En réponse aux plaintes concernant le manque de devises à Maurice, le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, promet une surveillance étroite du marché des changes et des interventions si nécessaire. Il s’est adressé à la presse le jeudi 11 juillet après que le comité de la politique monétaire a décidé de maintenir le taux directeur à 4,5 %.
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Alors que les opérateurs économiques et les particuliers déplorent un manque de devises étrangères à Maurice, le gouverneur de la Banque centrale (BoM), Harvesh Seegolam assure que la situation est surveillée de près. « Que ce soit dans le secteur financier ou dans l’industrie du tourisme, les entreprises et les hôtels vendent régulièrement des devises sur le marché. Ainsi, le marché fonctionne. En fait, c’est ce qui explique pourquoi nous n’avons pas eu à intervenir avec des montants significatifs depuis le début de cette année », a-t-il expliqué.
Selon Harvesh Seegolam, le pays passe par une période quand la plupart des importateurs mauriciens commandent les fournitures de fin d’année. Par conséquent, la demande en devises augmente. La BoM est donc intervenue en vendant de 50 millions de dollars lundi dernier.
« Nous continuerons à surveiller la situation et la Banque centrale continuera à intervenir si nécessaire. Mais soyez assurés que la Banque de Maurice n’est pas à court de ressources », a-t-il dit. Pour lui, ce qui est plus important, c’est de s’assurer que le marché fonctionne de manière ordonnée. Il a indiqué que la banque a clôturé les Gross Official International Reserves à 8,2 milliards de dollars. Ce qui, selon lui, est très confortable. « La BoM a suffisamment de ressources pour approvisionner le marché si nécessaire et aussi pour contrôler toute volatilité excessive », a-t-il poursuivi.
De plus, il existe déjà un mécanisme en place pour suivre l’entrée et la sortie des devises sur le marché local. « En fait, nous sommes le seul organisme du pays à avoir une vue d’ensemble du marché des changes. Nous avons un département qui surveille la situation au quotidien », a-t-il assuré. Cependant, il a précisé qu’il n’y a pas de contrôle des changes dans le pays. « C’est d’ailleurs l’un des avantages les plus importants pour Maurice en matière d’investissement. » Du 3 avril au 28 juin 2024, le volume des échanges de devises s’est élevé à 3,1 milliards de dollars américains, avec des achats nets de 127 millions de dollars.
Directives sur le taux à terme : des discussions sont en cours
Le gouverneur de la BoM a déclaré que des discussions avec le conseil d’administration de la BoM sont en cours concernant les directives à établir par rapport à la pratique du taux à terme (forward rate). « Nous sommes en discussion avec les trésoriers et les CEO des banques. Les discussions seront poursuivies pour voir quelle est la meilleure solution gagnant-gagnant à apporter à la table. Nous devons nous assurer qu’elle ne crée pas de distorsion dans le bon fonctionnement du marché des changes », a-t-il avancé. De plus, il a souligné que de nombreuses banques centrales dans le monde ont déjà mis en place des directives concernant le système de forward rate.
La prévision de croissance de 6,5 % maintenue en 2024
En ce qui concerne les perspectives de croissance, la BoM prévoit que l’économie nationale maintienne son élan robuste. Le personnel de la banque conserve la projection de la croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel à 6,5 % en 2024. La « construction », l’« hébergement et les activités de restauration » et les « activités financières et d’assurance » seront les principaux moteurs de croissance. Soutenu par des projets d’infrastructure à grande échelle en cours, le secteur de la construction gardera une bonne performance, avec un taux de croissance à deux chiffres. « Le secteur du tourisme conservera son rôle important en tant que moteur de croissance, compte tenu des attentes de 1,4 million de touristes cette année », a dit le gouverneur. L’élan de croissance dans le secteur financier persistera avec des efforts concertés visant à renforcer la réputation internationale du centre financier mauricien. La demande globale sera soutenue par une consommation des ménages en hausse et des dépenses d’investissement dynamiques.
Le taux directeur reste inchangé à 4,5 %
Le comité de la politique monétaire (MPC) de la Banque centrale a décidé à l’unanimité le jeudi 11 juillet de maintenir le taux directeur inchangé à 4,5 %. Avant de prendre cette décision, le MPC a examiné les développements sur les fronts domestique et international. Il a évalué leurs implications macroéconomiques globales, spécifiquement dans le contexte mauricien.
« Les récentes données sur l’inflation fournissent des signes encourageants indiquant que le processus de désinflation se poursuit et qu’il est très susceptible de se maintenir au cours du second semestre 2024 », a-t-il avancé. D’autre part, certains facteurs domestiques favorables permettent une décélération plus rapide de l’inflation. Il y a une normalisation plus rapide que prévu des prix alimentaires locaux. Il y a une réduction annoncée du prix du gaz ménager et la prolongation des subventions sur les nécessités de base dans le cadre du Budget 2024-25.
« De plus, les récents développements des prix des matières premières et les lectures de l’inflation dans les principaux pays partenaires commerciaux soutiennent une pression des prix plus faible au niveau domestique. »
Harvesh Seegolam a souligné que la politique monétaire actuelle continue d’exercer des effets restrictifs sur l’économie et de maintenir les pressions de prix sous-jacentes sous contrôle, tout en maintenant bien ancrées les attentes en matière d’inflation.
Vers un taux d’inflation de 4,9 % à la fin de 2024
La Banque centrale indique que l’inflation globale a continué de se détendre pour atteindre 4,5 % en juin 2024. Elle est ainsi dans la fourchette cible d’inflation de 2 à 5 % pour la première fois depuis l’introduction du nouveau cadre de politique monétaire en janvier 2023. Selon la Banque, l’inflation sur un an a également maintenu sa trajectoire à la baisse, atteignant 2,2 % en juin 2024. Ce qui reflète la normalisation progressive des prix des légumes frais. Les mesures de base de l’inflation, qui indiquent les pressions inflationnistes sous-jacentes, ont aussi continué de diminuer. Un taux d’inflation de 4,9 % est prévu à la fin de l’année 2024.
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