, les consommateurs dépensent définitivement bien plus cette année. 

L’idéal serait d’enlever la TVA sur tous les aliments. En contrepartie, pour récupérer le manque à gagner, il faudrait taxer davantage les produits dits de luxe.»

Le paiement du 14e mois a-t-il un impact sur la consommation ? 
Définitivement oui ! On le remarque dans nos supermarchés d’ailleurs. En période festive, les gens accordent plus d’attention à l’alimentation. Cependant, ils ont l’habitude de s’y prendre à la dernière minute pour leurs achats. Or, ils ont déjà commencé à faire leurs courses cette année. Et ils achètent bien plus que d’habitude. 

La grosse attente des Mauriciens concerne la baisse des prix. C’est d’ailleurs cette carte que les gouvernants du jour ont jouée pour gagner les élections législatives. Quelle est la situation réelle au niveau de l’inflation notamment l’inflation des produits de consommation qui, selon le rapport « State of the Economy », a été de 33 % de 2022 à 2024 ? 
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La hausse des prix est, cependant, hors de notre contrôle. Le pays est desservi par peu de lignes maritimes et cela se ressent sur le coût du fret. Les importateurs doivent payer ce qu’on leur demande et ils le répercutent sur le prix final du produit. Les gens disent que les prix sont chers dans les supermarchés. Mais, nous ne sommes que des revendeurs. Nous achetons des produits à un prix et nous mettons notre marge pour les revendre. Nous ne pouvons pas les vendre à perte. C’est aux importateurs de répondre sur les prix élevés. Et c’est au ministère du Commerce de vérifier s’il n’y a pas d’abus au niveau des prix pratiqués. Cela dit, le contrôle des prix fait plus grimper les prix que les baisser. Les économistes ainsi que les techniciens du ministère du Commerce savent qu’une telle politique n’est pas dans l’avantage des consommateurs. D’ailleurs, un bon nombre de produits aux prix contrôlés se vendaient à meilleur marché avant la fixation des prix. 

Le nouveau ministre du Commerce dit travailler sur une liste de produits de base sur lesquels les taxes seront enlevées. Est-ce la solution idéale pour soulager les consommateurs ? 
Quand on parle d’alimentation, je pense qu’il faut donner l’occasion à toutes les catégories de personnes d’avoir accès à la nourriture quelle qu’elle soit. L’idéal serait d’enlever la TVA sur tous les aliments. En contrepartie, pour récupérer le manque à gagner, il faudrait taxer davantage les produits dits de luxe. Il faudrait enlever la TVA sur les légumes en conserve qui sont frappés par la TVA. Idem pour les fruits de mer. Les Mauriciens doivent pouvoir manger un bon curry d’ourite ou encore pouvoir mettre des crevettes dans leur riz frit ou mine frit. Ce n’est pas normal que ces produits soient taxables. 15 % de taxes, c’est beaucoup. 

La consommation est retournée à la normale, soit comme avant la COVID-19 et cela malgré l’augmentation des prix.»

Avec les entreprises qui paient ces jours-ci le 14e mois, certains observateurs craignent une hausse des prix. Se dirige-t-on vers un tel scénario en 2025 ? 
Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais cet argent doit bien sortir quelque part. Cela dit, ce ne sont pas toutes les entreprises qui répercuteront ce paiement sur les consommateurs.  

Pourtant, le 14e mois est un paiement « one-off »… Pour les associations des consommateurs, tout prétexte est bon pour augmenter les prix. Y a-t-il une part de vérité dans cela ? 

C’est un paiement « one off ». Cela dit, certaines entreprises ne pourront pas absorber ce coût. On parle là de trois mois de salaires en décembre. Si le 13e mois est budgété, ce n’est pas le cas pour le 14e mois qui est une promesse électorale. Chaque entreprise a fait ses calculs et elle se doit d’être juste. Je ne pense pas que ce « one-off payment » aura des répercussions sur les prix. Les associations des consommateurs ont leur rôle à jouer et elles s’expriment. 

Les prix des carburants ont baissé de Rs 5. Cette mesure qui fait baisser les coûts du transport pour le commerce a-t-elle influencé les prix des produits ? 
Une baisse de Rs 5 ne fera pas de différence sur les prix. À notre niveau, cela ne nous impacte pas. Ce sont les importateurs qui font la livraison qui sont directement concernés. Il faudrait leur poser la question.

Parlons de la grande distribution. Ce secteur a enregistré un chiffre d’affaires combiné de Rs 47,5 milliards en 2023 contre Rs 41,31 milliards en 2022, selon le dernier Top 100 Companies. À quoi attribuez-vous cette progression ? 
Le business est retourné à la normale. La COVID-19 fait partie du passé. C’est donc logique que le chiffre d’affaires va augmenter. Cela dit, cette progression dans le chiffre d’affaires est aussi le résultat de la hausse des prix. Le secteur a perdu en volume de vente, mais a gagné en prix de vente en raison de la cherté des produits. 

On compte plus d’une centaine de supermarchés/hypermarchés à travers l’île. La compétition est-elle rude ? 
La compétition est malsaine. Pour survivre sur le marché, plusieurs opérateurs baissent leurs prix. Ce que les associations des consommateurs ne savent pas ou ne voient pas. D’ailleurs, sur les ondes de Radio Plus récemment, un ancien commerçant a expliqué la situation où des produits sont vendus à meilleur marché que les prix fixés par le gouvernement. Tout cela en raison de la compétition. 

Le problème d’approvisionnement en devises s’est corsé depuis plusieurs mois déjà. Les acteurs du commerce souffrent-ils toujours de cette situation ?  
Les importateurs sont directement impactés. Cependant, au niveau des grandes surfaces, cela ne se ressent pas en termes d’approvisionnement. Certains importateurs ont du stock, quoique certains n’ont pas pu importer ce dont ils avaient besoin.  Cela dit, on ne ressent pas de rupture, sauf pour certains produits locaux comme les œufs par exemple. 

La grande distribution fait aussi face à un manque de main-d’œuvre. D’où le recours à des travailleurs étrangers depuis quelque temps. Comment cette situation évolue-t-elle ? 
Cela devient de plus en plus difficile de trouver des Mauriciens pour travailler dans la grande distribution. Il faut compter 12 heures à 13 heures de travail sans compter les week-ends et les jours fériés. Alors que la plupart des Mauriciens fêtent Noël, les employés dans le secteur doivent travailler. Les jeunes ne veulent pas de cette vie-là. Ils aspirent à avoir une vie sociale, un équilibre entre le travail, la famille et les loisirs. Du coup, le problème de manque de main-d’œuvre s’empire un peu plus chaque jour. Il faudrait que le ministère de tutelle fasse de gros efforts pour accélérer les procédures de recrutement de travailleurs étrangers. 

  • defimoteur

     

 

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