Maurice est-elle parvenue à tenir ses engagements sur les Millennium Development Goals des Nations unies? Le dernier rapport, rendu public mercredi, indique que sur certains points, il y a encore de gros progrès à faire. L'inégalité entre les plus riches et les plus pauvres se creuse et la femme est toujours traitée en inférieure de l'homme dans le monde du travail.
Si le ministre des Affaires étrangères, Étienne Sinatambou, se félicite de la quasi-inexistence de l'extrême pauvreté à Maurice, il a passé sous silence la prévalence de la pauvreté relative. Le ministre s'exprimait lors du lancement du National Millenium Development Goals Report 2015.
Il s'agit du dernier d'une série de quatre rapports sur les progrès accomplis par le pays concernant les Millennium Development Goals (MDGs) établis au sommet des Nations-unies en l'an 2000. Ces objectifs pour le développement devaient être atteints en 2015. Si, effectivement, selon ce rapport, Maurice a atteint ses objectifs sur l'extrême pauvreté, la pauvreté relative a gagné du terrain et l'inégalité entre les plus riches et les plus pauvres se creuse. Retour sur les principaux manquements relevés dans ce rapport.
La pauvreté relative en hausse
Le rapport MDG 2015 reconnaît que quasiment tous les objectifs dans le champ de la pauvreté ont été atteints. Moins de 1% de la population vit avec moins d'un dollar par jour (Rs 35 au taux de change actuel), soit la définition de l'extrême pauvreté. Mais Maurice pêche en ce qui concerne la pauvreté relative : la contribution des 20% les moins fortunés de la population à la consommation est en baisse. De 7.7% en 96/97, ce chiffre est descendu à 7% en 2012. Il s'agit d'un des MDGs que le pays n'a pu atteindre. De même, la proportion de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté relative a augmenté de 8.2 à 9.4% dans le même lapse de temps. L'écart entre les plus riches et les plus pauvres s'est également creusé. La part de revenus allant aux 20% au pied de la pyramide est passée de 6.4% en 2001/02 à 5.3% en 2012. Le phénomène inverse s'est produit au sommet de la pyramide : les 20% les mieux lotis amassent 47.5% des revenus en 2012 contre seulement 44% en 2001/02. Selon le rapport, la pauvreté affecte surtout les foyers avec trois enfants ou plus (25%), ceux avec des veufs, divorcés ou séparés (22%), ceux avec des chefs de famille qui n'ont pas décroché leur CPE (18%) et les foyers avec des femmes à la tête (17%). Le MDG Report 2015 commente également le problème du chômage et du casse-tête du mismatch sur le marché du travail. Il y a ainsi une plus forte demande pour des travailleurs compétents dans le domaine des services financiers, des TICs, de la santé et du tourisme. Éducation : critiques contre l'élitisme L'éducation est un domaine où Maurice peut se vanter d'avoir atteint les objectifs du MDG, avec la scolarité primaire universelle. Quelques critiques sont toutefois dirigées contre un système qualifié d'élitiste qui perpétue un taux d'échec considérable à la fin du cycle primaire et surtout une focalisation totale sur l'aspect académique. Le faible taux de collégiens qui optent pour les sciences, soit 30% au SC et 27% au HSC, est également souligné comme un problème.Égalité du genre : deux fois plus de chômeurs chez les femmes
Le taux de chômage en 2014 était à 7.8%. Chez les hommes, ce chiffre était de 5.5%, alors que pour les femmes, ce chiffre atteint les 11.4. Ces statistiques résument parfaitement l'inégalité que relève le rapport MDG en ce qui concerne la parité hommes-femmes dans le monde du travail. D'ailleurs, si la proportion de femmes salariées dans le secteur non agricole a augmenté, passant de 34.1% en 1990 à 40.2% en 2014, nous sommes loin de la parité. Les choses sont encore plus graves au niveau des salaires. «Income gap is substantial» peut-on lire dans le rapport. C'est dans les domaines comme l'agriculture, la pêche, l'artisanat, entre autres, que la disparité est la plus importante. La présence de femmes sur les conseils d'administration est également rare. Seules 5.6% des membres des conseils d'administration sont des femmes alors que 4.58% des 612 directeurs sont du sexe féminin. Autre manquement souligné : la parité au Parlement. De 7.1% de femmes en 1990, nous en sommes à 11.6 en 2014. Un chiffre qui est encore très loin du compte. Le fait que 15 des 45 Permanent Secretaries ou à des positions supérieures est cependant applaudi. Le judiciaire fait aussi bonne figure à ce niveau : 42% des juges et 68% des magistrats sont des femmes.Trop de décès chez les enfants de moins de cinq ans
Un autre domaine où Maurice peine à atteindre les objectifs fixés : le taux de décès chez les enfants de moins de cinq ans. Certes, en 1990, il y avait 23.1 de décès pour chaque millier de naissances et, en 2014, seulement 16. Mais l'objectif était de réduire ce chiffre de deux tiers. 26.3% des décès dans ce cas précis sont dus à des anomalies congénitales et 9.1% aux infections et à la septicémie peu après la naissance. En 1990, les infections intestinales étaient responsables de 18.5% des décès. Ce chiffre est descendu à zéro aujourd'hui. Il y a toutefois eu une hausse dans le nombre de décès provoqués par les anomalies congénitales qui représentaient 18.5% du total en 1990.Maternité : la moitié des accouchements par césarienne
Le nombre de césariennes ne cesse d'augmenter de manière considérable, ce qui devrait inquiéter les autorités, selon le rapport. De 28% en 2000, on avait atteint les 49% en 2014. Le ratio de mortalité des mères à l'accouchement est également un domaine où Maurice n'est pas parvenue à atteindre ses objectifs. De 66 (par 100 000 naissances) en 1990, ce chiffre est descendu à 52 en 2014. L'objectif était de descendre à 17. Pourtant, en 2002, ce ratio était descendu à 15, avant de remonter en flèche les années suivantes.Environnement : la faune endémique menacée d'extinction
La situation est alarmante pour la faune endémique: 65% des animaux étaient menacés d'extinction en 2010, ce chiffre a atteint les 89% en 2013. Toutefois, le pourcentage de plantes menacées n'a pas changé depuis 2005 (88%).Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !