
Il avait tendu la main aux oubliés, parlé d’amour dans un monde fracturé. À Maurice, fidèles et responsables politiques se souviennent d’un homme qui, jusqu’à son dernier souffle, a incarné l’espérance.
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Prithviraj Roopun : « Il a incarné des valeurs universelles »
Prithviraj Roopun, ex-président de Maurice, s’exprime avec émotion à la suite du décès du pape François. Un homme qui, dit-il, a marqué l’histoire du monde de manière indélébile. Ministre des Arts et du patrimoine culturel lors de la visite papale historique à Maurice le 9 septembre 2019, il se souvient de cet instant unique : « Sa disparition me bouleverse profondément, car le pape François a incarné des valeurs universelles qui transcendent les frontières. Il a pris des décisions courageuses, des choix qui ont eu un impact réel sur le monde. »
Le pape François, figure d’une foi inébranlable et d’une compassion sans bornes, a démontré, même dans ses derniers jours, ce qu’était véritablement la résilience humaine. Malgré sa maladie, il a continué d’inspirer les foules et d’incarner l’espoir pour des millions de personnes. « Ce fut un combattant, un homme de foi et de courage. Sa force intérieure et son dévouement à servir les autres, jusqu’à son dernier souffle, montrent toute la grandeur de sa mission », dit Prithviraj Roopun, soulignant l’humanité et la détermination qui ont guidé le pape jusqu’à la fin de sa vie.
La visite du pape à Maurice restera à jamais gravée dans la mémoire de tous ceux qui ont eu la chance de le rencontrer. Pour Prithviraj Roopun, cela représente un souvenir inestimable. « Nous avons eu l’opportunité de le voir de très près, de le côtoyer, et cela restera un moment fondamental de notre histoire. »
Jean-Claude Latreille : « J’ai trouvé en lui un guide »
Jean-Claude Latreille n’a pas besoin d’une médaille ou d’un chapelet pour se souvenir. Le matin du 9 septembre 2019, il était là, sur le parvis de la cathédrale Saint-Louis à Port-Louis. Le pape François venait à la rencontre des fidèles. « Il était à une dizaine de mètres de moi. Ce fut le plus beau jour de ma vie », se remémore-t-il.
À 68 ans, cet habitant de Quatre-Bornes ne manque pas un office important. Ce jeudi 24 avril, il était de nouveau à la cathédrale pour le requiem en hommage au pape défunt.
« J’ai le cœur serré. Le monde perd un homme immense. François incarnait l’humilité et la force des justes. » Il ne cache pas ses larmes. Il parle doucement, avec le poids de l’émotion dans la gorge.
Jean-Claude Latreille se souvient aussi, comme on ouvre un livre qu’on a trop lu : la visite du pape Jean-Paul II en octobre 1989. Il avait 32 ans. Une autre foule, une autre ferveur. « Ces moments m’ont marqué pour toujours. Je n’ai jamais quitté l’Église, mais ces visites, c’est autre chose. On touche le sacré », dit-il.
Jean-Claude Latreille n’est pas théologien. Il est croyant, tout simplement. Il dit avoir trouvé en François un guide, « quelqu’un qui regardait les pauvres, les marginaux, les oubliés, et qui disait : ‘Vous comptez’ ». « On a vu le pape François souffrir, mais il n’a jamais cessé de servir. Il a montré que l’amour pouvait tenir tête à la douleur », ajoute-t-il.
Dix mètres. Ce n’est rien. Et c’est tout. Entre lui et le pape, il y a eu un regard, un instant suspendu. Et depuis, un souvenir qu’aucune disparition ne pourra effacer.
Alex L’Intelligent : « Il donnait envie de croire »
Alex L’Intelligent est un homme discret, mais ses mots, eux, sont précis. « C’est toujours triste de perdre un pape. On perd une voix de paix, une figure d’unité », se désole-t-il.
Installé à Quatre-Bornes, il se souvient avec émotion du passage de François à Maurice. « Il avait un regard bienveillant, presque paternel. Ce jour-là, j’ai prié. Parce qu’il donnait envie de croire. »
À l’heure de tourner une page, Alex regarde déjà vers demain.
« J’espère que le prochain pape saura porter un message d’unité, mais surtout, qu’il s’adressera aux jeunes. Il faut un homme de dialogue, de courage, qui sache faire le pont entre la tradition et le monde moderne. Le pape François a tracé le chemin. Je suis convaincu que le prochain poursuivra sa marche. L’Église a encore beaucoup à dire, à condition d’écouter », conclut-il.
Nando Bodha : « Il a été un grand guide spirituel »
« J’ai eu le bonheur de rencontrer les papes Jean-Paul II et François lors de leurs passages à Maurice. Ce sont des instants gravés à jamais. Aujourd’hui, nous vivons dans une époque marquée par l’incertitude, le trouble, la confusion. Le monde tangue et vacille. Plus que jamais, nous avons besoin d’un guide spirituel. Le pape François fut l’un des plus grands. Il a incarné la quête de l’amour divin, de la communion avec les humbles, les oubliés, le petit peuple. Tout, autour de lui, était symbole », avance Nando Bodha. Ce dernier était ministre des Infrastructures publiques lors du déplacement du pape François à Maurice.
Nando Bodha s’interrompt. Sa voix est posée, presque recueillie. « Il est réapparu publiquement avant sa mort, pour la Pâques. J’ai trouvé cela bouleversant », confie-t-il.
Il se souvient avec émotion de la visite du pape François en septembre 2019. « Je l’ai remercié d’être venu à Maurice. Il m’a simplement répondu : ‘Priez pour moi’ », se remémore-t-il.
Et maintenant ? Qu’attendez-vous du nouveau souverain pontife ? « Une présence forte sur la scène internationale. Que sa voix porte dans ce monde abîmé par la guerre, la souffrance, la misère. Les deux derniers papes sont venus jusqu’à nous. Mon vœu le plus cher, c’est que le prochain pape visite Maurice à son tour, et qu’il nous bénisse », souhaite-t-il.
Un silence. Puis, les mots de Nando Bodha résonnent comme une prière : « Il nous faut un guide spirituel. »
Mario Thomas : « Il parlait aux coeurs, il parlait vrai »
Il parle doucement, les yeux encore humides. Mario Thomas n’a pas oublié ce matin lumineux de septembre 2019. « J’ai vu le pape de près, deux fois. Sur le parvis de l’église de père Laval à Sainte-Croix. Et puis, lors de la messe à Marie Reine de la Paix. C’était un grand événement. Toute l’île était là, unie dans le silence, dans la prière », avance-t-il. Aujourd’hui, c’est la tristesse qui le submerge.
« J’ai ressenti une grande douleur en apprenant la nouvelle. Mais dans ma tête, le pape est déjà ressuscité. Il va vers le Christ », se réjouit Mario Thomas.
Pour lui, le pontificat de François restera comme un souffle spirituel sur un monde troublé. « Il parlait aux cœurs. Il parlait vrai. Il regardait les pauvres dans les yeux. C’est cela, la grandeur. »
Sur les marches de l’église, Mario reste debout un instant, comme s’il attendait encore une parole, une bénédiction. Puis il murmure : « Le pape est mort, mais il vit en nous. »
Jean Clair Seevraz, chef d’orchestre de la police : « J’espère que le prochain pape saura parler à l’humanité tout entière »
Le souvenir reste intact, vibrant comme une note suspendue dans l’air. Jean Clair Seevraz, assistant surintendant de police, était aux premières loges lors de l’arrivée du pape François à Maurice en septembre 2019. À la tête de l’orchestre de la police, c’est lui qui avait dirigé les premières harmonies accueillant le souverain pontife sur le sol mauricien. « C’était un moment chargé d’émotion, un honneur immense pour chacun de nous. La musique avait ce jour-là une saveur sacrée », confie-t-il, la voix légèrement voilée.
Alors que le monde pleure un homme qui a su incarner l’humilité et la réconciliation, Jean Clair Seevraz se tourne vers l’avenir avec sérénité. « J’espère que le prochain pape sera un homme sage. Quelqu’un qui sait parler à l’humanité tout entière, sans distinction. Un homme de paix, un doyen capable d’apaiser les tensions dans un monde fragmenté », ajoute-t-il.
Sœur Marie-Paul : « Son exemple vivra encore longtemps »
Dans sa voix résonne une tristesse douce, presque résignée. Sœur Marie-Paul, de la congrégation des Filles de Marie à Curepipe, évoque avec émotion le départ du pape François. « Je suis animée par un profond sentiment de tristesse. Je ne m’attendais pas à un départ aussi soudain. Mais je me console en me disant qu’il a accompli, pleinement, la mission qui lui avait été confiée sur cette terre », souligne-t-elle.
La religieuse dit garder précieusement le souvenir d’un homme « au cœur d’or », proche des oubliés, des exclus, des invisibles. « Le pape François était profondément humble. Il portait en lui le cœur de Jésus, particulièrement envers les tout-petits, les marginalisés, ceux que notre société oublie trop souvent. »
Elle se souvient avec émotion de la messe célébrée par le souverain pontife au monument Marie Reine de la Paix à Port-Louis, le 9 septembre 2019. « J’y étais. C’était un moment d’une intensité rare. L’Esprit Saint était là, palpable. Jamais je n’oublierai ce jour. »
Pour Sœur Marie-Paul, le pape François laisse derrière lui un héritage immense : celui d’une Église plus humaine, plus proche des souffrances du monde. « Sa mort est une perte immense. Mais son exemple, lui, vivra encore longtemps dans nos cœurs. »
Le couple Didier et Janick Verte : « Nos enfants se souviennent des mots du pape François »
Il suffit d’évoquer ce matin du 9 septembre 2019 pour que l’émotion remonte, intacte. Didier Verte, enseignant dans le secondaire et père de trois enfants, se souvient avec ferveur de la visite du pape François à Maurice. Accompagné de son épouse, Janick Baker-Verte, et de leurs enfants, il avait pris place au bord de la route dans la région d’Ébène.
« Nous étions là uniquement pour le voir, pour capter son regard, ressentir sa présence. Le cortège a ralenti. Il nous a salués. C’était bref, mais d’une intensité rare. Ce jour-là, nous avons pleuré de joie », confie Janick, les yeux embués.
Aujourd’hui, la disparition du souverain pontife laisse dans leur foyer une tristesse profonde. « C’est une grande perte. Mais nous sommes portés par l’espérance. Le pape François a rejoint la maison du Père », souffle Didier, la voix posée.
Son épouse opine. « Nous devons maintenant prier, ensemble, pour que l’Esprit Saint éclaire le conclave. Le monde a besoin d’un guide », fait ressortir Janick Baker-Verte.
Au-delà du deuil, la famille Verte regarde vers l’avenir, tout en restant fidèle à l’héritage laissé par celui qu’elle considère comme un pasteur d’exception. « Le pape François a incarné la proximité. Il a parlé au cœur des oubliés, des pauvres, des jeunes. Le prochain pape devra être dans cette continuité : accessible, humain, ouvert au changement », insiste Didier Verte.
Pour leurs enfants aussi, ce moment reste gravé comme un repère spirituel. « Le pape n’était pas un lointain personnage en robe blanche. Il était là, presque à portée de main. Il a parlé d’amour, de paix, de justice. Et ces mots, nos enfants s’en souviennent », souligne Didier Verte.
Stéphane François : « Lui rendre hommage, c’est dire merci »
Pour Stéphane François, le départ du pape François laisse un vide, mais son empreinte, elle, reste profondément gravée dans les cœurs. « Il n’est plus physiquement parmi nous, mais il est toujours présent à travers l’impact qu’il a eu sur le monde – par son engagement écologique, par sa vision d’une Église du troisième millénaire où Jésus se fait proche des plus démunis », confie-t-il.
Ce fidèle dit avoir suivi de près le pontificat de François, depuis son élection jusqu’à ses dernières prises de parole. Il se souvient, ému, du passage du souverain pontife dans la région. « Malgré un agenda chargé et un séjour éprouvant à Madagascar, il est venu jusqu’à nous, à Maurice, pour rencontrer le peuple mauricien. Ce geste en dit long sur l’homme qu’il était : profondément humain, à l’écoute, tourné vers les périphéries », dit-il.
Pour Stéphane, rendre hommage à celui qui a marqué toute une génération de croyants – et au-delà – est un acte de foi autant que de gratitude. « Lui rendre hommage, c’est dire merci. C’est affirmer notre solidarité dans la foi, mais aussi célébrer la vie d’un homme qui a su redonner sens à notre espérance. »

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