Ram Seegobin de Lalit explique que les récentes élections ont révélé « un rejet massif de l'ancien régime par l’électorat », particulièrement en raison de plusieurs affaires qui ont marqué le paysage politique. Face à la pandémie de COVID-19, Ram Seegobin indique que tous les gouvernements au monde ont dû faire face aux conséquences sociales et économiques et la plupart de ces gouvernements « ont essuyé des échecs » électoraux. « Le gouvernement mauricien, tout comme d’autres, a été contraint de prendre des mesures. Est-ce qu’il a bien fait ou pas, mais l’électorat n’a pas été satisfait », explique-t-il.
Bourgeoisie d’État
Un autre point qui, selon Ram Seegobin, a contribué au rejet de ce gouvernement est son approche économique.
« Le gouvernement MSM est un exemple classique de la bourgeoisie d’État. Il a facilité l'ascension de certains groupes de la bourgeoisie en leur offrant des avantages et des opportunités qui leur ont permis de s’enrichir davantage », met-il en avant.
Favoritisme
Le MSM a également procédé à des nominations systématiquement orientées vers des individus proches du pouvoir. « Le favoritisme dans les nominations a provoqué des mécontentements chaque fois qu’un proche du gouvernement MSM a été nommé. Avec le temps, ces frustrations se sont amplifiées », déclare Ram Seegobin.
Instrumentalisation des institutions
Selon lui, le gouvernement MSM a également été accusé « d’instrumentaliser les institutions de l’État » : la justice, la police, et des organismes comme l'ICTA et la FCC. « Cela lui a valu un rejet. Ces institutions ont été utilisées à des fins politiques. On n’ a jamais entendu qu’un proche du pouvoir a été interpellé », fait-il ressortir.
Surveillance accrue
Un autre sujet de mécontentement : le projet de Smart City et les caméras de surveillance. Ram Seegobin explique que le gouvernement sortant a mis en place un système de surveillance de plus en plus intrusif sous prétexte de renforcer la sécurité publique. « Ce projet, censé améliorer la sécurité des citoyens, a plutôt eu l'effet inverse : beaucoup de Mauriciens ressentent désormais une surveillance constante. Les caméras de surveillance installées dans les rues, couplées à l'obligation de réenregistrer les cartes SIM et l’écoute des conversations téléphoniques ont créé un sentiment de contrôle permanent », souligne-t-il. Selon lui, l’incapacité à élucider certains crimes, malgré la mise en place de ces systèmes, ne fait qu’accentuer le sentiment d’inefficacité qu’ils suscitent.
Selon l’intervenant, le rejet de ce gouvernement est donc le résultat d’une série d’affaires et de décisions politiques mal perçues par la population.
« Mais la question est : l’électorat adhérera-t-il à un nouveau régime ? » s’ interroge Ram Seegobin qui affirme ne pas être convaincu. Une autre analyse concerne la focalisation excessive sur la victoire de « 60-0 ». Il estime que ce débat ne fait que masquer les véritables enjeux politiques.
« Le MSM n’ a pas perdu un gros pourcentage de son électorat, passant de 36-37 % à environ 28 %. En 2014, l’ électorat avait rejeté l’alliance entre le PTr et le MMM. Pour ces élections, il a accepté », soutient-il. Ram Seegobin pense qu’avec une faible opposition, la véritable opposition doit se jouer en dehors du Parlement, où les voix dissidentes peuvent avoir un réel impact. « Lalit continuera à le faire », dira-t-il.
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