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Jocelyn Chan Low, historien et observateur : «Il y a la volonté de laisser un héritage»

Quels enseignements tirer de ces législatives ?
Le premier enseignement est clair et net : ces élections ont été déterminées par la campagne électorale, avec un électorat de plus en plus indécis et volatil. Les « hardcores » – c'est-à-dire les électeurs fidèles aux partis – ont diminué. Ce qui compte, c'est comment la campagne se déroule, car c'est un facteur déterminant.

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Deuxième point : le rôle déterminant des réseaux sociaux. Les réseaux sociaux ont joué un rôle clé, notamment avec Missie Moustass. Sans ces plateformes, Missie Moustass n'aurait pas eu la même portée. C'est un facteur déterminant. Cependant, les réseaux sociaux ont aussi révélé certaines failles dans la régulation, et il est crucial d'empêcher tout débordement. Heureusement, aucun dérapage majeur n’a eu lieu, mais il est nécessaire d'instaurer une régulation efficace en cas de problème.

Troisième point :  Le « 60-0 » montre une faiblesse dans notre système politique. L’opposition est institutionnalisée à Maurice. Le leader de l'opposition a un rôle très important. Le PM doit le consulter pour les nominations. Le président du Public Accounts Committee est issu de l’opposition. Sauf que dans des cas pareils, il faut maintenant puiser dans le Best Loser System qui est basé sur l’ethnicité pour avoir une opposition. Ce qui n’est pas normal. 

La solution réside dans un système plus proportionnel, où les petites minorités seraient mieux représentées. Actuellement, environ 25 % de la population ne trouve pas une représentation adéquate au Parlement. Il est donc urgent de revoir le système électoral. Enfin, Maurice a un excellent « track record » en matière de paix et de stabilité, malgré les incidents qui ont pu survenir. 

Avec ce 60-0, il n'y aura finalement que deux membres de l'opposition. Certains avancent que c'est une mauvaise chose pour la démocratie ? 
La troisième force extra-parlementaire a quand même obtenu de bons résultats. Il y a eu une vague amenée par Missie Moustass, jamais vue auparavant dans le monde politique. Missie Moustass est sans doute un groupe pluridisciplinaire, avec une maîtrise remarquable de la communication politique. Ce groupe a su renverser le gouvernement, notamment en termes d'influence et de stratégie.

Dans ce cadre, la troisième force a réalisé de bons résultats, avec Bhadain arrivant quatrième ou encore Belcourt qui a devancé l'Alliance Lepep. Cela montre qu'une opposition extra-parlementaire peut avoir un impact significatif, surtout dans une situation où l'opposition parlementaire est faible. Le rôle de l’opposition extra-parlementaire reste essentiel. Par exemple, Sir Gaëtan Duval, bien qu'il ait été battu et ait annoncé sa retraite, est finalement revenu en politique. Maintenant que Bhadain annonce un congé politique, c’est un peu comme un "déjà vu". Il va retourner. 

Je crois qu’effectivement, avec une opposition parlementaire faible, le MSM devra se reconstruire, et l'opposition extra-parlementaire jouera un rôle fondamental dans ce processus. Leur score est quand même très honorable. En grande partie, c'est à eux qu’incombe désormais la tâche de structurer une opposition solide et crédible.

Est-ce qu'un gouvernement de 64 membres (incluant les quatre Rodriguais) est tenable ? 
C'est vrai qu'un gouvernement peut rencontrer des problèmes en cours de route, surtout lorsqu'il a encore un long chemin à parcourir. La seule chose qui est certaine, c’est que les deux leaders (Navin Ramgoolam et Paul Bérenger) semblent vouloir finir leur carrière politique en beauté. Ils vont tout essayer pour réussir. Mais lorsque l'opposition est faible, ces intentions deviennent encore plus évidentes. Les "backbenchers" incarnent l’opposition, mais chacun a aussi des appétits à satisfaire.

Cette fois, avec deux leaders en fin de carrière, il y a la volonté de laisser un héritage. Mais, comme on le sait, la politique, c’est la politique. L’opposition peut toujours sortir de l’alliance au gouvernement en cas de problème. Il ne faut pas oublier aussi que les partis comme le MMM et ReA ont une idéologie propre. Il ne faut pas figer la situation politique, car celle-ci évolue en permanence. Il faudra voir comment les choses se développent.

Quels pièges est-ce que Navin Ramgoolam doit éviter ?
Il y en a beaucoup, et il est essentiel d’avoir un leader consensuel au sein de l’alliance. Il ne faut pas qu’une seule personne prenne toutes les décisions.

Concernant les promesses faites, nous avons vu que l’électorat est volatile et critique. Il est donc crucial de les tenir. Il est important d’écouter la population et non pas de céder aux pressions des intérêts spéciaux — qu’il s’agisse de lobbies économiques ou ethniques.

Il faut mettre de côté ses intérêts particuliers et se concentrer sur les promesses faites à la population. Avant de prendre des décisions, il est nécessaire de discuter avec ceux qui sont directement concernés et qui seront impactés par une décision.  Les politiques doivent être discutées avec les parties prenantes, en équilibrant les besoins du bien-être social. Il est primordial de ne pas écouter uniquement les intérêts spéciaux, mais de garder en tête les promesses faites et l’intérêt général.

 

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