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Patricia Adèle-Félicité, secrétaire générale de Caritas Maurice : «Nous mettons en pratique ce que le pape nous a enseigné»

La secrétaire générale de Caritas Maurice revient sur l’inspiration du pape François, l’action en faveur des périphéries invisibles, l’écologie intégrale et la révolution de la tendresse comme piliers de la mission sociale de l’Église à Maurice.

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Le pape François a toujours mis les « périphéries » au centre de son message. À Maurice, quelles sont ces périphéries invisibles que nous refusons encore de voir, et comment Caritas tente-t-elle de leur redonner une voix ?
Le pape François a toujours été aux côtés de Caritas. À chaque fois que nous sommes allés à Rome, il nous rappelait notre mission. Il avait lui-même une vie dédiée aux plus pauvres. Cela signifie qu’il a beaucoup soutenu Caritas, et nous avons travaillé étroitement avec lui sur de nombreuses questions, notamment la faim et les migrants.

Lors du jubilé, nous avons lancé avec lui une campagne pour l’effacement des dettes des pays pauvres. Il a toujours été comme un « papa » pour Caritas. Il nous interpellait constamment sur notre manière de servir les pauvres et d’honorer ce mandat que Caritas a reçu dans l’Église. C’est lui qui a dit que « Caritas, c’est la caresse de l’Église pour son peuple ».

Les périphéries, ce sont vraiment les marginaux. À Maurice, notre mission concerne les abris de nuit, les sans-abri, les enfants qui quittent l’école sans savoir ni lire ni écrire. Ce sont là les périphéries dans lesquelles nous intervenons.

Caritas leur redonne une voix en les écoutant et en mettant en place des centres d’accueil et d’écoute à travers l’île. Nous menons aussi des plaidoyers sur les causes profondes de leur situation et proposons des services comme des repas pour les sans domicile fixe, et des cours d’alphabétisation pour les enfants marginalisés à l’école. Il s’agit de créer des espaces où ces personnes peuvent se reconstruire et s’épanouir.

Le concept de « révolution de la tendresse », cher au pape François, peut sembler naïf face à la dureté du terrain social. Est-ce un levier efficace dans l’accompagnement des personnes en détresse ?
Il s’agit de la formation du cœur. Dans notre accompagnement, nous ne faisons pas qu’un travail de technicien ou de fonctionnaire. Il s’agit d’être un frère ou une sœur pour ceux qui traversent des situations difficiles, de marcher à leurs côtés et de leur offrir tout notre amour et notre tendresse. C’est vraiment accompagner l’autre comme un frère.

La lutte contre l’exclusion n’est pas que matérielle. Comment Caritas s’inspire-t-elle de l’appel du pape François à une « écologie intégrale » pour réconcilier dignité humaine, justice sociale et environnement à Maurice ?
À Caritas, nous promouvons ce que nous appelons le développement intégral et intégré de la personne. Nous ne nous occupons pas uniquement de l’aspect matériel, mais aussi de la formation humaine et du développement personnel.

À travers l’éducation, nous donnons aux personnes les moyens de renforcer leurs compétences. Sur le plan écologique, nous avons mis en place des jardins communautaires, des cours de jardinage thérapeutique, et nous faisons attention à notre manière d’utiliser les ressources. 

Nous nous remettons en question pour vérifier si nous contribuons réellement à protéger notre maison commune, comme le pape François nous y invite dans Laudato si’. Nous mettons en pratique ce qu’il nous a enseigné.

Le pape n’hésitait pas à interpeller les institutions, même l’Église, sur leurs silences ou leur lenteur. Est-ce que cela a changé quelque chose pour vous dans la liberté de parole ou d’action de Caritas ces dernières années ?
Définitivement. Aujourd’hui, Caritas Maurice – comme Caritas dans le monde – met davantage l’accent sur le plaidoyer : dénoncer les systèmes injustes, dialoguer avec les partenaires du secteur public et privé. Nous essayons de comprendre et de dénoncer les causes profondes des problèmes, au lieu de nous limiter à des réponses superficielles.

Cette approche a permis de changer la réalité de nombreuses familles en difficulté. Elles apprécient cette nouvelle manière de faire car elles sentent que nous sommes plus à leur écoute. Nous les accompagnons pour faire valoir leurs droits auprès des institutions. Nous essayons de comprendre pourquoi elles n’avancent pas, pourquoi les structures d’aide institutionnelles peuvent parfois être violentes pour elles.

C’est une écoute active et un accompagnement sincère que nous renforçons continuellement, en mettant la personne au centre. L’amour est au cœur de notre action. Nous agissons toujours avec cette révolution de la tendresse et avec cette conviction que l’autre est d’abord un frère ou une sœur, et non simplement quelqu’un à aider.

De tous les appels du pape François – aux jeunes, aux pauvres, aux migrants, aux exclus –, lequel résonne le plus fort dans votre mission à Caritas Maurice ? Et pourquoi ?
Nous avons, à Caritas Maurice, un réel désir de mobiliser les jeunes autour de Young Caritas afin qu’ils puissent s’organiser et s’engager. Nous y travaillons activement.

Mais l’appel qui résonne le plus fort, c’est celui en faveur des familles pauvres. Il s’agit de toucher toute la cellule familiale, en accompagnant les parents, les enfants… La famille est essentielle. Cela résonne profondément en nous et dans notre mission à Caritas.

 

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