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Ces défis économiques auxquels les autorités devront attaquer en 2025 

Cette nouvelle année est synonyme de nouveaux défis. Sur le plan économique, les challenges ne manquent pas surtout après les révélations contenues dans le « State of the Economy » sur des données falsifiées. Quelles sont donc les priorités pour relancer l’économie du pays ?

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Relancer l’économie 

L’économie mauricienne n’est pas en plein boom. Loin de là ! Comme le démontre le rapport « State of the Economy », les indicateurs macroéconomiques ont été, pour la plupart, surestimées. Ainsi, le produit intérieur brut a été gonflé de plus de Rs 36 milliards en 2024. Par ailleurs, la dette publique a été sous-évaluée. Elle s’élève réellement à Rs 559,1 milliards contre des estimations de Rs 546,3 milliards sous l’ancien régime. Les enjeux sont donc doubles. Il nous faut rattraper notre retard tout en poussant l’économie à faire mieux. Comment y parvenir ? Pour le Dr Vinaye Ancharaz, il faut « relancer les secteurs productifs tels que l’agriculture où le potentiel est énorme ». Il faut aussi miser sur des activités prometteuses et à haute valeur dans le secteur manufacturier telles que l’industrie pharmaceutique, suggère-t-il. « Il faudra se tourner vers des pays amis tels que l’Inde qui peut nous aider à booster cette industrie. Nous devons parallèlement revoir notre produit touristique centré depuis plusieurs décennies sur le « beach tourism ». Il nous faut diversifier nos offres dans ce secteur clé », propose le Dr Ancharaz. L’économiste Sanjay Matadeen abonde dans le même sens. « Il faut renforcir les secteurs existants notamment le secteur de l’exportation. Il nous faut diversifier nos produits touristiques, augmenter la contribution du secteur financier et maintenir sa compétitivité. Il faut aussi jeter les bases pour de nouveaux secteurs », recommande Sanjay Matadeen. 

Stopper la dépréciation de la roupie 

Il faut mettre un frein à la dépréciation de la roupie, recommande d’emblée le Dr Vinaye Ancharaz. Les données sont, d’ailleurs, parlantes. Selon AXYS, la roupie s’est dépréciée de plus de 30 % par rapport au dollar depuis 2014. Au cours des cinq dernières années seulement, la monnaie locale a chuté de 23,2 %. Lors de sa dernière conférence de presse, Rama Sithanen a dévoilé d’autres chiffres. Entre 2020 et 2024 (jusqu’au 19 décembre), la Banque de Maurice a injecté 4,5 milliards de dollars pour stabiliser la roupie, soit environ Rs 216 milliards. Ce qui n’a pas empêché la monnaie locale de se déprécier de 27 %. Pour l’économiste Ancharaz, la dépréciation de la roupie est due à des facteurs externes qui sont hors de notre contrôle.

« La roupie se déprécie parce que le dollar s’apprécie au niveau international (Ndlr : le billet vert a atteint son plus haut niveau depuis deux ans en ce début de 2025). Pour stopper la dépréciation de la roupie, il faudra injecter plus de dollars dans le circuit monétaire. Le problème, c’est qu’il y a un manque de billets verts sur le marché. Un manque que je qualifierai d’artificiel, car nous recevons beaucoup de devises, mais les détenteurs les conservent et font de la spéculation », déplore Vinaye Ancharaz. Une chose est sûre : les regards seront braqués cette année sur la politique de la Banque de Maurice en vue de donner du peps à la roupie. De son côté, Rama Sithanen a donné l’assurance que sa priorité demeure le combat contre la dépréciation de la roupie d’autant plus qu’elle a un impact sur le pouvoir d’achat, le coût de la vie et l’inflation.

Trouver des solutions face au manque de main-d’œuvre 

C’est un phénomène qui prend de l’ampleur dans le pays : le manque de main-d’œuvre. « Il faut trouver des solutions et revoir nos structures en y mettant des gens compétents qui pourront apporter les changements nécessaires », suggère Sanjay Matadeen. Il recommande aussi un plan d’ensemble pour éviter le « brain drain ». Il faut dire que de plus en plus de jeunes songent à émigrer. Dans un récent sondage de StraConsult, il ressort que 74 % des jeunes de 18 à 24 ans et 73 % des jeunes de 25 à 34 ans disent avoir au moins « un peu » pensé à émigrer, principalement pour trouver de meilleures opportunités d'emploi. « La proportion de jeunes ayant envisagé « un peu » ou « beaucoup » d'émigrer a plus que doublé par rapport aux résultats de notre sondage de 2016 », indique StraConsult.

Rendre l’appareil économique plus efficient 

C’est peut-être un des plus gros chantiers à mettre en place. « Il faut rendre l’appareil économique plus efficient. Il faut améliorer la facilitation des affaires. Il faudra accorder des permis plus rapidement. Il faudra rendre notre port plus efficient surtout que nos pays voisins sont de plus en plus compétitifs. À titre d’exemple, le port des Seychelles s’est beaucoup développé et a été complètement digitalisé », explique Manisha Dookhony, économiste.

Établir une feuille de route pour le pays 

Il faut que le gouvernement vienne de l’avant avec une roadmap pour le pays, une vision pour 2030 ou 2040, avance Sanjay Matadeen. « Il faut un plan d’action qui permettra à tous de connaître la direction où l’on va et comment y parvenir. Ce sera au ministre des Finances, mais aussi au ministre du Plan d’en définir les grandes lignes pour le développement du pays », recommande l’économiste. Il ajoute que le pays ne peut plus se permettre de faire tourner l’économie en mode automatique. « Il faudra venir avec un plan d’action le plus vite possible. À titre d’exemple, nous devons faire de notre secteur portuaire une plaque tournante pour l’Afrique. Il nous faut aussi de nouveaux projets d’investissement et mettre en place des idées avant-gardiste. Nous devons nous inspirer des modèles qui ont fait leurs preuves dans d’autres pays. Parallèlement, nous devons éliminer les inefficiences et les gaspillages dans notre système », préconise-t-il.

Attirer des investissements dans divers secteurs 

« Environ 70 % de nos investissements directs étrangers sont consentis dans l’immobilier (Ndlr : Rs 11,16 milliards sur Rs 15,92 milliards ont été injectées dans le secteur immobilier au premier semestre de 2024). Ce n’est pas normal », déplore Vinaye Ancharaz. D’où la nécessité, soutient-il, qu’il y ait des incitations pour attirer des investisseurs dans d’autres secteurs tels que l’agriculture, le secteur manufacturier, le « blue economy », entre autres.

Allier économie et social  

Le Dr Vinaye Ancharaz est catégorique : « C’est bien de mettre l’accent sur l’économie, mais il ne faut pas oublier le social. L’économie va de pair avec le social. Il ne faudrait pas dissocier les deux ». Il faut, soutient-il, des mesures pour soulager les Mauriciens face au coût de la vie qui a augmenté de manière drastique. « Il faut maîtriser la dépréciation de la roupie et ramener l’inflation sous contrôle. Le gouvernement devra aussi réaliser peu à peu ses promesses électorales », fait-il ressortir.

Ne pas négliger les implications de la conjoncture internationale 

Manisha Dookhony recommande au pays d’être prudent face à la conjoncture internationale. Les événements du passé (Covid-19, guerre en Ukraine, guerre au Moyen-Orient…) ont démontré à quel point le pays peut être touché par ce qui se passe dans le monde. « Avec l’annonce de nouvelles taxes et d’autres mesures aux États-Unis, il y a une possibilité que le dollar se renforce. Maurice en tant que petit État insulaire devra faire face à une appréciation du dollar », prévient Manisha Dookhony.

Revoir la CSG   

Il faut revoir la Contribution Sociale Généralisée (CSG), préconise Manisha Dookhony. « C’était supposé être un fonds de pension qui allait grossir, mais c’est finalement devenu un fonds où on prélève et où l’on donne. Avec un tel fonds, la génération actuelle n’est pas très positive pour l’avenir. Il y a toute une réflexion à faire pour redéfinir un nouveau fonds de pension », explique notre intervenante.  

  • defimoteur

     

 

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