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Chikungunya - Dr Shameem Jaumdally : « Il faut anticiper au lieu d’attendre l’explosion des cas »

Un plan stratégique doit être mis en place, avance le Dr Shameem Jaumdally.

En matière de gestion d’une épidémie, le virologue Dr Shameem Jaumdally explique qu’un plan clair doit inclure trois éléments : le diagnostic, les mesures de traitement et la prévention. Concernant le diagnostic, il distingue deux approches : la séroprévalence et le diagnostic des cas aigus. Il insiste sur l’importance de tests d’anticorps lors des opérations de sérosurveillance pour détecter si une personne a déjà été infectée par le chikungunya.

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« Il est extrêmement important lors de la sérosurveillance de faire un test d’anticorps pour savoir si une personne a déjà eu le chikungunya. Ce qui va permettre de déterminer si la personne vient d’avoir la maladie ou si elle a été infectée depuis des années », dit-il.

Il précise qu’une personne infectée une première fois n’attrapera généralement pas la maladie une deuxième fois. Cette donnée permettrait d’estimer combien de personnes dans la population ont déjà été infectées et sont protégées.

« C’est important, car on peut ainsi déterminer le nombre de personnes à risque et comment faire face à une éventuelle épidémie », fait comprendre le Dr Shameem Jaumdally.

Cette donnée permettrait aussi d’anticiper le nombre de tests PCR nécessaires par jour ou par semaine et d’adapter les modalités de traitement dans les hôpitaux et les services de santé. Le virologue déplore toutefois qu’il n’existe pas de données publiques concernant la sérosurveillance à Maurice.

Il s’appuie sur un document produit à partir des épidémies de 2005 et 2006. Les chercheurs estiment qu’au moins la moitié de la population infectée à cette époque est « peut-être » protégée. 

Il reconnaît que ces analyses prendront du temps. Selon lui, une meilleure compréhension de la situation pourrait être obtenue à travers 1 500 à 2 000 tests PCR, afin de déterminer combien de personnes ont déjà été infectées et dans quelles régions.

Abordant le diagnostic en phase aiguë, selon le Dr Shameem Jaumdally, les centres de santé doivent se préparer à une éventuelle augmentation de cas. Il insiste sur la nécessité d’anticiper les besoins en équipements et en kits de dépistage.

Concernant le traitement, le Dr Shameem Jaumdally estime que les médecins sont suffisamment préparés, à condition de suivre les protocoles internationaux. Toutefois, il met en garde contre l’impact d’une recrudescence du chikungunya sur les services hospitaliers. « Une recrudescence du chikungunya va affecter la prise en charge des autres pathologies comme les maladies cardiovasculaires, le cancer, l’hypertension artérielle et le diabète, entre autres. »

Il préconise un plan stratégique afin d’anticiper la gestion des hospitalisations. « Il faut élaborer un plan stratégique », dit-il.

La prévention reste un pilier de la lutte contre les épidémies. Le virologue insiste sur la responsabilité partagée entre les autorités sanitaires et la population. « Il n’est pas possible de venir à bout des moustiques sans la contribution de la population. » Il appelle à une vaste campagne de sensibilisation sur l’importance de la prévention de la prolifération des moustiques et des piqûres. 

Alors qu’une campagne de vaccination contre le chikungunya a démarré le lundi 7 avril à La Réunion, le Dr Shameem Jaumdally estime que cette mesure n’est pas encore nécessaire à Maurice.

 

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