Fête des travailleurs : un 1er-Mai entre revendications sociales et stratégies politiques

Le 1er-Mai, est un moment de reconnaissance du rôle fondamental des travailleurs dans le développement du pays, mais aussi une journée marquée par les prises de parole politiques et les revendications syndicales. Cette année, l’événement prend une tournure singulière, dans un contexte post-électoral où l’Alliance du Changement, au pouvoir depuis novembre 2024, entend mobiliser ses partisans avant les municipales prévues le 4 mai.

Edward VII : point de ralliement pour le pouvoir

C’est à Rose-Hill, plus précisément sur la place Edward VII, que l’Alliance du Changement donne rendez-vous à ses sympathisants pour son grand rassemblement du 1er-Mai. Cette coalition, formée par le Parti travailliste, le MMM, Rezistans ek Alternativ et les Nouveaux Démocrates, s’affirme désormais comme la principale force politique du pays.

Kushal Lobine, député des Nouveaux Démocrates, souligne l’importance symbolique et stratégique de cette journée : « Ce 1er-Mai s’aligne avec les municipales. Ce sera une journée de reconnaissance, de partage et de mobilisation. L’Alliance du Changement reste fidèle à son engagement de proximité, et le rendez-vous est donné pour ce jeudi à Rose-Hill. »

Un Reform Party tourné vers le numérique

Le Reform Party de Roshi Bhadain opte pour une approche différente. À défaut d’un rassemblement physique, le parti tiendra un e-meeting, diffusé en ligne. Selon les informations disponibles, les préparatifs sont en cours pour proposer un contenu axé sur la réflexion et l’analyse, en phase avec les priorités sociales et économiques du moment. L’objectif est d’offrir une plateforme accessible et moderne aux partisans du mouvement.

Pas de mobilisation pour le MSM et le PMSD

Du côté du Mouvement Socialiste Militant (MSM), aucune activité n’est prévue en ce jour symbolique. L’ancien parti au pouvoir reste en retrait des mobilisations traditionnelles.
Même son de cloche chez le PMSD. Joint au téléphone, Mamad Khodabaccus confirme que les Bleus n’organiseront pas de rassemblement cette année : « Ce sera une journée de réflexion. Nous ne souhaitons pas occuper la place publique, mais plutôt laisser les travailleurs célébrer leur contribution dans le calme et la dignité. »

En Avant Moris privilégie la sobriété 

Dans une démarche marquée par le respect et la retenue, le parti En Avant Moris, dirigé par Patrick Belcourt, n’organisera pas non plus de rassemblement. Un dépôt de gerbes à Rose-Hill est prévu en hommage aux travailleurs. « C’est un moment de respect. Nous voulons honorer les travailleurs du pays et leur souhaiter force, courage et détermination. Ce n’est pas un jour pour la politique-spectacle. »

Les syndicats au cœur des revendications

Au-delà de la scène politique, les organisations syndicales restent fidèles à l’esprit du 1er-Mai. La Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) prévoit une marche symbolique depuis ses bureaux à Rose-Hill jusqu’au monument des travailleurs, afin de rendre hommage à celles et ceux qui ont œuvré pour l’économie nationale.

Jane Ragoo, de la CTSP, souligne l’importance de ne pas relâcher la vigilance : « Ce jour est dédié aux travailleurs, mais les pressions demeurent. Le 7 avril dernier, Business Mauritius a écrit au Premier ministre pour revoir la loi sur la relativité salariale. C’est un signal préoccupant. » Elle met également en garde contre un Budget qui risque de ne pas répondre aux attentes sociales.

Un hommage aux travailleurs en situation de handicap

Le Mauritius Labour Congress (MLC), en collaboration avec la Global Rainbow Foundation présidée par Armoogum Parsooraman, organise un dépôt de gerbes à la stèle d’Anjalay Coopen, à Plaine-des-Papayes.

Ce moment de recueillement sera suivi d’un hommage aux travailleurs victimes d’accidents de travail. « Nous allons rendre visite à des travailleurs blessés, devenus handicapés, qui ont dû cesser toute activité professionnelle. Ce geste vise à envoyer un message clair au ministère de la Sécurité sociale. Certaines de ces personnes ne reçoivent toujours pas de pension d’invalidité », explique Haniff Peerun. Une rencontre est prévue dans l’après-midi à Quatre-Bornes pour un temps de partage et de dialogue avec les personnes concernées.