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Bail de la cour de récréation du Trinity College : une procédure légale, mais surprenante

Le terrain se trouve à côté du collège Trinity, fermé depuis des années, et servait à un terrain de jeu.

Depuis le début de la semaine, l’affaire du bail foncier de Primerose Obeegadoo, mère de Steven Obeegadoo, vice-Premier ministre et ministre du Logement et de l’Aménagement du territoire, suscite de vives réactions.

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Le terrain concerné, situé à l’arrière du Trinity College, appartenant à la famille Obeegadoo, à Port-Louis, était initialement destiné à servir de cour de récréation. Attribué en 1967 sous un « year-to-year lease », le conseil des ministres a donné son aval la semaine dernière pour transformer ce bail en un « industrial site lease » de soixante ans. C’est dans le cadre d’un projet de maison de retraite d’une valeur de Rs 400 millions, porté par Primerose Obeegadoo.

Même si la procédure semble parfaitement légale, elle surprend. Le n° 2 du gouvernement, dans ses interventions sur l’affaire, a insisté sur la légalité de la démarche.

« Qu’un bail de l’État attribué pour une école privée qui n’a pas été repris presque trente ans après la fermeture de celle-ci soit converti en bail industriel pour une durée de soixante ans est une chose que je n’ai pas vue durant ma carrière au ministère des Terres et du Logement », confie un ancien fonctionnaire. Toutefois, il fait lui aussi ressortir qu’il n’y a rien d’illégal.

Par contre, selon lui, le bail aurait dû être repris, car le détenteur n’utilisait plus le terrain pour la raison qui lui avait permis d’obtenir le bail. « Ce lopin a été octroyé pour une raison spécifique et il doit donc être utilisé à cette fin. S’il n’est pas utilisé à bon escient, il doit être repris », avance-t-il.

« C’est de ce fait plutôt étonnant qu’un terrain situé dans un endroit où le gouvernement ne possède plus beaucoup de terrains n’ait pas été repris pendant toutes ces années. Peut-être qu’il y a eu une faille quelque part au niveau des fonctionnaires ? »

Cet ancien haut fonctionnaire ajoute que parmi les conditions attachées au State Land Lease, il y a le fait que si la personne meurt avant la fin de son bail, celui-ci devient nul. « Dans ce cas précis, il faudrait donc voir qui est vraiment le détenteur du bail. Est-ce que c’est Claude Obeegadoo ou est-ce que c’était une compagnie qui gérait le collège Trinity ? », demande-t-il.

Ce terrain de 1 857 m², propriété de l’État, avait été attribué au père de Steven Obeegadoo, Claude Obeegadoo, en 1967. Ce qui n’est pas clair, c’est si le bail était à son nom propre ou par le biais d’une compagnie. Décédé le 9 mai 2022 à l’âge de 94 ans, le bail aurait ensuite été transféré à Primerose Obeegadoo. Reste à savoir si elle est devenue détentrice du bail à travers les actions qu’elle aurait héritées au sein d’une compagnie.

Il convient également de faire observer que Steven Obeegadoo et son frère, Kevin Obeegadoo, auraient renoncé à leurs droits d’héritage le 17 août. Ce dossier aurait été présenté au conseil des ministres par Deepak Balgobin, alors ministre suppléant des Terres en l’absence de Steven Obeegadoo, hors du pays à ce moment-là.

Le terrain, qui avait autrefois servi de cour de récréation pour le Trinity College, et les bâtiments coloniaux de l’établissement sont aujourd’hui à l’abandon. Les structures tombent en ruine, tandis que le terrain est envahi par des broussailles et des détritus. Et des chiens errants qui y ont trouvé refuge.

« Le collège, réservé aux garçons à partir de la Form III, a fermé ses portes après le cyclone Hollanda en février 1994. Les bâtiments étaient déjà en mauvais état avant, mais le cyclone a achevé ce que nous appelions le Trinity St James. Nous étions environ 300 élèves et avons été transférés vers d’autres collèges d’État », se raconte un ancien élève. Environ un an plus tard, les étudiants ont été redirigés vers un autre bâtiment à Résidences Martial, qui a conservé le nom de Trinity College.

Le Trinity College avait également une aile pour les garçons près de la cathédrale Saint-Louis, à Port-Louis, tandis que la section des filles se trouvait à la rue La Poudrière. Cette dernière a été renommée Medco Trinity en janvier 2016.

Steven Obeegadoo a indiqué, le mercredi 18 septembre, dans l’émission Au Cœur de l’info sur Radio Plus, dit avoir la conscience claire.  Le Premier ministre adjoint ajoute que les proches des ministres ne peuvent pas  être pénalisés pour leurs projets. 

« Je ne suis impliqué en aucune façon dans le traitement du dossier », a-t-il précisé. Concernant la rapidité du traitement, il a avancé qu’« une demande de bail prend plus de temps qu’un changement d’objet. C’est dans un esprit de transparence que le ministère a demandé qu’il soit référé au conseil des ministres. Il s’agit d’un changement d’objet du bail et la procédure s’est passée pendant mon absence du pays".

 

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