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Budget 2025-26 : quelle suite pour les allocations sociales?

Le social devrait avoir une place importante dans le prochain Budget, selon le ministère des Finances.

Les consultations prébudgétaires se poursuivent. Une des grandes interrogations concernant le premier Budget du gouvernement en place porte sur l’avenir des allocations sociales.

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Le premier Budget de l’Alliance du Changement sera scruté avec attention. Le bilan économique hérité de l’ancien régime, régulièrement mis en avant par l’actuel gouvernement, suscite de nombreuses questions. Qu’adviendra-t-il des différentes aides sociales actuellement en vigueur ?

Ce sujet a d’ailleurs été évoqué récemment à l’Assemblée nationale par le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, qui a exhorté le gouvernement à préserver les principales allocations sociales dans le cadre du prochain Budget. Il a notamment insisté sur la nécessité de maintenir le bonus du 14e mois, l’allocation pour enfants, la Contribution Sociale Généralisée (CSG) ainsi que le salaire minimum.

Lors de son intervention, Joe Lesjongard a également mis en avant l’importance de la CSG Income Allowance, qu’il considère comme un soutien financier essentiel pour les familles mauriciennes. Selon lui, cette mesure est particulièrement pertinente dans le contexte économique actuel, marqué par l’inflation, la hausse du taux directeur (repo rate) et l’augmentation des prix des carburants. Il a invité l’exécutif à porter une attention spécifique au maintien de cette aide. « Je demande au gouvernement d’accorder une attention particulière au maintien de cette aide pour tous les bénéficiaires, car elle soutient de nombreuses familles mauriciennes », a-t-il déclaré.

Le Junior Minister aux Finances, Dhaneshwar Damry, avait expliqué que le social serait au cœur du prochain Budget. Il reste cependant difficile de dire si certaines allocations seront réduites ou supprimées. Le contexte économique décrit dans le rapport State of the Economy devrait peser dans la balance.

Comme le souligne le Dr Vinaye Ancharaz, la dette publique représente environ 90 % du Produit Intérieur Brut (PIB). L’agence Moody’s surveille étroitement la mise en œuvre d’un plan de consolidation fiscale par le gouvernement. S&P Global et le Fonds monétaire international (FMI) insistent également sur cette nécessité dans leurs derniers rapports.

Ces institutions semblent parler d’une même voix et recommandent un meilleur contrôle des dépenses courantes du gouvernement. La charge sociale — comprenant pensions et allocations — représente près d’un tiers du budget national. Le gouvernement envisagera-t-il de réduire la pension ?

Pour le Dr Vinaye Ancharaz, une telle décision serait impopulaire. « D’un point de vue purement économique, le gouvernement sera obligé de revoir certaines allocations. Une consolidation fiscale implique un meilleur contrôle des dépenses sociales. Le gouvernement essaiera de trouver un équilibre entre les impératifs politiques et économiques. Cela signifie qu’il ne supprimera pas totalement la CSG Allowance, mais pourrait la réduire », avance-t-il.

L’économiste critique aussi l’ancien régime, qu’il accuse d’avoir utilisé l’ensemble des fonds collectés via la CSG pour augmenter le salaire minimum et instaurer un revenu minimum garanti. Le déficit du fonds pour l’année 2024-25 est estimé à Rs 9 milliards. « Le salaire minimum est inscrit dans la loi, contrairement au revenu minimum garanti. L’actuel gouvernement a le droit de revoir ce dernier », argue-t-il.

L’apport des allocations

Les allocations sociales distribuées ces dernières années ont-elles réellement atteint leur cible ? Pour Bernard Saminaden, observateur politique et économique, il est temps de repenser en profondeur la logique qui sous-tend ces aides financières.

S’il reconnaît l’intention d’aider les plus vulnérables, il dénonce un manque de rigueur dans la gestion de ces fonds, qualifiant certaines décisions de « populistes », aux effets négatifs sur l’économie.
« Ces allocations sociales ont été données. C’est une très bonne chose. Tout ce qui est gratuit fait plaisir », concède-t-il. Toutefois, il estime qu’une politique mieux pensée aurait été plus efficace. « On n’a jamais mené d’étude sur l’impact de ces allocations sur l’économie du pays », déplore-t-il.
Il ne s’agit pas, selon lui, de remettre en question le principe d’aide sociale, mais plutôt son ciblage. « C’est bien de donner des allocations aux plus démunis, mais on ne peut pas offrir des aides à des personnes ayant un salaire, une entreprise ou de hauts revenus », poursuit-il.
D’après lui, un système de ciblage précis est indispensable pour aider uniquement ceux qui en ont vraiment besoin, évitant ainsi le gaspillage.

Réduire la pression sur les prix

Face à la cherté de la vie, Bernard Saminaden suggère une approche plus stratégique en matière de diplomatie économique. Maurice importe environ Rs 80 milliards de produits. Il propose de renforcer la présence diplomatique dans des pays ciblés comme le Brésil, producteur de denrées à bas prix.

Il cite en exemple les produits alimentaires brésiliens déjà présents sur le marché local : saucisses, canards, huile de soja. « Ces produits coûtent 50 % moins cher que ceux importés d’autres pays. Il faut négocier avec des partenaires comme l’Afrique du Sud. Cela réduirait la pression sur les Mauriciens. Le problème fondamental, c’est la nourriture », affirme-t-il.

Un recentrage des politiques sociales autour des besoins réels des plus vulnérables, une rationalisation des dépenses publiques, ainsi qu’un renforcement des partenariats économiques internationaux, pourraient selon lui alléger le panier de la ménagère.

« On donne de l’argent pour que les gens puissent manger, mais il faut aussi s’attaquer à la véritable cause : le coût de la nourriture », conclut-il.

 

 

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