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Mesures sanitaires contre le chikungunya: quatre communiqués de MK en 24 heures sèment la confusion chez les voyageurs

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Avec l’épidémie de chikungunya qui se propage à La Réunion, Air Mauritius a publié en l’espace de 24 heures quatre communiqués successifs, comportant des différences, sur le renforcement des mesures sanitaires, suscitant inquiétude et confusion chez de nombreux voyageurs.

La première communication d’Air Mauritius, émis par son département Communications & Corporate Affairs, sous la houlette de Joël Toussaint, datée du dimanche soir le 6 avril 2025, annonçait une mesure immédiate : « Les mesures sont effectives dès ce dimanche 06 avril 2025 ». Elle imposait à tous les passagers en provenance de La Réunion ET de Rodrigues la présentation d’un test RT-PCR négatif au chikungunya effectué dans les 48 heures précédant le départ, sans mention d’exception. D’ailleurs, le sous-titre du communique se lit comme suit « Certificat de test RT-PCR obligatoire pour les passagers en provenance de La Réunion et de Rodrigues ».

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Trois communiqués ont été émis au courant de la journée de lundi suivant le cafouillage parmi des passagers en provenance de Rodrigues, ce jour-là. 

Le bureau de l’Immigration était chargé de faire appliquer cette règle, les contrevenants étant susceptibles d’être placés « en garde à vue jusqu’à leur expulsion de Maurice ou de Rodrigues ».

Le lendemain, le 7 avril, un deuxième communiqué modifiait les règles. Tout en maintenant l’obligation de test RT-PCR pour les voyageurs en provenance de La Réunion, et non plus de Rodrigues, l’entrée en vigueur de la mesure était repoussée : « Les mesures seront effectives à partir du 08 avril 2025 ». Surtout, des exceptions apparaissent : « Les mesures de contrôle ci-dessus ne s’appliqueront pas aux citoyens Mauriciens, aux résidents de Maurice, aux membres d’équipage et aux passagers en transit voyageant de La Réunion vers Maurice et en transit à Maurice pour une durée inférieure à 24 heures, à condition que le passager ne quitte pas l’aéroport et ne soit pas en transit à Maurice pour se rendre à Rodrigues ».

Ces précisions visaient à clarifier les cas spécifiques, mais elles ont aussi introduit un élément de fluctuation réglementaire, perçu comme une source d’incertitude pour les passagers.

Le troisième communiqué, publié quelques heures plus tard le 7 avril à 14h45, repousse à nouveau la date d’entrée en vigueur : « Les mesures seront effectives à partir du 09 avril 2025 ». Ce n’est donc plus le 6 ni le 8 mais le 9 avril que les mesures deviennent effectives. Ce troisième communiqué reprend l’exception introduite précédemment pour certaines catégories de passagers. Aucun changement de fond n’est apporté, mais ce glissement de calendrier – de 6 avril à 8 avril, puis à 9 avril – ajoute à l’incompréhension des voyageurs, en particulier ceux ayant prévu de voler entre-temps.

Enfin, un quatrième communiqué, mis en ligne le 7 avril à 14h57, précise que l’interdiction s’applique uniquement à « entrer sur le territoire mauricien », alors que les versions précédentes indiquaient aussi qu’aucun passager de La Réunion ne sera autorisé à entrer « ou à transiter sur le territoire mauricien », à moins d’avoir effectué un test PCR pour le chikungunya dans les 48 heures précédant la date de départ. 

Cette formulation peut prêter à confusion, puisqu’elle laisse entendre que les passagers en simple transit pourraient ne pas être concernés, alors qu’ils le sont si le transit dépasse 24 heures ou implique « un transit à Maurice pour se rendre à Rodrigues ».

Joël Toussaint : « Pas de cafouillage mais des mises à jour »

Air Mauritius réfute toute accusation de cafouillage dans la diffusion d’informations relatives aux nouvelles exigences sanitaires imposées aux voyageurs en provenance de La Réunion. Selon Joël Toussaint, responsable de la communication, les ajustements successifs dans les communiqués publiés le 6 et le 7 avril s’expliquent par des modifications émanant des autorités compétentes. « Ce sont des mises à jour. Il n’y a pas eu de cafouillages à notre niveau », affirme Joël Toussaint, interrogé lundi soir. Il souligne que les informations partagées par Air Mauritius sont directement liées aux Notice to Airmen (NOTAM), des avis officiels émis par le Department of Civil Aviation (DCA), l’autorité de tutelle du secteur aérien et auxquels Air Mauritius a l’obligation de se plier.

Date différente entre le document faisant état des mesures du conseil des ministres et le communiqué de MK 

Deux NOTAM ont été émis dans ce contexte : « Il y a eu une NOTAM 98 et puis la NOTAM 99, et on a donc dû remettre à jour », explique le porte-parole. Initialement, les mesures sanitaires devaient entrer en vigueur le 6 avril. « Les autorités ont changé de date pour passer au 9 avril », poursuit-il, précisant qu’Air Mauritius s’est contentée de répercuter ces modifications.

Selon Joël Toussaint, des confusions existaient déjà dans le premier NOTAM : « Dans la NOTAM 98, il y avait de la confusion initialement. Ça arrive qu’une erreur se glisse sous la pression. Donc eux, ils ont corrigé et nous l’avons fait par la suite. » Les changements n’ont pas uniquement concerné la date d’entrée en vigueur, mais aussi « les éléments concernant le transit », ajoute-t-il.

Controverse -  Le premier Communiqué de MK dimanche  sème la confusion

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Le document évoquant les décisions du conseil des ministres  est bien plus précis par rapport aux passagers concernés par cette mesure contrairement au communiqué d’Air Mauritius.  

Certificat de test RT-PCR obligatoire pour les passagers en provenance de La Réunion et de Rodrigues

En raison de la prévalence de l’épidémie de chikungunya à La Réunion, les autorités mauriciennes, et le Département de l’Aviation civile (DCA) en particulier, ont renforcé leurs mesures de contrôle pour les passagers en provenance de La Réunion et de Rodrigues. 

Les mesures sont effectives dès ce dimanche 06 avril 2025.  

Aucun passager ne sera autorisé à entrer ou à transiter sur le territoire mauricien, à moins d’avoir effectué un test PCR pour le chikungunya dans les 48 heures précédant la date de départ. Les passagers devront présenter une copie du certificat de test RT-PCR pour le chikungunya, attestant d’un résultat négatif, avant l’embarquement à La Réunion. Ils devront également présenter ce certificat à l’arrivée aux autorités sanitaires présentes à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam à Maurice. 

Toute personne se rendant à Maurice ou Rodrigues en infraction des régulations sanitaires 2025, concernant l’évaluation de santé des passagers en provenance de La Réunion, se verra refuser l’accès à Maurice ou à Rodrigues par l’office de l’immigration. Les contrevenants seront placés en garde à vue jusqu’à leur expulsion de Maurice ou de Rodrigues.

Cette mesure exceptionnelle est de nature temporaire et devrait s’appliquer sur un mois. Elle a été envisagée pour veiller scrupuleusement aux besoins partagés de protection sanitaire pour l’ensemble des pays de la zone du sud-ouest de l’océan Indien. 

Air Mauritius remercie ses passagers pour leur compréhension ainsi que pour leur participation à cet effort collectif d’une île à l’autre. 


Décalage entre les premiers communiqués et les dispositions du Cabinet

Le Conseil des ministres, dans sa réunion du vendredi 5 avril 2025, a pris acte de la situation épidémiologique : « 19 cas locaux et sept cas importés [avaient] été rapportés à Maurice au 1er avril », tandis que trois cas étaient détectés à Rodrigues, dont deux importés. Face à cette situation, il a été décidé que les Chikungunya (Health Assessment of Incoming Passengers from Reunion Island) Regulations 2025 entreront en vigueur le 9 avril 2025, jusqu’au 8 mai 2025.

Ces mesures imposent la présentation d’un test PCR négatif au chikungunya pour tout passager en provenance de La Réunion. Les citoyens et résidents de Maurice, les membres d’équipage des compagnies aériennes et maritimes, ainsi que les passagers en transit sont exemptés.

Mais dès le 6 avril, la compagnie d’aviation publiait un premier communiqué annonçant que « les mesures sont effectives dès ce dimanche 06 avril 2025 », soit trois jours avant leur entrée en vigueur officielle. Cette date sera ensuite repoussée deux fois dans des communiqués ultérieurs, d’abord au 8 avril, puis finalement au 9 avril, s’alignant sur le calendrier officiel. Ce revirement progressif a contribué à désorienter les passagers.

Un décalage sur le fond et la forme

Outre cette confusion sur la date, le premier communiqué de la compagnie ne faisait état d’aucune exception. Il laissait entendre que tous les passagers en provenance de La Réunion et de Rodrigues, sans distinction, étaient soumis à l’obligation de test. Ce n’est que dans les deuxième et troisième communiqués, publiés les 7 avril, que les exemptions prévues par le Conseil des ministres ont été introduites.
Une autre divergence concerne le régime des sanctions. Le Conseil des ministres précise que « toute personne qui contrevient aux règlements encourt une amende n’excédant pas Rs 10 000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans ». En revanche, Air Mauritius évoquait une mise en garde à vue suivie d’une expulsion en cas de non-présentation du test, un langage plus répressif.

Perturbations sur le vol de Perth lundi

Suite à une panne de l’appareil NBV d’Air Mauritius, plusieurs vols ont été annulés ce week-end, entraînant d’importantes perturbations. Le vol à destination de Perth, suivi de celui à destination de Londres-Gatwick, ont été annulés en raison de défaillances de certaines pièces de l’appareil.

Cette situation a causé confusion et mécontentement parmi les passagers, qui se trouvaient pour la plupart déjà à l’aéroport ou en route au moment de l’annulation. Bien que la compagnie ait tenté de les contacter par téléphone, certains passagers n’ont pas pu être joints, mais des notifications leur ont été envoyées par SMS et par email.

Contacté à ce sujet, Joël Toussaint, responsable de la communication d’Air Mauritius, a précisé que l’appareil est actuellement en réparation et que la situation devrait être rétablie dans les 12 heures à venir. Concernant le vol à destination de Londres-Gatwick, les passagers ont été pris en charge et hébergés dans des hôtels, a-t-il ajouté. Les réparations de l’appareil NBV sont en cours, et la reprogrammation des vols devrait reprendre normalement cette semaine.

Communication floue et précipitée ? 

Sur la page Facebook du Défi Media Group, de nombreux internautes ont exprimé leur exaspération face à ce qu’ils considèrent comme « une communication floue et précipitée ». Voici quelques morceaux choisis :

« Expulsion, le mot est fort. Rapatriement aurait été mieux je pense », écrit Rouillon Yvon, réagissant à la formulation utilisée dans les communiqués d’Air Mauritius. D’autres, comme Cindy Mincato, contestent la pertinence même de la mesure : « Ils sont au courant que le chikungunya ne s’attrape pas dans l’air ? Maurice, y a pas de moustiques ? » Des passagers en partance ou ayant déjà réservé leur séjour se disent pris de court. « Je viendrais en vacances chez vous le lundi 28 avril. Pourriez-vous me dire quand je dois faire mon test PCR ? », demande Stéphane Leger, évoquant le délai de 48 heures imposé et la durée d’attente des résultats. D’autres, à l’instar de Nat Al, soulèvent des contraintes logistiques : « Le souci, je serai dans l’avion 8 heures avant. Comment faire le test PCR ? Je sors de Paris, je vais juste prendre l’avion à La Réunion. » Pour certains, cette confusion révèle un problème plus large de gouvernance. « Toujours l’amateurisme et l’apeuprisme qui caractérisent tout à l’île Maurice », commente Pritum Auckle. D’autres ironisent sur les moyens de communication utilisés : « Bizin fer cabinet decision en créol aster pu Air Mauritius compren bien », écrit Shaffick Hamuth.

Au-delà des critiques sur le fond, la méthode soulève également des préoccupations d’ordre économique. « Franchement cela va vous faire perdre les vacanciers de La Réunion et même moi je ne viendrai pas, tapis. Déjà que c’est le billet d’avion le plus cher », regrette Christel William. (Les commentaires ont été publiés dans leur version originale)

 

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