Tout la destinait à un emploi tranquille et rangé. Mais Anishta Purrahoo, 28 ans, s’est déviée d’un parcours fléché pour apporter sa pierre à l’édification de l’Afrique de demain. Elle s’est investie dans le projet éducatif d’African Leadership College où elle s’occupe de l’inscription des jeunes Africains et Mauriciens.
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Ses excellents résultats de fin d’études au collège France Boyer de la Giroday et son poste de manager à l’usine de son père, Ajay, spécialisée en produits cachemire, auraient pu lui indiquer la voie royale du marketing en textile, après une licence à l’Université de Middlesex. Mais, à Londres, sa route croise celle d’un représentant de l’African Leadership College (ALC). Elle en prend acte, mais ne promet rien.
De retour à Maurice, elle prend de l’emploi comme recruteuse et responsable de marketing à l’Université de Middlesex. Six mois plus tard, elle devient la Regional Director et recrute des étudiants désirant partir travailler, à Londres, Dubai et Malte. En 2012, elle retourne à la Middlesex University, à Londres, à la faveur d’une bourse pour passer un MBA. Durant son séjour, elle travaille au département du Business Development pour l’université.
Elle revient à Maurice, en 2016, où ALC, qui est affiliée, à la Glasgow Caledonian University, fait appel à ses services. À l’heure où d’autres Mauriciens conçoivent le continent noir comme un champ d’affaires, la jeune femme choisit ainsi de s’investir dans le projet éducatif d’ALC, en faisant valoir ses compétences en marketing et ressources humaines. « C’est un défi, car c’est la première année d’opération de cet institut qui possède une université au Rwanda. Il fallait prendre en considération les préjugés à l’égard de l’Afrique et des habitants. Mais, j’aime bien les défis et celui-là, en est vraiment un », dit-elle en souriant.
60 % de professeurs africains
Installé dans le Business Park de Beau-Plan dans des locaux construits grâce à un partenariat avec Terra, l’établissement, dès sa mise en opération, place la barre haut, en recrutant des enseignants titulaires d’un doctorat, dont certains sont des produits de Stanford. Si le corps enseignant, à lui-seul, compte 60 % de professeurs africains, on en trouve aussi des Américains, Argentin, Philippin.
« Partout, des instituts d’enseignement supérieur préparent à la licence. Ici, nous avons relevé notre enseignement en mettant l’accent sur le développement des capacités extracurriculaires, dont le leadership, le travail d’équipe, la communication. Le cursus inclut des visites en entreprises, tant locales qu’à l’étranger », explique Anishta Purrahoo.
Si la direction d’ALC a décidé d’installer ses bureaux à Maurice, c’est à cause de la stabilité politique, économique et sociale, constamment relevée dans les rapports internationaux.
S’implanter à Maurice a un prix. L’accréditation à l’université écossaise, ainsi que les salaires du corps enseignant rémunérés à titre d’expatriés dévorent une bonne partie du budget de l’institut. Quant aux frais payés par les étudiants, Anishta Purrahoo tente de minimiser l’enveloppe de quelque 6 000 dollars dont ils doivent s’acquitter. « L’institut offre une formule d’aide qui permet aux étudiants en difficulté, après étude de leurs dossiers, de rembourser les frais lorsqu’ils décrochent un job, et s’ils perdent leur job, le remboursement est annulé. Par ailleurs, quatre bourses sont accordées aux étudiants mauriciens. »
Le souci d’être en phase avec la demande sur le marché africain a conduit l’institut à offrir, dans l’immédiat, des études dans quatre filières : le génie électrique, le management, l’informatique et les sciences sociales. Toutes ces filières, assure la jeune femme, ont été établies après des études de marché. À cette offre, viendra s’ajouter, en 2017, des études sur le Global Challenges, une matière qui se déclinera en sept spécialisations dont l’urbanisation, l’éducation et les soins de santé. « Ces trois questions sont au cœur des défis de l’Afrique, hier comme aujourd’hui, il faut les traiter de manière concrète, avec des expériences empiriques validées par des études », fait-elle valoir.
Le cursus, qui inclut des visites en entreprises, tente de répondre à ce souci, l’institut offrant des cours holistiques permettant à ses étudiants d’intégrer sans trop de transition les entreprises. La mise sur pied du ‘Student Venture Programme’ a ainsi permis à un étudiant, Alex Mativo, de créer sa petite entreprise de recyclage de déchets électroniques au Kenya. « Il faut que leur degré d’employabilité ne souffre d’aucun problème. Nous sommes arrivés à une situation en Afrique où les employeurs, tant dans le privé que la fonction publique, veulent que les jeunes, frais émoulus des universités, soient en mesure de fonctionner et devenir des leaders capables de prendre des décisions », fait-elle observer.
À titre personnel, Anishta Purrahoo caresse l’organisation d’un concours inter-collèges en 2018, en attendant que l’ALC emménage dans ses nouveaux locaux, à Pamplemousses, la même année et présente ses premiers diplômés l’année suivante. « Pour nous, il s’agit de développer l’Afrique à partir de Maurice », dit-elle.
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