Père Jean-Claude Véder : « Le pape François a préparé l’Église de demain »

Le père Jean-Claude Véder revient sur l’héritage du pape François, qu’il décrit comme « un tournant décisif » pour l’Église. Du synode à l’écologie, en passant par les migrants et la miséricorde, il évoque une révolution portée par l’Évangile.

Le synode convoqué par le pape François et clôturé en novembre 2024, après trois années de réflexion et d’écoute, marque un tournant historique pour l’Église. Dès le début de son pontificat, le souverain pontife a prôné une Église synodale, « où nul n’est exclu », . C’est ce que fait ressortir le père Jean-Claude Véder. 

Le curé de la paroisse Sacré-Cœur, de Beau-Bassin, voit dans cette démarche « une révolution ». « Il a dit qu’il faut que chaque Église locale puisse vivre l’Évangile dans son propre contexte, et ne pas attendre que Rome décide de tout. C’est une forme d’autonomie qu’il propose, mais toujours enracinée dans l’Évangile », explique-t-il.

Le document final issu du synode confie à chaque évêque et à chaque conférence épiscopale la mission de mettre en œuvre les recommandations. Pour le père Véder, cela reflète une transformation profonde de la gouvernance ecclésiale. « Il a posé des jalons très clairs. Il a totalement accepté ce que les « pères » et « mères » synodaux ont formulé, car des femmes et des laïcs ont aussi participé pleinement au synode. » dit-il.

Pour le père Véder, cette orientation ne vient pas de l’homme François, mais de sa foi profonde. « Ce n’est pas une idée personnelle. Il est animé par la conviction que cela vient de l’Évangile. Il veut que l’Église d’aujourd’hui ressemble davantage à celle que Jésus a voulue », explique-t-il. Le prêtre estime que le successeur du pape François n’aura pas d’autre choix que de poursuivre ce chemin. « Je crois qu’il doit pouvoir entrer dans ce que le pape a dit. Tout a déjà été mis en place. Cela fait partie du magistère ordinaire de l’Église », soutient le père Véder.

Parmi les sujets abordés, plusieurs méritent selon lui d’être approfondis, notamment dans les écrits du pape : encycliques, exhortations apostoliques et autres. Il cite en exemple la question des migrants : « À Maurice, on voit le nombre croissant de migrants dans le pays, mais aussi les Mauriciens qui partent et se retrouvent en situation de migration. Comment sont-ils accueillis ? » Il évoque également les défis environnementaux. « Avec le changement climatique, on n’a jamais eu autant de périodes chaudes. L’hiver tarde à s’installer. Il y a des bouleversements partout avec les inondations. La planète souffre, elle pleure. » fait comprendre le père Véder.

Le père Véder évoque aussi les injustices sociales et les inégalités. Aussi membre d’Affirmative Action, il se dit encouragé par les positions du pape. « Il nous a soutenus et nous a poussés à aller de l’avant. » Il mentionne aussi des questions comme l’accueil des jeunes, des divorcés-remariés, des personnes homosexuelles. « L’Église ne peut pas faire semblant de ne pas voir ces réalités. Elle a une parole à dire. Le pape François nous dit : voilà ce que Jésus aurait dit et fait. » Le curé de Sacré-Cœur Beau-Bassin confie avoir été profondément marqué par l’appel constant du pape à la conversion. « Le changement de mentalité et de système est ce qu’il y a de plus difficile », dit-il. Il illustre cela par une image : « Si je vais dans une direction et que je réalise qu’elle n’est pas la bonne, je dois faire un retour sur moi-même et changer de cap. »

Pour lui, cette capacité à se remettre en question est au cœur du message de François. « Le pape a souvent dit aux membres de la curie : ‘il faut faire 180 degrés’. » Il conclut en insistant sur la miséricorde : « C’est le pape de la miséricorde. Il nous parle d’un Dieu qui peut pleurer, un cœur de Dieu qui se brise devant la misère. L’Église est appelée à porter ce visage de Dieu, aujourd’hui plus que jamais », souligne le père Véder.