La décision de mettre en liquidation les deux usines de textile a été un coup dur pour les employés. Ceux-ci attendaient un dénouement positif suite à la réunion des créanciers au Taher Bagh Hall, à Port- Louis, le vendredi 15 novembre 2019.
Pourtant, conformément aux dispositions de l’Insolvency Act, les créanciers avaient trois options : mettre fin à l’administration des deux usines en rendant leur gestion aux directeurs, élaborer un compromis avec les créanciers à travers un Deed of Company arrangement ou mettre les compagnies en liquidation. C’est malheureusement la troisième solution qui a été adoptée, mettant un terme à tout espoir que les usines continuent à opérer. Les 550 employés des deux usines sont donc fixés sur le sort des usines. Reste maintenant une toute autre bataille à enclencher, explique leur représentant syndical, Faizal Ally Beegun.
Le syndicaliste explique que, dans l’immédiat, la principale préoccupation des employés (300 Bangladeshi, 50 Malgaches et 200 Mauriciens) est de pouvoir toucher une compensation adéquate. à l’approche des fêtes de fin d’année et envisageant leur futur pour l’année prochaine, ils ont besoin de leurs salaires et d’une compensation. « Nous allons nous assurer qu’ils obtiennent leur dû en respect avec la nouvelle loi du travail, le Workers Rights Bill, votée cette année ».
Faizal Ally Beegun explique également qu’il faut traiter un autre aspect du problème, celui du redéploiement. Pour les employés étrangers, il ne devrait pas y avoir d’obstacles majeurs. « Ceux qui veulent rester devraient être redéployés vers d’autres usines. Ceux qui veulent retourner dans leur pays pourront obtenir leur billet de l’administrateur », explique le syndicaliste.
Le plus gros souci reste cependant les employés mauriciens de ces deux usines. Beaucoup d’entre eux ne retrouveront pas un emploi aussi facilement. Certains ont plus de 50 ans et se sont donnés corps et âme à leur employeur. « Les patrons des autres usines sont moins enclins à recruter des personnes avec de l’expérience. Ils préfèrent des jeunes ou des travailleurs étrangers. C’est une réalité malheureuse. C’est pour cette raison que je lance un appel au gouvernement pour trouver une solution. Il faut à tout prix sauver le secteur du textile, qui est à bout de souffle », explique Faizal Ally Beegun.
C’est pour toutes ces raisons que les employés et leur représentant syndical auront une réunion tripartite ce lundi au ministère du Travail. « Dans cette réunion, il y aura les cadres du ministère, les liquidateurs et les employés », explique le syndicaliste.
Les employés du secteur du textile et de la zone franche ont subi bien des drames en 2019. Avec la fermeture de plusieurs usines, des milliers d’employés se sont retrouvés sur le pavé. Chez Tara Knitwear et Rossana Textiles, on compte environ 200 Mauriciens, dont une quinzaine de couples, qui y ont travaillé pendant plus d’une dizaine d’années. « Nous ne savons pas quoi faire. à notre âge, où allons-nous retrouver de l’emploi ? à l’approche des fêtes de fin d’année, on nous annonce une telle nouvelle ! Ce n’est que lundi que nous aurons plus d’informations », nous explique un des employés, qui a passé une trentaine d’années au service de la compagnie. C’est le sentiment général qui règne chez les employés mauriciens de l’usine, avance leur représentant syndical. Il nous révèle que la situation est plus compliquée pour ces couples qui travaillent dans les usines. « Que feront ils avec aucune rentrée d’argent ? » se demande-t-il. « Il est maintenant important qu’ils obtiennent une compensation juste et une attention particulière de la part du gouvernement », ajoute-t-il.
Les usines souffraient d’un problème de liquidités depuis l’arrêt des opérations de leur client principal en juin 2019. Cette situation a poussé la direction des deux usines à placer les deux sociétés sous administration le 21 août 2019, en vue de trouver une solution pour les sauver. « Il nous revient aussi que les administrateurs ont reçu deux offres qui ont été refusées », explique Faizal Ally Beegun. Le client principal des deux sociétés (à hauteur de 70 % des commandes) était Tex Services Ltd, une autre usine qui a mis les clés sous la porte en juillet de cette année, elle aussi étant sujette à des difficultés financières.
Les créanciers votent pour la liquidation de Tara Knitwear et Rossana Textiles
Les créanciers des usines Tara Knitwear et Rossana Textiles (Tara-Rossana) ont voté pour la liquidation des deux entités avec Georges Chung Ming Kan et Afsar Ebrahim nommés comme liquidateurs. C’est ce qu’il ressort d’une réunion organisée par les administrateurs pour faire le point sur la situation financière des usines depuis la mise sous administration le 21 août dernier. Les usines souffraient d’un problème de liquidité depuis l’arrêt des opérations de son client principal en juin, indique Georges Chung Ming Kan. Une situation qui a poussé la direction de Tara-Rossana à placer les deux sociétés sous administration en vue de trouver une solution pour les sauver. Les liquidateurs procèderont à la vente des actifs des deux sociétés et au remboursement des créanciers selon l’Insolvency Act. Au cours de ces deux mois d’administration, les administrateurs se sont attelés à trouver les fonds nécessaires pour le paiement des salaires des mois de juillet et d’août, maintenir et chercher de nouvelles commandes pour garder l’usines à flot et renflouer les caisses tout en cherchant activement un repreneur. Tous les salaires dus ont été payés aux employés dans leur intégralité. En ce qu’il s’agit de la recherche du repreneur, les administrateurs avaient reçu deux offres au total, mais celles-ci n’étaient pas recevables n’étant pas en accord avec les critères de vente.
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