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Madagascar : la tension monte dans la rue avant la présidentielle

A moins de deux semaines de la présidentielle, la tension est montée d'un cran samedi à Madagascar, où les forces de l'ordre ont empêché une manifestation de l'opposition à coups de gaz lacrymogènes dans la capitale Antananarivo.

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Le premier tour du scrutin est prévu le 16 novembre. Mais la grande île de l'océan Indien est secouée depuis des semaines par une bataille féroce entre le pouvoir et une dizaine de candidats qui s'opposeront dans les urnes au président sortant Andry Rajoelina.

Rassemblés dans un collectif, mariage de convenance au sein duquel chaque membre se lance individuellement dans la course à la fonction suprême, les opposants appellent régulièrement depuis plus d'un mois à descendre dans la rue. Ils dénoncent "un coup d'Etat institutionnel" orchestré selon eux par M. Rajoelina en vue du scrutin.

Ces manifestations ont été systématiquement dispersées par les forces de l'ordre avant qu'une "tolérance" des autorités ne soit dernièrement appliquée. Mais la place du 13 Mai à Antananarivo, lieu hautement symbolique et théâtre historique des contestations politiques sur l'île, est restée un terrain défendu pendant la campagne électorale.

Début octobre, les forces de l'ordre avaient tué dans l'oeuf à coups de gaz lacrymogènes une tentative de rassemblement sur la place.

La blessure au visage d'un candidat de l'opposition par un éclat de grenade lacrymogène avait conduit au report d'une semaine du scrutin, initialement prévu le 9 novembre.

Les Etats-Unis et l'Union européenne, qui avaient déclaré suivre avec "la plus grande vigilance" la campagne électorale, ont dénoncé un usage disproportionné de la force.

N'abandonnant pas le bras de fer, le collectif d'opposants à une nouvelle fois appelé samedi à s'emparer des lieux, malgré une interdiction préfectorale.

Le gouvernement a regretté mercredi dans un communiqué "un acte de provocation inadmissible et fustigé des candidats qui "ont manifesté publiquement une +volonté de renverser le pouvoir+ en place et entraver la tenue des élections".

- "Révolte dans la rue" -
En fin de matinée, des cortèges de quelques centaines de manifestants se sont regroupés dans plusieurs quartiers de la capitale pour rejoindre la place. Aux alentours de 09H00 GMT, les forces de l'ordre ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes à plusieurs endroits simultanément, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Arrêtez de tirer sur nous, vous nous faites mal, vous nous faites pleurer! On ne fait que revendiquer nos droits", a hurlé une manifestante en direction des gendarmes.

Les cortèges ont été dispersés bien avant d'atteindre les lieux, certains à encore plus d'un kilomètre de la place du 13 Mai, gardée comme une forteresse par des forces de l'ordre déployées en nombre et restée déserte.

Les détonations de grenades lacrymogènes ont résonné pendant plusieurs heures, selon une journaliste de l'AFP. Dans certains quartiers, des riverains venus faire le marché ont fui en courant.

"Il faut que les choses changent. Ce n'est que par la révolte dans la rue qu'on y arrivera", est convaincu Eddy, un étudiant de 19 ans.

Treize candidats sont en lice pour la présidentielle. Andry Rajoelina, 49 ans, avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant Marc Ravalomanana.

Les deux hommes avaient été interdits de se présenter en 2013, dans le cadre d'un accord de sortie de crise validé par la communauté internationale. M. Rajoelina avait ensuite été élu en 2018.

L'opposition dénonce une série de récentes mesures favorisant, selon elle, M. Rajoelina. Parmi celles-ci, le rejet en septembre par la plus haute juridiction du pays de trois recours réclamant l'invalidation de sa candidature "pour défaut de nationalité malgache".

Fin juin, des informations divulguées dans la presse ont en effet révélé que le président avait été naturalisé français en catimini en 2014, déclenchant une polémique dans le pays.

Les requérants affirmaient que, selon le code de la nationalité malgache, Andry Rajoelina a en devenant français perdu sa nationalité malgache, et ne peut dès lors ni se présenter à une élection, encore moins diriger le pays.

© Agence France-Presse

 

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