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Au service du pape François : L’expérience inoubliable de deux policiers mauriciens

Le regard chargé d’émotion, Ricardo Hurrhungee et Jean-Paul Plaiche se replongent dans ce moment unique où ils ont veillé sur le Saint-Père, lors de sa visite à Maurice en 2019. Des souvenirs encore aussi vifs que le premier jour. Voici le récit de cette expérience hors du commun.

Une mission hors du commun. Une rencontre avec l’Histoire. Et des souvenirs impérissables. Ricardo Hurrhungee et Jean-Paul Plaiche, deux policiers mauriciens, ont eu l’honneur de faire partie du dispositif de sécurité lors de la visite du pape François à Maurice, en septembre 2019. Aujourd’hui encore, leurs yeux brillent lorsqu’ils évoquent cet épisode unique. Une journée gravée à jamais dans leur mémoire. Une mission de haut vol, vécue au plus près d’un homme exceptionnel, porteur de paix et d’humanité.

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Trente ans après le passage inoubliable du pape Jean-Paul II, le pape François avait honoré notre île de sa présence en ce mois de septembre 2019. Tous se souviennent de ce pontife humble, désireux d’être vu comme un citoyen ordinaire, proche du peuple, surtout des plus vulnérables. Mais pour les autorités mauriciennes, impossible de traiter à la légère la venue d’un chef d’État de cette envergure. En matière de sécurité, rien ne pouvait être laissé au hasard : tout devait être millimétré, sans la moindre faille.

L’accueil protocolaire ne posait pas de difficulté majeure : Maurice a une solide expérience dans ce domaine, souligne Jean-Paul Plaiche. Le véritable défi résidait dans la sécurité d’une telle personnalité. Car même si le pape voulait être traité comme un hôte parmi d’autres, la vigilance devait rester maximale.

Comme tout dirigeant, le pape était accompagné de sa garde rapprochée. Mais au Vatican, il ne s’agit pas de simples agents musclés. La protection du Saint-Père est confiée à une force neutre et irréprochable : la Garde suisse. Depuis des siècles, ces soldats veillent sur le souverain pontife, reconnaissables à leur tenue colorée, toujours présents à ses côtés. Les forces de sécurité locales, dans ce contexte, avaient un rôle complémentaire.

Avant l’arrivée du pape François, les Casernes centrales avaient organisé une évaluation spéciale pour sélectionner des policiers capables d’assurer la sécurité d’un tel événement. Ricardo Hurrhunge a été choisi pour cette mission de prestige.

« Je devais épauler les agents suisses et italiens chargés de la protection rapprochée. J’étais posté sur les marches arrière de la Papamobile, en alerte permanente, oreillette en place, prêt à intervenir à tout instant », confie-t-il.

A-t-il rencontré des difficultés ? « Lors de la messe, la foule était immense, à perte de vue. Chaque mouvement, chaque tentative d’approche était soigneusement contrôlé. La sécurité du pape était notre priorité absolue », raconte Ricardo Hurrhungee.

Après la célébration eucharistique, le cortège a pris la direction de Sainte-Croix. Le passage devant les locaux de Radio Plus a déclenché une véritable ferveur populaire. « Le pape saluait les fidèles massés le long de la route, avant de rejoindre la Cathédrale pour le déjeuner avec les dignitaires. L’ambiance était indescriptible, » se souvient-il.

Dans la Papamobile, ils étaient quatre : le pape, Mgr Piat, un garde italien et lui-même. « Il y avait une atmosphère de confiance. Ma connaissance du terrain local m’a permis d’être un appui utile pour l’équipe du Vatican », ajoute Ricardo Hurrhungee.

Un souvenir marquant ? « En quittant le tombeau du père Laval, le pape a baissé les vitres pour saluer la foule. Ce geste spontané, si fidèle à sa personnalité, nous a donné quelques sueurs froides… mais quel homme ! » témoigne ce policier chevronné, père de deux filles, avec 33 ans de service.

De son côté, Jean-Paul Plaiche se souvient d’avoir accompagné la Papamobile lors de la procession jusqu’à Marie Reine de la Paix. « Je l’ai conduit de la Cathédrale jusqu’au lieu de la messe. C’était à la fois festif et extrêmement exigeant, car la foule était partout », explique-t-il. Policier depuis 31 ans, originaire de Rodrigues, il accompagne l’ancien président Cassam Uteem depuis 15 ans et avait été désigné pour seconder le chauffeur italien du véhicule pontifical.

Il décrit l’itinéraire : la Cathédrale, la rue Pope Hennessy, la rue Labourdonnais, Mgr Leen, en passant devant Radio Plus. « Après la messe, j’ai repris la Papamobile vide jusqu’au carrefour de Sainte-Croix, pour attendre le pape avant de l’escorter jusqu’au tombeau du père Laval. »

Et le contact avec le pape ? « Un homme rayonnant, profondément humain. Toujours souriant, saluant la foule d’un geste bienveillant. Cette rencontre restera à jamais gravée dans mon cœur. »

Quant à sa disparition : « Une immense tristesse. J’ai eu la chance de côtoyer un homme d’exception, porteur de paix et de bonté. Même affaibli, il a tenu à vivre ce dernier bain de foule sur la Place Saint-Pierre à Pâques… Il nous a quittés le lendemain. »

Ces deux policiers ont eu le privilège rare de servir un homme hors du commun. Un pape qui, le temps d’une visite, a transcendé les protocoles et les frontières pour embrasser l’humanité. Pour Ricardo Hurrhungee et Jean-Paul Plaiche, cette rencontre avec le pape François en septembre 2019 restera l’un des sommets de leur carrière – et de leur vie.

 

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