Actualités

Décès en détention - Commission des droits humains : un rapport pour remplacer un autre

Me Hervé Lassémillante et Marie-Lourdes Lam Hung Me Hervé Lassémillante et Marie-Lourdes Lam Hung

Le rapport Lassémillante sur les circonstances « suspectes » du décès d’Arvind Hurreechurn en cellule policière ne devrait pas servir à grand chose. Il n’a jamais été soumis officiellement aux autorités. C’est plutôt celui de Marie-Lourdes Lam Hung qui devrait être pris en considération.

Publicité

Un premier rapport concluant que « the death is suspect » devrait, selon toute probabilité, finir à la poubelle au profit d’un autre. C’est ce qu’on affirme du côté de la Commission des droits humains au sujet des enquêtes menées sur le décès du policier Arvind Hurreechurn, impliqué dans une affaire de drogue et écroué au centre de détention de Moka.

Un premier rapport rédigé par Me Hervé Lassémillante, vice-président de cette instance, qui soulignait des zones d’ombres entourant ce décès, a été mis aux oubliettes et n’a été dévoilé au public qu’à travers l’intervention du leader de l’opposition, Paul Bérenger, mardi dernier, au Parlement. Toutefois, Me Marie-Lourdes Lam Hung, qui préside un sous-comité de cette même commission, mène sa propre enquête et a la possibilité d’envoyer ses conclusions au Directeur des poursuites publiques (DPP).

C’est le lendemain du décès du constable Hurreechurn que Me Hervé Lassémillante, en tant que responsable de la National Preventive Mechanism Division (NPMD) de la Commission des droits humains, visite les lieux. Un jour après, il rédige son rapport. « The death is suspect. It is difficult for a man of medium height to hang himself with an object situated at merely three feet from ground level », peut-on y lire. Plus loin, Me Lassémillante souligne le fait que dans la cellule 14, où le détenu était placé, les caméras ne fonctionnaient pas, alors qu’il y en avait d’autres avec vidéosurveillance. « This decision seems close to a blunder according to my opinion. It is common knowledge that drugs accomplices who might talk and denounce undergo serious risks », conclut le vice-président de la commission.

Généralement, le Commissaire de police aurait reçu une copie du rapport. Sauf que Marie-Lourdes Lam Hung, aurait jugé que ce n’était pas nécessaire. « This should not even crop in your mind! », aurait-elle laissé entendre au vice-président de cette commission. D’aucuns lient cette remarque à un coup de fil que le Commissaire de police aurait donné à Marie-Lourdes Lam Hung le 2 novembre. Selon certaines indiscrétions, l’appel serait en rapport avec la déclaration de Me Anishta Babooram-Seeruttun, une des membres de la NPMD, faite à Radio Plus. Elle avait évoqué à l’antenne le rapport Lassémillante au sujet de la mort suspecte du constable Hurreechurn.

Or, même si le rapport a été déposé au Parlement, ses conclusions ne font pas officiellement partie de l’enquête. Dans une déclaration au Défi Quotidien, Marie-Lourdes Lam Hung a soutenu que le document de Hervé Lassémillante n’était, en fait, pas un rapport. Par contre, la Police Complaints Division (PCD), instance dirigée par Mme Lam Hung, a ouvert sa propre enquête. La responsable a visité le centre de détention de Moka un jour après Hervé Lassémillante.

Cependant, elle dit n’avoir pas vu la cellule 14, où est décédé le constable Hureechurn et a visité à la place la cellule 12, qui, selon les policiers du centre de détention, serait identique à celle où leur collègue était incarcéré. Les hommes de la Major Crimes Investigation Team, qui enquêtent aussi sur ce décès, se sont également rendus devant la PCD, mardi et mercredi, pour verser les premiers éléments au dossier. Le rapport du médecin légiste n’y figure pas encore.

« La PCD va rédiger son rapport et a la possibilité d’adresser ses conclusions au DPP pour d’autres actions si nécessaires, explique une source de la Commission des droits humains, quant au rapport de Me Lassémillante, même s’il a atterri au Parlement, ce serait étonnant qu’il serve à quelque chose, vu qu’il n’a jamais été officiellement remis aux autorités. »

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !