
Depuis le début du mois d’avril, l’euro a montré une tendance à la hausse par rapport à la roupie mauricienne, atteignant son point culminant le 17 avril avec un taux de Rs 51,99. Quelles en sont les causes ? Quelles sont les perspectives à court terme pour ce taux de change ? Faut-il craindre une pénurie d’euros ? Éléments de réponses.
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Depuis plusieurs semaines, l’euro connaît une appréciation marquée face à la roupie mauricienne, qui suscite interrogations et inquiétudes chez les opérateurs économiques et les particuliers. Au 17 avril 2025, le taux de change s’établissait à environ Rs 51,99 pour un euro, contre Rs 49,17 seulement une semaine auparavant, ce qui représente une progression de 4,5 % en quelques jours. Ce mouvement rapide, bien que partiellement atténué par une intervention de la Banque de Maurice le 14 avril (10 millions de dollars injectés au taux de Rs 45/USD), reflète des dynamiques de marché plus larges, à la fois internationales et locales.
Dominique Filleul, président de la General Retailers Association, est catégorique : l’appréciation constante de l’euro face à la roupie mauricienne a déjà des répercussions négatives sur les importations. « Si je prends l’exemple de mon entreprise, nous importons principalement des vêtements, des bijoux et des chaussures depuis l’Europe. Cela signifie que nous devons payer en euro. Avec un euro plus cher, les importations nous coûtent donc plus cher », déplore-t-il. Par ailleurs, dans un contexte de concurrence féroce, il explique qu’il est difficile de répercuter cette hausse des coûts d’importation sur les prix de vente. « Nous sommes donc contraints d’absorber ces coûts supplémentaires, ce qui réduit considérablement notre marge de profit », souligne-t-il.
Pritam Dabydoyal, directeur de P&P International, partage le même constat. Selon lui, l’appréciation continue de l’euro ne sera pas sans conséquences. « Maurice importe de nombreux produits d’Europe, notamment des denrées alimentaires, des vêtements et des produits de soins. Avec la hausse de la valeur de l’euro par rapport à la roupie, une augmentation des prix est à prévoir », explique l’importateur.
Dominique Filleul alerte également sur une autre problématique : la difficulté croissante à obtenir de l’euro. « En raison d’une pénurie, nous ne parvenons pas à régler nos fournisseurs dans les délais. Cela provoque des retards dans l’arrivée des collections à Maurice. Et souvent, lorsqu’elles arrivent, les produits ne sont plus à la mode », regrette-t-il. Ce manque de devises européennes se fait sentir aussi bien au niveau des banques que des autres institutions spécialisées dans le change, ajoute-t-il.
Pour sa part, Pritam Dabydoyal confirme qu’il existe bel et bien une pénurie d’euros sur le marché des changes. Il précise d’ailleurs que cette situation ne concerne pas uniquement l’euro, mais également d’autres devises étrangères. « En tant qu’importateurs, nous devons acheter des devises petit à petit chaque jour auprès des banques. Une fois que nous avons réuni le montant nécessaire, nous pouvons procéder aux paiements », explique-t-il.
Perspectives incertaines
Face aux tensions géopolitiques internationales et aux récentes déclarations du président américain, Dominique Filleul estime que l’avenir reste incertain. « Je ne pense pas que l’euro se stabilisera prochainement. À mon avis, sa tendance à la hausse par rapport à la roupie va se poursuivre », affirme-t-il. Cependant, il plaide pour une intervention des autorités locales. « Il est impératif de trouver des solutions pour maîtriser le taux de change et maintenir la valeur de l’euro sous la barre des Rs 50 », propose-t-il. De son côté, face à l’instabilité qui règne sur le commerce international, Pritam Dabydoyal redoute qu’un taux de change favorable à la roupie ne soit pas envisageable dans un avenir proche.

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