Pravind Jugnauth a du pain sur la planche pour relancer la machinerie économique et doper la croissance qui est calculée à 3,9 % pour 2016. Il devra s’atteler à redonner la confiance à la communauté des affaires et à la population. Pour ce faire, il pourra utiliser l’instrument budgétaire…
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Sa stratégie économique
Quelle stratégie économique adoptera Pravind Jugnauth ? À cette question, Georges Chung, économiste et conseiller du Premier ministre, répond : « Le nouveau ministre des Finances poursuivra sur la lancée des grands travaux et des grands projets. Une stratégie qui permettra au pays de monter en grade dans la catégorie des pays développés pour devenir une économie à haut revenu », soutient-il. Quant à l’économiste Pierre Dinan, il souhaite que le nouveau Grand argentier s’aligne sur les objectifs de la Vision 2030. « Ce qui permettra au pays de diversifier davantage son économie, d’améliorer ses infrastructures, de développer le port et l’économie océanique, mais aussi de s’occuper des secteurs existants, notamment la modernisation de l’agriculture, la relance de l’industrie du textile tout en travaillant à une montée en gamme du secteur des services financiers et du Global Business », souligne Pierre Dinan.Ses grands chantiers
Pravind Jugnauth devra accélérer la mise en route des gros projets d’infrastructures, notamment le développement des Smart Cities et la construction de routes. « Ces projets permettront d’augmenter la productivité du pays. Il ne s’agit pas de faire de grands chantiers dans l’unique but de créer des emplois temporaires, mais que ces chantiers donnent la possibilité à des projets nouveaux de faire surface, de favoriser la création des emplois permanents et d’accroître notre balance des paiements », souligne Pierre Dinan. À noter que ces dernières années, le niveau d’investissement a considérablement baissé. En 2015, l’investissement public était à seulement 4,8 % du PIB. La chute de l’investissement public est l’un des facteurs ayant contribué à la récession dans le secteur de la construction. Alors que l’investissement privé était calculé à 12,5 % en 2015.
Son style
Selon Dan Maraye, Pravind Jugnauth aime « travailler en équipe » et donne toujours « l’occasion aux autres ». « S’il continue sur cette lancée, il est bien parti pour avoir la collaboration de tous ceux concernés, surtout qu’il a l’ancien ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo à ses côtés et que ce dernier va certainement l’épauler », fait-il ressortir. Dan Maraye estime, toutefois, que Pravind Jugnauth n’avait pas les meilleurs collaborateurs dans le passé. « Je souhaite qu’il choisisse les meilleurs collaborateurs au ministère et parmi ceux qui l’entourent », ajoute-t-il. <Publicité
Son rapport avec le secteur privé
L’État compte sur l’apport du secteur privé pour mettre en route les gros chantiers, notamment les Smart Cities. Dans ce contexte, une bonne relation entre le Trésor public et les opérateurs est primordiale. « Étant donné le contexte économique actuel, tout ministre des Finances doit avoir les meilleures relations possibles avec le secteur privé. Dans la même lignée, le gouvernement se doit de faire preuve de leadership et favoriser la relance de l’économie avec le concours de toutes les entreprises privées et des syndicats. Il est impératif que tout le monde marche ensemble avec une vision commune. Nous sommes tous dans le même bateau et ce n’est pas le moment pour les zizanies et les tergiversations », fait ressortir Pierre Dinan. Dan Maraye, observateur économique, y va également de son commentaire. « D’après ses dernières déclarations, il est clair que Pravind Jugnauth va travailler en étroite collaboration avec le secteur privé. D’ailleurs, il n’y aura pas de développement s’il n’y a pas de coordination profonde entre le secteur privé et le gouvernement puisque nous sommes tous dans le même bateau. Il devra venir avec des schemes pour promouvoir les investissements privés », analyse-t-il.Les moyens dont il dispose
La marge de manœuvre semble réduite. L’application du rapport du Pay Research Bureau coûtera Rs 3 milliards additionnelles aux caisses de l’État, alors que les dépenses liées à la gestion de MauBank s’élèvent à Rs 1,6 milliard. Le nouveau ministre des Finances ne pourra pas non plus se permettre d’emprunter massivement auprès des bailleurs de fonds, car la dette publique a grimpé à 56,9 % en mars dernier, s’approchant du seuil critique de 60 %, cote d’alerte préconisée par Maastricht. Comment Pravind Jugnauth financera-t-il le Budget tout en gardant le déficit budgétaire dans des proportions raisonnables, soit autour de 3 % du PIB ? Le ministre des Finances devra, selon Pierre Dinan, montrer tout son talent à manœuvrer le mieux possible avec des moyens restreints. « Il aura à montrer s’il peut être un bon commandant de nos finances dans ces conditions-là », fait-il ressortir. Soulignons que la croissance a été calculée à 3,9 % pour cette année. C’est surtout le taux élevé du chômage qui inquiète. En 2015, il était à 7,9 %. Seule bonne nouvelle : le faible taux d’inflation. Celui-ci était à 0,9 % au mois de mars.Ses priorités pour le Budget
Créer les conditions pour encourager les investissements aussi bien locaux qu’étrangers afin de booster les activités économiques favorisant ainsi la création de l’emploi, soutenir le secteur industriel, les entreprises tournées vers l’exportation, les producteurs locaux tout en misant sur une refonte du budget social afin que les sommes dépensées par l’État servent à combler les inégalités sociales… Voilà ce que devraient être les grandes priorités de Pravind Jugnauth selon l’économiste Pierre Dinan. « Ce qui signifie avoir le courage politique de revoir toute cette question du ciblage des aides de l’État », ajoute-t-il. Pour Dan Maraye, l’économie doit être la « priorité des priorités ». « C’est à partir de l’épanouissement de notre économie qu’on pourra créer des emplois pour les jeunes chômeurs. Si nous ne mettons pas l’accent sur l’emploi, cela pourrait entraîner une crise sociale qu’il faut à tout prix éviter. Une telle éventualité fera souffrir tout le monde, car c’est notre pays qui sera le grand perdant », souligne-t-il. Et Dan Maraye d’ajouter : « Le Budget est une occasion en or pour Pravind Jugnauth de montrer comment il peut contribuer au développement sain de notre pays. Toutefois, il y a le revers de la médaille : il a une tâche extrêmement difficile, surtout après ce qui s’est passé récemment avec le traité de non double imposition ».Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !