Pramode Jadoo livre ses commentaires sur la nouvelle année et jette un regard sur 2018. Outre, des craintes de stagnation en 2019 si l’économie n’est pas relancée, l’économiste préconise un Plan Marshall pour le secteur agricole, un soutien pour les PME et une attention plus prononcée pour le commerce.
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Avant de parler des enjeux économiques pour cette année, quel regard portez-vous sur 2018 ?
Je dresse un bilan mi-figue, mi-raisin pour l’année qui vient de se terminer. Sur une note positive, c’est vrai qu’il y a globalement une reprise économique. Il y a eu plusieurs projets d’infrastructures. Il y a eu cependant des indicateurs qui sont moins, dont l’inflation avec une hausse des prix à la consommation, une croissance révisée à la baisse de 3,9 % à 3,8 %, pas de création d’emplois selon les attentes formulées, entre autres.
La quasi-absence de nouveaux secteurs, comme l’économie océanique, et les nouvelles filières est liée à la production et l’exportation. Les services financiers ont été affectés par la révision du traité fiscal avec l’Inde par de nouvelles lois. Les PME sont en hibernation alors qu’elles doivent faire face à une rude compétition sur le marché local. Devant les leaders sur le plan commercial, elles se retrouvent souvent face à un problème de liquidité, de marketing et d’encadrement. Il y a une baisse de production de la canne à sucre. Les petits planteurs de canne délaissent de plus en plus leurs terres.
Pouvez-vous préciser votre point de vue sur les difficultés du secteur commercial ?
Je parle de ces commerces dont le chiffre d’affaires a chuté avec la congestion routière. Surtout, dans le cadre du métro léger, car beaucoup sont affectés par les travaux et le manque de planification. À titre d’exemple, de Rose-Hill à Port-Louis en passant par Beau-Bassin, cela décourage des clients et la circulation de marchandises. Les conditions climatiques ralentissent aussi l’économie. Heureusement, le cyclone Cilida nous a épargnés. On n’est pas à l’abri. D’où l’importance de nous préparer. Pour terminer sur la question générale, il est regrettable que les Mauriciens sont moins travailleurs. Il y a une baisse de productivité alors que c’est toujours en hausse dans des pays comme le Singapour et la Malaisie.
Quelles sont les perspectives pour cette année ?
Il a de fortes craintes de stagnation si l’économie n’est pas relancée. Si nous poursuivons sur la tendance de 2018, nous n’atteindrons pas les objectifs fixés pour 2020.
Et le secteur sucre…
Ce secteur, peu importe ce qu’on croit, est un véritable pilier de l’économie. En sus de la baisse de production, c’est aussi le prix qui affecte tout le monde sur le plan mondial. On peut constater qu’il y a un manque de motivation chez les petits planteurs. Chaque année, c’est la même chose. J’estime qu’il faut aller plus loin dans l’encadrement du secteur agricole et non seulement la filière sucre. L’agriculture comprend aussi l’horticulture, l’élevage, la biculture. Ce sont autant de filières que Maurice peut exploiter à travers un Plan Marshall, pas sur cinq mais sur trois ans. Beaucoup de pays reposent toujours sur le secteur primaire comme les États-Unis, le Canada voire le Royaume-Uni. Il est nécessaire de valoriser ce secteur.
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