Le vendredi 28 juillet, le Parti travailliste, le Mouvement militant mauricien et le Parti mauricien social-démocrate a organisé son premier congrès à Mare-d’Albert. Depuis, les commentaires fusent sur les réseaux sociaux.
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Pour Faizal Jeeroburkhan, observateur politique, il est prématuré de tirer une conclusion. « L’opposition ne veut pas prendre le risque de se faire piéger par une élection surprise. Elle connait les tactiques machiavéliques que le pouvoir est capable d’utiliser pour se maintenir au pouvoir. On peut s’attendre à beaucoup de surprises sur le plan politique d’ici aux élections. L’alliance de l’opposition n’est pas bâtie sur une base solide. Ils ont tergiversé pendant plus que deux années et ils n’ont toujours pas un programme bien ficelé et convaincant. Il n’y a pas de vrai projet de société et un nouveau modèle économique capable de tirer le pays du gouffre où il se trouve », indique-t-il.
Il poursuit qu’il est prématuré de formuler une opinion, car il y a les jugements - difficile à prévoir - du Privy Council et de la Cour suprême concernant la réouverture du procès contre Navin Ramgoolam. Ils pourront avoir un impact considérable sur le paysage politique.
« Le PM pourrait aussi consolider son image au niveau nationale après la réunion du G20 en Inde au début de septembre et les négociations bilatérales avec la Grande-Bretagne par rapport aux Chagos. Il va certainement tirer profit des gros projets d’infrastructures, la construction de logements sociaux, etc. Malheureusement, avec ce triste remue-ménage politique, les affaires du pays passeront au second plan. Les problèmes macroéconomiques, sociaux et environnementaux risquent de s’aggraver davantage », déplore-t-il.
Pour sa part, Abdallah Goolamallee, universitaire et observateur, se demande s’il s’agit réellement d’une vague. « Ce n’est pas parce qu’ils ont pu réunir un peu de foule que c’est synonyme de vague. Il y a une vague quand il y a une campagne électorale. Pour l’heure, il n’y a aucune échéance électorale. Les élections sont prévues en 2024, mais peuvent être organisées d’ici à 2025. Donc, qu’il y ait une vague ou pas, cela ne veut rien dire. C’est une tempête dans un verre d’eau », lâche Abdallah Goolamallee.
Il note que le congrès du Parti travailliste (PTr)-Mouvement militant mauricien (MMM)-Parti mauricien social-démocrate (PMSD) a vu le rassemblement de partisans des trois partis venant de toute l’île. « Ils ont mobilisé leurs troupes pour ce congrès. Ce qui veut dire que ce n’est pas représentatif de la réalité et de l’opinion publique. Il ne faut pas se voiler la face. Ce n’est pas parce qu’ils ont eu du monde que ça veut dire que le changement arrive. Il est prématuré de faire une analyse et de donner une indication de ce qui va se passer. Il ne faut pas oublier non plus que le Premier ministre a toutes les cartes en main face à cette alliance. Cette dernière est une alliance de circonstance avec plus de choses qui éloignent ses composants que de points qui les rapprochent », estime-t-il.
Illusion
L’universitaire et observateur politique est d’avis que le gouvernement peut toujours amener un « feel good factor » et rectifier ses erreurs. Toutefois, il concède que ce congrès a une grande valeur pour l’opposition, car cette alliance a pris du temps pour se concrétiser. « Ça a pris beaucoup de temps. Après les koz koze, les accords et désaccords, l’alliance a pu être scellée. Les trois partis ont voulu montrer qu’ils “ mean business ”. Mais on voit que c’est forcé, voire contre-nature. ». Selon lui, c’est une illusion qu’essaye de vendre le PTr-MMM-PMSD.
Pour l’observateur politique, Raj Ramlugun, il est vrai que le peuple se laisse très souvent mener par l’effet ou la perception de vague. C’est toujours ainsi. Il cite l’exemple de 2014 avec vire mam. « Mais, qu’est-ce qui crée cette perception ou le renforcement de cette perception dans la sphère publique au-delà de Mare-d’Albert et de l’euphorie des partisans diehard de ces partis au sein de cette alliance de BLD ? Il est indéniable qu’il y a un fort sentiment de ras-le-bol dans le pays. L’abus de pouvoir, le fonctionnement des politiciens et leur mainmise sur les organismes du pays, et la gestion des ressources de l’État, sont en cause. Tout comme le népotisme et les lobbies qui agissent comme deep state. Est-ce nouveau depuis l’indépendance ? En termes de degré, peut-être. »
Il soutient que la culture de la classe politique et de la gouvernance reste la même. La qualité de nos politiciens et des dirigeants se dégrade. Surtout au niveau du leadership des partis politiques mainstream. « Comme une fatalité, avec notre consentement, on assiste encore à un déferlement de vire mam… Cette fois en version BLD. Avec les mêmes têtes d’affiche du passé se réincarnant en sauveurs. Sans aucun engagement réel des leaders ou des partis mainstream sur des sujets importants. Il n’y a pas d’idéologie ou de valeurs communes qui riment avec l’intérêt du pays. Ce qu’ils ont en commun en constance pour le moment, c’est BLD. Les valeurs, la crédibilité ou la constance des partis et de leurs leaders ne comptent pas pour le peuple, semble-t-il, si l’on se fie à l’effet de vague. »
Nul ne se souci de qui va diriger. « On va voter pour se débarrasser d’un gouvernement qui vautre dans l’arrogance du déni. Comme Ramgoolam le faisait en son temps. Qui le remplace ? On ne se casse pas la tête pour le moment. Profitant du raz le bol populaire, les diehard et jouisseurs d’hier se voient redécouvrir la jouissance du pouvoir qu’ils avaient perdue depuis décembre 2014. »
Le reste de la population qui milite et aspire pour une meilleure Île Maurice sera utilisé comme « chair à canon ». À cause de la logique de faire partir le gouvernement pour perpétuer la fatalité de « la bou versus lamar ». « Si les électeurs savent se prévenir contre l’effet de vague et garder leur discernement, qu’une nouvelle entité alternative cohérente et consensuelle, surtout crédible puisse émerger d’ici à l’annonce des nouvelles élections générales, il peut y avoir encore une surprise. Le raz de marée de 82, 95 ou 2015 n’aura pas lieu cette fois. »
PJ et sa clique sont très détestés. Mais la crédibilité et les valeurs personnelles de NCR comme leader ou son bilan comme PM et son énorme entourage très controversé font tiquer.
Le MSM nullement inquiété
La concrétisation de l’alliance entre le Parti travailliste (PTr), le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) ne semble nullement inquiéter le Premier ministre, Pravind Jugnauth. C’est ce qu’il a fait comprendre aux membres du comité central du Mouvement socialiste militant, le samedi 29 juillet au Sun Trust à Port-Louis. « Mo byen kontan zot inn fer enn lalians. Mo ti kapav donn zot kout min », a-t-il ironisé lors de son intervention.
Commentant le congrès de l’alliance PTr-MMM-PMSD à Mare-d’Albert, il a lancé un appel aux membres de son parti pour qu’ils restent concentrés sur leurs tâches respectives. Il leur demande de ne pas accorder d’importance aux activités de l’opposition. « Nou pa bizin get sa ki lopozision pe fer. Nou bizin kontinie res lor terin ek kontinie fer nou bann renion rezional. »
Rajesh Bhagwan : « Il y a un sentiment de rejet »
Le secrétaire général du MMM, Rajesh Bhagwan, se réjouit de la participation au congrès à Mare-d’Albert. « Avec les frasques du gouvernement, les divers scandales, entre autres, il y a un sentiment de rejet de la population comme en 1994 menant aux élections générales de 1995. Puis, ce congrès vient briser le mythe que les n° 4 au n° 14 appartiennent au Mouvement socialiste militant (MSM). Il y a aussi la symbiose entre les partisans des trois partis qui est extraordinaire. Nous les députés, nous travaillons déjà ensemble à l’Assemblée nationale. Pour le congrès, les activistes des trois partis ont assuré », lance Rajesh Bhagwan.
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