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Agressions sexuelles sur mineur - Père Stéphane Joulain : «C’est notre mission à tous de protéger les enfants» 

Père Stéphane Joulain Le père Stéphane Joulain affirme qu’en cachant que son enfant ait été victime d’une agression sexuelle, cela conduit à la stigmatisation de l’enfant.
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Accompagnant les victimes et participant au traitement des auteurs d’abus sexuels au Canada, le père Stéphane Joulain est un des rares prêtres et psychothérapeutes au monde spécialisés dans le traitement des agressions sexuelles sur mineurs. Il travaille dans ce domaine depuis plus de quinze ans. Rencontre.

Le psychothérapeute explique l’importance de la prévention des agressions sexuelles sur les mineurs, afin d’assurer une meilleure protection des enfants.  

Il a assuré des sessions de formation avec le clergé, les religieux, les accompagnateurs spirituels, les chefs d’établissements scolaires et les personnes en responsabilité auprès des jeunes dans les mouvements et services du diocèse. Il a aussi animé une conférence publique sur le thème : « Construire ensemble un environnement sûr pour nos enfants », le samedi 9 novembre, à l’institut Cardinal Jean Margéot à Rose Hill. 

Il y a également cette tendance au sein de la famille à ne pas parler de la sexualité. Ce faisant, le sujet devient tabou»

Diplômé en victimologie à Paris et détenteur d’un doctorat en psychologie de l’université Saint-Paul, à Ottawa, il indique que l’objectif de ces sessions était d’alerter sur cette problématique. 

Les alertes

Il y a un faisceau d’indices à éplucher. Exemples : un enfant criant et pleurant tout en se plaignant qu’il a mal au ventre, un enfant avec une faible moyenne à l’école qui a du mal à se concentrer en classe ou un autre qui va mouiller inconsciemment son lit, etc. 

« Ce sont des signaux d’alerte rouge d’un enfant en souffrance. Cela ne va pas être lié nécessairement à un enfant victime d’agression sexuelle. Mais cela peut être le cas, car les enfants agressés ne vont pas parler de leurs agresseurs. Il est donc important que les parents favorisent la communication très tôt avec leur enfant. Afin que celui-ci puisse leur confier son problème en toute confiance. »  

« Souvent, les adultes s’autorisent à considérer les enfants comme étant la propriété de la famille. Il est impératif qu’ils considèrent leur enfant comme une personne à part entière et vulnérable. Il y a également cette tendance au sein de la famille à ne pas parler de la sexualité. Ce faisant, le sujet devient tabou. Il faut ainsi favoriser une meilleure approche de la communication avec son enfant », constate-t-il.  

Et d’expliquer qu’un enfant en souffrance recherche souvent de l’affectivité. « Lorsqu’il n’en reçoit pas, il va combler ce manque ailleurs. À titre d’exemple, il ira consommer de la pornographie à son très jeune âge. L’accès en ligne est sans restriction de nos jours. Les acteurs sont sans filtres en ce qu’il s’agit de leurs parties génitales, des fantasmes d’adultes et des violences sexuelles. »  

Le risque d’abus sexuel est aussi très grand dans une société extrêmement violente. Souvent à cause de buts complètement narcissiques»

Et de dire que l’enfant se retrouve ainsi face à cette dépersonnalisation du sexe. « Sur trois cas d’agressions sexuelles, deux sont causés par un mineur sur un autre mineur. Le risque d’abus sexuel est aussi très grand dans une société extrêmement violente. Souvent à cause de buts complètement narcissiques. » 

Quid des victimes ? 

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Chez certains agresseurs, ce trouble sexuel est d’origine mentale.

Le père Joulain fait observer qu’une fille est plus à risque d’une agression sexuelle. « Selon des statistiques des Nations unies, une fille sur trois et un garçon sur cinq sont à risque des agressions sexuelles sur mineur au début de la puberté. »

En ce qu’il s’agit des facteurs associés au risque de l’agression sexuelle d’un enfant, le psychothérapeute cite la vie de famille comportant des violences physiques et émotionnelles, une mère dépressive ou un père alcoolique ou absent pour des raisons liées au travail. 

Il renchérit qu’il y a aussi les facteurs environnementaux qui engendrent l’abus sexuel sur un enfant. La vie dans un quartier avec un fort taux de criminalité ou dans un pays en guerre. La promiscuité, la pauvreté, la prostitution, entre autres. Et d’ajouter qu’il y a aussi des facteurs culturels. Comme la tradition de mutilation génitale en Afrique ou celle du père qui est usufruitier du corps de sa fille dans certains pays. 

« Comme la sexualité est tabou en famille, l’enfant est plus exposé à l’agression sexuelle, à cause de la culture du silence », soutient le père Joulain. Ce dernier affirme qu’en cachant que son enfant ait été victime d’une agression sexuelle, cela conduit à la stigmatisation de l’enfant. « Ces parents ont souvent peur de la honte sociale et du regard des autres. En agissant ainsi, ils protègent l’agresseur au lieu de le dénoncer à la police. » 

Passage à l’acte 

Le père Joulain indique que les agressions sexuelles sur les mineurs peuvent arriver au sein de la famille ou dans le milieu institutionnel. Mais encore dans la rue par un délinquant sexuel. « Nul n’est à l’abri. Les agresseurs peuvent être le père, la mère, l’oncle, le cousin, le professeur de danse, le coach sportif parmi tant d’autres personnes. »  Comment les repérer ? À cette question, le psychothérapeute répond qu’il est difficile de les identifier. « C’est souvent le premier passage à l’acte de l’agresseur qui conduit à une idée de son profil. Pour prévenir qu’il récidive, il est essentiel de le soigner. »  

Trouble d’hypersexualité 

Chez certains agresseurs, ce trouble sexuel est d’origine mentale. Il est lié à une mauvaise structuration du cerveau, indique le père Joulain. « 35 à 40 % des bourreaux ont été victimes d’agressions sexuelles. Nous avons aussi l’inceste. Notamment le passage à l’acte de l’adulte sur l’enfant (père, oncle ou autre proche). Selon les différentes nosographies, il y a également la psychopathie et la transgression de la norme. D’autres peuvent souffrir d’un trouble d’hypersexualité faisant qu’ils recherchent l’orgasme à tout prix », dit-il. 

« Il y a encore ceux qui descendent leurs standards moraux par rupture affective sous l’effet de l’alcool et la drogue, entre autres pour passer à l’acte sur les enfants. Nous avons aussi des agresseurs qui ont des handicaps ou des déficiences mentales. Ainsi tous voient l’enfant moins menaçant qu’un adulte d’où leur préférence pour agir sur les mineurs. » 

L’abus sexuel au féminin, le tabou 

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Massivement connu comme étant causé par les hommes, l’abus sexuel existe aussi au féminin. Longtemps demeuré tabou, ce phénomène explose dans le monde depuis une dizaine d’années, indique le père Stéphane Joulain. 

« Nous avons le cas quand les deux parents agressent sexuellement leur enfant. Il y a la nounou qui masturbe l’enfant pour le faire dormir. Il y a aussi la professeure ou l’institutrice qui impose des relations sexuelles à ses élèves. » 

Quid des raisons de ce phénomène ? Le psychothérapeute indique qu’une raison : c’est la fluidité sexuelle féminine causée, par exemple, par la consommation de la pornographie. « Nous avons aussi la dynamique de contrôle. Avec l’émancipation féminine, qui est une bonne chose, les femmes se retrouvent confrontées aux mêmes problèmes que les hommes. » 

Sollicitée pour un commentaire sur ce phénomène à Maurice, l’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasamy, indique que son bureau a reçu des cas d’agressions sexuelles sur mineurs perpétrées par des femmes. Sous quelles formes ? « Exploitation sexuelle et prostitution des filles mineures, le passage à l’acte d’une femme adulte sur une fille mineure, une maman qui sans s’en rendre compte s’adonne à des activités sexuelles devant son enfant et une autre qui consomme de la pornographie devant son enfant, entre autres », relate-t-elle.

 

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