Interview

Koshik Reesaul, Commissaire de la NTA: «Les automobilistes sont tout aussi corrompus…»

Koshik Reesaul
Secouée par l’affaire des « horse powers » modifiés et l’affaire à venir des « total loss », la National Transport Authority vit des heures sombres. Le point avec le numéro un de l’institution, Koshik Reesaul. Après les nombreuses arrestations, pouvez-vous vous prononcer sur l’étendue de la fraude sur les « horse powers » à la National Transport Authority (NTA) ? Le Central CID mène son enquête et nous collaborons pleinement. À ce jour, il y a au moins 1 800 véhicules impliqués. Les numéros de châssis et de moteur ne correspondent pas. Cinq inspecteurs de la NTA et un officier au comptoir ont été arrêtés. Certains membres du public sont inquiets aussi. Ils sont plusieurs à être venus vers nous pour demander que leur véhicule soit dûment contrôlé. Mais nous ne pouvons l’accepter. Ils disent qu’ils n’étaient pas au courant et demandent à être régularisés.
Ne craignez-vous pas qu’il puisse y avoir d’autres officiers malhonnêtes qui sont toujours en poste ? Ce n’est pas un crainte, c’est un risque. Ce risque, si la police prends les mesures appropriées, on peut le réduire au minimum. Vous avez mentionné 1 800 véhicules impliqués. En théorie, ils devraient être saisis. Cela est-il techniquement possible ? En principe, ces véhicules doivent être en « police custody » et on ne devrait pas avoir le droit de les conduire. Mais le nombre de véhicules impliqués est important, la police devra voir comment faire. Ces temps-ci, si un véhicule qui fait partie du lot en question  arrive dans nos fitness centres, nous demandons au propriétaire d’aller faire une déclaration à la police. Si son certificat de fitness a expiré, nous lui remettons un permis temporaire pour qu’il puisse rentrer chez lui ou aller chez un mécanicien pour se mettre en règle.
[blockquote]« Dans les centres de fitness privés, les 90 % des opérations seront ‘paperless’ »[/blockquote]
Ce genre de cas  sont-ils fréquente depuis le début de l’enquête ? Il y en a eu quelques uns. Notamment un aujourd’hui (vendredi), où le numéro de châssis ne correspondait pas à celui qui figurait sur nos registres. Nous l’avons référé à la police qui a saisi le véhicule et interroge le propriétaire en ce moment même. Nous avons l’opportunité d’y remettre de l’ordre. Comment un pourrissement d’une telle ampleur est-elle parvenue à s’installer ? Nous avons tous entendu parler de certaines pratiques qui auraient cours à la NTA… Je n’ai jamais été personnellement témoin de la chose, mais la police  en a désormais la preuve. Les examinateurs arrêtés sont impliqués certes, mais si le propriétaire d’un véhicule est conscient que des irrégularités, il doit aussi assumer ses responsabilités. Comment expliquer que ce n’est que maintenant qu’il y a enquête policière et arrestations ? Quand j’ai pris mes fonctions, j’ai essayé de vérifier ces rumeurs. Puis, la police a reçu une lettre de dénonciation et a ouvert son enquête. Nous avons collaboré. Maintenant, les fautifs doivent payer. Après le « horse power », les informations concernant des fraudes sur les accidents « total loss » ont filtré. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? Le Central CID va enquêter sur les « total loss » en temps et lieu. Il y a apparemment un lien entre les deux enquêtes. Dans les deux cas, on se pose beaucoup de questions sur le rôle des assureurs. Sont-ils effectivement impliqués ? Nous connaissons le processus. Maintenant, il faut voir s’il y a des choses pas normales qui se passent. Il y a deux types de « total loss »: un économique, un autre mécanique. Quand le problème de nature économique, on peut toujours réparer et revendre. Quand c’est mécanique, il faut « scrap » la voiture qui ne peut pas reprendre la route. Pour les voitures qui peuvent être réparées, il faut repasser par la NTA pour obtenir un certificat de « road worthiness ». C’est à ce niveau qu’il faut enquêter. Prenez un autre exemple : légalement, pour les autobus, le châssis doit être de la même marque que les amortisseurs. Certaines personnes me disent que plusieurs autobus sur nos routes ne respectent pas ce règlement. Si c’est avéré, beaucoup d’autobus devront être retirés de la circulation. L’image de la NTA a été écornée avec toutes ces affaires. Que comptez-vous faire pour la redorer aux yeux du public ? Pendant tout ce temps, tout le monde s’accordait  à dire que la NTA était parmi les trois institutions les plus corrompues du pays. Maintenant qu’on cherche à y mettre bon ordre, le public nous reproche de le pénaliser. Les gens doivent comprendre que ce processus prend du temps. Il faut qu’ils collaborent. Il ne faut pas occulter le fait, ils ont une part de responsabilité. Ils ont cautionné de telles pratiques. Les automobilistes sont tout aussi corrompus, ils ont joué le jeu. Comment s’y prendre pour éviter des cas semblables à l’avenir ? Il faut un reshufflement. Nous allons privatiser les centres de fitness et allons devenir le régulateur. Il faudra une équipe bien formée. Nous sommes en discussions avec l’Open University pour des cours taillés sur mesure pour la NTA. Mais surtout, une même personne ne peut occuper un poste pendant quinze ans. Notamment, ceux qui s’occupent de l’argent. Avec la privatisation des centres de fitness, la NTA perd une grosse source de revenus… Nous serons le régulateur. Notre rôle sera de nous assurer que les centres privés opèrent dans le cadre légal. Quant aux revenus, c’est l’affaire du ministère. Avec la privatisation, plutôt que de corrompre des fonctionnaires, il n’y a pas un risque qu’on corrompe les employés du privé ? 90% des opérations seront « paperless ». Tout le système sera informatisé et sécurisé. Le processus est automatisé et c’est l’appareil, pas l’humain, qui décide s’il faut accorder le certificat de fitness ou pas. Il y aura un minimum d’interaction d’humain à humain. Avec les appareils de pointe de ces centres, certains craignent que presque la moitié des véhicules sur nos routes ne l’obtiennent pas le certificat de fitness. Est-ce que ce sera gérable ? Il faudra travailler sur le modus operandi avec les opérateurs du privé. Il faut que les appareils produisent un rapport de tout ce qui est défectueux dans le véhicule. Mais il faudra déterminer quel défaut prendre en considération pour déliver certificat de fitness, notamment ceux qui risquent de causer des accidents. Pour le reste, ce sera au propriétaire de faire ses réparations. La facture de l’automobiliste chez le mécanicien va-t-elle flamber dans les années à venir ? Tout dépend de comment il entretient sa voiture. S’il y a négligence, c’est normal qu’il faudra débourser plus.
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