Légitimité de Ramgoolam comme leader : trois écoles de pensée s’affrontent au PTr 

Depuis la défaite de l’Alliance Nationale aux législatives 2019, la légitimité de Navin Ramgoolam en tant que leader du Parti travailliste fait couler beaucoup d’encre. Si certains au sein même des rouges estiment que l’ancien Premier ministre doit raccrocher les crampons, d’autres toutefois estiment qu’il a toujours sa place dans la course politique. 

Contexte

« Navin Ramgoolam, qui était un leader démocratique, est devenu un autocrate arrogant et paranoïaque. » Cette réplique cinglante est celle de Yatin Varma, qui a livré, sur son blog, son point de vue sur le leader du Parti travailliste ( PTr). Rama Valayden parle, pour sa part, de laisser la place aux jeunes. Quant à Arvin Boolell, fraîchement désigné leader de l’opposition, il a déclaré sur les ondes de Radio Plus qu’un « leader ne peut rester quand le stade se vide de ses spectateurs », avant de nuancer ses propos en disant « que le leadership de Navin Ramgoolam n’est pas remis en question à ce stade ».

Primo, s’il y a un fait qui ne peut être remis en question c’est que le leader des rouges ne s’est pas fait élire aux deux dernières législatives : dans la circonscription no 5 (Pamplemousses/Triolet) en 2014 et dans la circonscription no 10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est) en 2019. Certains au sein même du parti pensent que ces défaites reflètent le déphasage de Navin Ramgoolam avec l’électorat. 

Sans compter des propos qu’il a proférés et qui auraient utilisés hors contexte par ses adversaires à la veille des élections. Serait-ce par manque de lucidité qu’il s’est exprimé ouvertement, quand on sait que chaque rival avait une équipe de communication qui surveillait la moindre déclaration et discours politique des autres partis ? 

Secundo, il est question d’un parti non structuré qui ne fonctionnerait plus depuis 2005, et ce bien qu’une nouvelle constitution et une nouvelle structure aient été mises en place en 2000. Le fonctionnement même du parti aurait été négligé. Il faudra d’ailleurs attendre 2019, lors du congrès annuel du PTr, pour renouveler les instances. C’est là que Navin Ramgoolam a été reconduit comme leader du parti et Patrick Assirvaden comme président du PTr. D’autres postes à responsabilités sont restés vacants après des départs. Le dernier congrès annuel du PTr s’était tenu avant les législatives de 2014. 

1re école de pensée 

Des sources au sein du parti indique que trois écoles de pensée s’affrontent en ce moment au PTr en ce qui concerne la légitimité du leadership de Navin Ramgooolam. La première école considère que ce dernier doit raccrocher les crampons et laisser la place de leader du PTr à Arvin Boolell, qui jouit d’une certaine popularité depuis la partielle de 2017 au no 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes) ou encore à Shakeel Mohamed, qui a été chef de file du PTr à l’Assemblée nationale durant le dernier mandat. Le nom d’Anil Bachoo est aussi évoqué, sauf que ce dernier n’est pas non plus en bonne position vu qu’il souffre lui aussi de deux défaites consécutives. 

2e école de pensée

La deuxième école de pensée est elle aussi d’avis que Navin Ramgoolam doit céder le leadership du PTr à un autre. Sauf qu’elle ne voit personne apte à le remplacer à la tête du parti. « Beaucoup veulent que Navin Ramgoolam parte, mais personne n’ose lui faire la suggestion quand les instances se réunissent », explique une source. 

3e école de pensée 

La troisième école de pensée soutient Navin Ramgoolam, surtout après que les accusations dont il faisait l’objet dans l’affaire des coffres-forts ont été rayées le vendredi 15 novembre en Cour intermédiaire. Ce courant de pensée considère que c’est une occasion en or pour le leader des rouges de se refaire une santé et de se repositionner sur l’échiquier politique. Il faudra cependant attendre la prochaine réunion du bureau politique du PTr pour connaître la décision sur la question. Ce qui ne devrait pas tarder.