
La prison de Petit-Verger, à Pointe-aux-Sables, sera transformée en centre de distribution de méthadone, destiné en priorité aux détenus, avant d’être potentiellement ouvert aux usagers de drogues. Cela constitue un tournant majeur dans la politique de lutte contre la toxicomanie à Maurice.
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La prison de Petit-Verger, à Pointe-aux-Sables, s’apprête à connaître un changement majeur. Sous l’impulsion du gouvernement, elle accueillera bientôt un centre de distribution de méthadone. Initialement réservé aux détenus, ce service pourrait être étendu aux usagers de drogues, marquant ainsi un tournant dans la lutte contre la toxicomanie à Maurice. Ce projet incarne un nouvel angle dans la prise en charge des addictions, en remplaçant l’approche répressive par une solution axée sur les soins.
Contacté, le commissaire des prisons, Dev Jokhoo, confirme l’information : « Le projet est en cours. Petit-Verger accueillera un centre de distribution de méthadone. Un protocole sera bientôt mis en place pour le transfert des détenus sous traitement vers leur nouvel espace de soin », explique-t-il. Les prisonniers actuellement incarcérés à Petit-Verger seront transférés vers d’autres établissements pénitentiaires.
La prison compte quelque 300 patients, hommes et femmes, inscrits dans le programme de substitution à la méthadone. Sur le papier, le dispositif est strict : seuls les prisonniers ayant manifesté une réelle volonté de sortir de la toxicomanie — ou ceux déjà sous traitement avant leur incarcération — peuvent y accéder. Encadrés par des médecins, des infirmiers, des agents pénitentiaires et des membres d’ONG, ils suivent un protocole rigoureux : distribution contrôlée, motivation interview, et un programme de changement comportemental dispensé par des représentants d’ONG et du département Welfare de la prison. L’ensemble est financé par le ’United Nations Office on Drugs and Crime’ (UNODC).
National Treatment Centre
Cette réorientation de Petit-Verger n’est pas née de nulle part. Dès 2018, la Commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, avait recommandé que l’ancienne prison soit transformée en « National Treatment Centre ». Mais à l’époque, l’idée avait été rejetée par le département pénitentiaire et, surtout, par le ministère de la Santé. Leur argument : le pays comptait déjà suffisamment de centres de traitement pour toxicomanes. La proposition avait été enterrée sans débat public.

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