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Coups de feu à la rue St-Georges - ‘Djihad’ : la police sur la piste d’un recruteur

La police oriente d’abord son enquête sur les détenteurs d’armes à feu dans la capitale.
Qui est ce recruteur qui effectue un lavage de cerveau auprès de ses proches pour les encourager à la « guerre sainte » ? Parallèlement, les détenteurs de fusils de chasse sont dans le collimateur des enquêteurs. Les Casernes centrales prévoient de procéder aux premières arrestations dans l’enquête sur les coups de feu à la rue St-Georges. Le chef de la Criminal Investigation Division de Port-Louis Sud, le surintendant Sailesh Kumar Behary, était à pied d’œuvre sur le terrain lors des diverses descentes policières à Plaine-Verte et dans d’autres régions, mardi. Au Défi Quotidien, il confie que l’enquête est sur la bonne voie. « La population peut être rassurée : l’enquête est en bonne voie, des arrestations interviendront dans les jours à venir. Il n’y a pas lieu de paniquer. » Les enquêteurs sont sur la piste d’un individu qui incite son cercle fermé à faire le ‘djihad’(guerre sainte) au sein de l’État islamique. Les limiers veulent recueillir toutes les informations à ce sujet avant de passer à l’offensive. Les enquêteurs détiennent des informations selon lesquelles ce recruteur aurait procédé à un lavage de cerveau de ses proches collaborateurs. Les Casernes centrales comptent donc rouvrir le dossier d’un groupe de 13 personnes déportées vers Maurice, alors qu’elles se trouvaient à la frontière entre la Syrie et la Turquie en mars 2015. Aucune piste n’est négligée. Une quarantaine de Port-louisiens, propriétaires de fusils de chasse, sont aussi dans le collimateur des enquêteurs. D’ailleurs, certains ont reçu la visite de la police, mardi. Les hommes de la CID de Port-Louis Sud sont sur les dents.

Plaine-Verte et ses alentours

Une descente a eu lieu mardi dans la région de Plaine-Verte et de ses alentours. Une trentaine d’agents menés par le surintendant Sailesh Kumar Behary et des éléments du Central CID ont été déployés pour les besoins de l’exercice. Direction : rue Nyon pour une première perquisition. Sur place, la fouille ne donne rien. Ce qui met en colère un habitant de l’endroit : « Zot inn rat ladres », crie-t-il haut et fort. Puis, les policiers débarquent dans le Ward 4, notamment rue Raoul-Rivet, pour interroger un certain N.K, 56 ans, détenteur d’un Double Barrel- Belgium portant le numéro de série 2948. Il rentrait chez lui à l’arrivée de la police.

« J’étais traumatisé »

Il fut prié d’accompagner les policiers aux Casernes centrales pour les besoins de l’enquête. Au volant de sa voiture, mais escorté par un policier, il s’est présenté au siège de la CID de Port-Louis sud avec son fusil de chasse. N.K a indiqué qu’il se trouvait à son domicile, dans la soirée de dimanche à lundi. Après vérifications, l’habitant du Ward 4 fut autorisé à rentrer chez lui, et son arme lui fut restituée. N.K s’est confié au Défi Quotidien : « Je revenais du travail quand j’ai constaté une forte présence policière devant mon domicile. Je fus choqué, et je me demandais ce qui se passait. Toutefois, j’ai collaboré pleinement avec les enquêteurs. Je leur ai dit que dans la soirée de dimanche à lundi, j’étais chez moi. » La présence des policiers en civil devant sa maison n’est pas passée inaperçue. « Garson-la enn bon garson sa », devait lâcher un voisin. La police s’est aussi rendue rue Sir-Virgil-Naz à Port-Louis. Un certain A.D, 51 ans, détenteur d’un Single Barrel Mossburg, portant le numéro de série L198697 a été interrogé. Il fut autorisé à rentrer chez lui avec son arme.
 

Le CP : « Les autorités françaises ne nous a pas encore contactés »

Pour le Commissaire de police, Mario Nobin, il ne faut pas brusquer les choses et laisser les enquêteurs faire leur travail. « À ce stade, je ne peux rien dire. Je laisse les enquêteurs poursuivre leur travail », a précisé le chef de la police. Par ailleurs, ajoute le CP, « jusqu’à présent, les autorités françaises n’ont pas encore contacté la police mauricienne à propos de cette affaire ».
 

Armes à feu : libre circulation ?

En décembre dernier, deux personnes ont été atteintes par balles pour une affaire de drogue. Yoven Vellangany a été tué à bout portant par des videurs, en avril 2014, à St-Pierre. Les armes à feu sont-elles si facilement accessibles ? « C’est un milieu très fermé, mais il faut avoir les contacts appropriés pour acheter des armes à feu au noir », lâche un videur, pour qui se procurer en armes à feu n’est pas un casse-tête. « Si un toxicomane a volé une arme à feu, il peut vous la vendre contre la modique somme de Rs 2 000, mais dans d’autres cas, les prix vont jusqu’à Rs 60 000 », explique notre interlocuteur. Si une personne veut s’offrir une arme à feu au noir, il doit savoir frapper à la bonne porte. « Il existe différentes façons d’acheter clandestinement des armes à feu. Par exemple, auprès des marins. Beaucoup de personnes préfèrent acheter des armes par cette filière, car elles n’ont jamais été utilisées auparavant sur le territoire mauricien », explique un policier ayant exercé à la Criminal Investigation Division du port. C’est par voie maritime que la majorité des armes sont introduites à Maurice, que ce soit légalement ou illégalement, explique un responsable d’une compagnie de sécurité. « Avant que les navires n’accostent au port, certaines personnes jettent les armes à la mer et des contacts à bord d’embarcations ou des plongeurs sont chargés de les récupérer. Mais ce n’est pas tout, certaines armes qui transitent par Maurice sont déclarées perdues ; un moyen d’écouler ces armes au noir. »
 

Les Casernes centrales : contrôle rigoureux

Au quartier général de la police, on indique qu’il existe un contrôle rigoureux sur les armes à feu et avertit tous ceux qui enfreignent la Firearms Act qu’ils sont passibles de poursuites, voire d’une peine d’emprisonnement, comme explique l’inspecteur Shiva Coothen. « Maurice est l’un des rares pays où il existe une loi-cadre régissant les armes à feu, la Firearms Act. L’objectif d’un tel cadre, c’est d’assurer le contrôle sur la possession et l’utilisation des armes à feu. Chaque année, les autorités exercent un contrôle rigoureux sur les armes à feu, les détenteurs de port d’armes sont appelés à renouveler leur permis. Lors de cet exercice, des contrôles pointus sont effectués sur les caractéristiques de l’arme aussi bien que le nombre de munitions que le titulaire a le droit d’avoir en sa possession. Toute personne qui enfreint la Firearms Act est passible d’une amende et d’une peine d’emprisonnement. En ce qui concerne l’aéroport et le port, la Mauritius Revenue Authority et l’Anti Drug and Smuggling Unit veillent au grain. Nul n’a le droit d’importer des armes à feu sans l’aval du commissaire de police. Au cas où une telle arme est introduite en contrebande, l’arme est saisie par la police », explique Shiva Coothen.
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