Chevaux de course sud-africains en transit : deux permis de quarantaine de 90 jours à un même centre en un mois

Des questions se posent quant à une décision des vétérinaires du ministère de l’Agro-industrie permettant à Subiraj Gujadhur d’importer deux lots de chevaux en l’espace d’un mois. Les coursiers sont censés être en quarantaine pour 90 jours et ne doivent pas être en contact. Or, ils sont gardés dans la même zone.

La Veterinary Services Division (VSD) du ministère de l’Agro-industrie a-t-elle encore une fois mis les pieds dans le plat ? Même pas un an après avoir permis qu’une cargaison de bœufs atteints de fièvre aphteuse en provenance de Rodrigues soit débarquée à

Port-Louis, une récente décision prise par ce département fait sourciller le monde hippique. Elle a accordé deux permis en l’espace d’un mois à la société RG Poste Lafayette Training & Quarantine Centre pour l’importation de purs-sangs sud-africains valant des millions de roupies devant être mis en quarantaine à Maurice avant d’être réexportés vers l’Europe.

Contrairement aux autres animaux, les chevaux sud-africains destinés au marché européen doivent demeurer dans l’île pour une durée de 90 jours en raison des risques qu’ils ne soient porteurs de l’African Horse Sickness (AHS). C’est pourquoi l’Union européenne interdit l’importation directe des coursiers du pays de Mandela. Des amoureux de courses hippiques ont donc eu l’idée de passer par Maurice pour importer leurs chevaux. C’est le même procédé qui est en vigueur pour les coursiers destinés à Dubaï, sauf qu’ils doivent faire une seconde escale en Grande-Bretagne.

Maladie mortelle

Endémique dans les régions tropicales d’Afrique, l’AHS s’attaque aux chevaux, aux ânes et aux mules. La maladie peut tuer l’animal et se caractérise par des poussées de fièvre et des troubles du système respiratoire ou circulatoire. Elle a sévi en Égypte, au Moyen-Orient et dans le sud de la péninsule d’Arabie. Les chevaux sud-africains ne sont ainsi pas importés directement par Dubaï.

Jusqu’à la fin des années 50, l’Afrique du Sud a exporté jusqu’à 350 000 chevaux pour soutenir l’effort de guerre durant les deux conflits mondiaux, mais a été sujette à un embargo quatre décennies durant après une épizootie au Moyen-Orient en 1959.

Si le double permis accordé à la société de Subiraj Gujadhur, aussi dit Subu, prête à toutes sortes d’interprétations, c’est parce que l’AHS, communément appelé peste équine, est transmise par les insectes et que les chevaux en quarantaine se trouvent dans la même zone. « On se demande ce que vont bien pouvoir expliquer les vétérinaires du ministère de l’Agro-industrie à l’Union européenne quant aux dispositions prises pour empêcher que le second lot de 23 coursiers ne soit pas en contact avec le premier lot de 30 », lâche un habitué du Champ-de-Mars.

Même le ministère de l’Agro-industrie semble perdu d’après la correspondance adressée à Subiraj Gujadhur le 11 août dernier. « At the last meeting of the Import Permit Committee held on 10th of August 2017, the application for horses in transit (23 horses) from RG Poste Lafayette Training Centre Ltd had been approved.

The Import Permit Committee noted that the previous application had been made on 20 June 2017 for 30 horses that reached Mauritius on 04 July 2017. The Committee wished to apprise you that 90 days quarantine are required for horses that would be re-exported and understands that the next consignment would come in only after the previous batch has moved out ».

« Il n’y a aucun souci à se faire. Il y a eu un malentendu. Le ministère m’a contacté et j’ai fourni des explications. Ce sont leurs propres experts qui m’ont accordé cette autorisation. Ils ont avalisé les travaux entrepris à mon centre afin que les deux lots de chevaux ne soient pas en contact », explique Subiraj Gujadhur. « Auparavant je n’avais pas les moyens pour importer deux lots de chevaux.

Maintenant que c’est le cas, j’ai respecté les procédures énoncées par les vétérinaires Aboobaker, Ramjee et Meenowa qui viennent régulièrement effectuer des tests », dit-il. Tout en ajoutant que le centre se trouve sur six arpents de terrain et que les deux lots sont gardés dans deux espaces aux accès séparés.

Aucun problème de contamination

Le grand patron du VSD, le Dr Deodass Meenowa, explique qu’il n’y a aucun problème de contamination à craindre dans ce cas précis et écourte la conversation téléphonique, expliquant qu’il se trouve « à une cérémonie ». Au ministère, on explique que ce dossier fera l’objet d’une « étude approfondie » dans les jours à venir. Dans l’entourage des Gujadhur, on prête des intentions malveillantes contre RG Poste Lafayette Training & Quarantine Centre, car un ancien dirigeant du Mauritius Turf Club n’arrive plus à importer des coursiers sud-africains.

Il faut savoir que Subiraj Gujadhur est le fils et l’assistant de Rameshwar Gujadhur qui a accueilli les chevaux de Paul Foo Kune au sein de leur écurie.