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Zones d'ombre autour de sa mort : la vie inachevée d’Adurshee, 13 ans

Gangeshwaree L'adolescente avait de grandes ambitions.
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Leur monde s’est effondré. Neha Panchoojeenah, 38 ans, et son ex-époux, Sujit  Kumar Babooram, 44 ans, ont perdu leur fille Gangeshwaree (Adurshee), 13 ans. La dernière d’une fratrie de trois enfants est décrite comme une fille brillante, serviable, obéissante qui nourrissait de grandes ambitions. Elle est morte dans de troubles circonstances, le 27 juin, à l’hôpital Jawaharlal Nehru, Rose-Belle. L’autopsie a révélé qu’elle a succombé à un œdème cérébral aigu.

La mère d’Adurshee.
La mère d’Adurshee.

Une cause qui divise la famille. Neha Panchoojeenah est catégorique : sa fille aurait pris de la drogue synthétique à son insu. Mais pour le père, sa fille ne s’est jamais droguée. Le rapport toxicologique est attendu afin d’y voir plus clair.

Ce qui est certain, c’est que l’adolescente, appelée affectueusement Adurshee, aura marqué le cœur et les esprits de tout ce qui l’ont connue. Elle n’a pas eu une enfance facile.  « J’ai aimé et j’aime mes enfants sans distinction et sans limite », soutient le père, Sujit Kumar Babooram au cœur meurtri.

Marié à Neha Panchoojeenah, leur union n’a cependant pas marché. « Adurshee n'était qu'une enfant, quand nous nous sommes séparés, », dit-il. Voulant à tout prix éviter une bataille juridique pour la garde de la petite, Sujit dit s’être sacrifié. « Monn dir dans la Cour ki mo pas le mo zanfan soufer. Enn zour kot mwa ou lot zour kot mo ex-madam. Monn dir mo ex okip li. Monn aksepte perdi lamour mo zanfan. Mo ti panse li pou bien ek so mama », lâche-t-il avec regret.

Quand elle venait chez son père, ce n’était pas pour longtemps. « Je ne bois pas une goutte d’alcool, ni ne fume. Lorsque ma fille venait à la maison, Adurshee ne sortait presque jamais. Elle caressait le rêve de devenir hôtesse de l’air », lâche-t-il. « Ma fille ne s’est jamais droguée. Elle n’a jamais eu de mauvaises fréquentations », dit le père de l’adolescente.

Une battante

Neha, la mère est toute aussi bouleversée par cette tragique perte. « Comment oublier sa naissance, ses habitudes, tous ses gestes ? Jamais, je ne le pourrais » nous dit-elle. « Ma fille était une battante, tout comme moi », ajoute la maman.

Elle se remémore du tout premier voyage qu’elles avaient fait. « Je travaillais dans une compagnie engagée dans la vente à l’époque. J’avais obtenu un voyage pour Dubayy et Adurshee m'avait accompagnée. ».

L’adolecente a fréquenté le collège de Rivière-des-Anguilles. Puis sa mère est partie s’installer à Vacoas et l’adolescente a de nouveau été transférée et a intégré le Belle-Rose SSS. Elle gardait son objectif en tête, mais ne délaissait pas pour autant ses nombreuses passions. « Elle chantait bien et aimait les chansons mélancoliques. Elle s’est fait connaître dans son collège grâce à la chanson », dit Neha qui ne tarit pas d’éloges sur l’adolescente.  

Après quelques années à louer une maison à Vacoas, Neha et ses filles ont dû déménager une énième fois. « Cette fois, j’ai eu des soucis avec le propriétaire et j’ai dû quitter la maison », explique-t-elle. Adarshee a alors été envoyée chez son père à Union Park. Ne comptant que sur la générosité de ses proches, Neha est partie vivre chez sa mère quelque temps avant de chercher une autre maison.

« Grace à une amie, j’ai pu trouver une maison à Montée S (Petite-Rivière). Je ne devais y passer que quelques semaines, car en juillet, je prends l’avion. Adurshee m’y a rejointe ». Mais Neha ne pensait pas que cela allait être la dernière demeure de sa fille adorée.

18 juin. L’adolescente est mal en point. « Ma fille avait ses menstruations. Je me disais qu’elle était anémie. Li ti pe zis dormi mem », dit Neha. « J’étais partie travailler. À mon retour, ma fille m’a dit que la dame chez qui nous vivions lui avait donné du foie de morue et des céréales ». Dans la soirée, la santé de l’adolescente s’est aggravée. « Elle a commencé à avoir des crises d’épilepsie », dit la mère.

Vers 23 heures, Adurshee est transportée à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. Le père est alerté. « J’ai pris ma fille pour la conduire à Union Park, mais en route, elle a fait une nouvelle crise. Nous avons dû l’emmener à l’hôpital de Rose-Belle », relate Sujit Kumar. Depuis, ses proches ont afflué à son chevet. « Je me doutais qu’elle avait été victime d’un acte malveillant, mais je voulais que ma fille se remette sur pied pour l’écouter », dit Neha.

Le 22 juin, l’adolescente est transférée à l’unité des soins intensifs de l’hôpital SSRN, Pamplemousses. « Elle a fait d’autres crises d’épilepsie ». Le 27 juin aux petites heures, elle rendra son dernier souffle. « Ma fille a été droguée à son insu », lâche la maman. Elle montre du doigt la famille qui l’avait hébergée.

«C’est la mère qui apportait ses repas»

La propriétaire réagit : « J’avais accepté d’héberger Neha et sa fille Adurshee pour trois semaines, mais je n’imaginais pas que cela allait finir en tragédie ».

I. K., 64 ans, est bouleversée. Cette habitante de Montée S soutient n’avoir rien à avoir avec la drogue synthétique. « Nous avons accepté que cette dame s’installe chez nous sans rien lui demander. C’était par pure charité, car elle disait qu’elle allait partir en voyage. Puis elle a emmené sa fille. Nous la traitions comme notre propre enfant. Zame nou finn gagn problem ladrog. Pa kone kifer li pe blam nou. A sak fwa li mem ki ti pe donn so zanfan manze » précise la sexagénaire.  

Vendredi, avec sa fille, elles se sont rendues au poste de police de La Tour Koenig pour porter plainte à la suite des allégations de la mère de l’adolescente.


Anjali, sœur aînée d'Adhursee : «Mo ser pa ti ena oken vis»

Anjali, 20 ans, l'aînée de la défunte, ne cache pas sa colère. « C'est faux ce que raconte ma mère. J'étais choquée quand j'ai appris qu'elle a dit à la presse que ma soeur consommait de la drogue synthétique. Adhursee n'a jamais touché à une cigarette ni à l'alcool. Mo ser pa ti ena oken vice e mo mama pe akiz li pou kasyet so ban defo. Comment a-t-elle osé se prononcer sans connaître les conclusions du laboratoire scientifique. D'ailleurs, le rapport d'autopsie a conclu qu'elle est morte à la suite d'une crise d'épilepsie », dit Anjali. « Elle détestait la cigarette, l'alcool et surtout la drogue. Li ti enn zanfan lakaz », ajoute la sœur.

Elle soutient qu'elle a vécu avec Adhursee pendant quatre ans. « Je me suis occupée d'elle quand notre mère était au travail. Puis, j'ai déserté la maison. Je ne pouvais supporter le comportement de ma mère », explique Anjali.


Abhishek, frère d’Adhursee : «J’étais sévère avec elle»

Abhishek, 17 ans, est le cadet de la famille. Il s'est confié au Défi Plus. « Adhursee n'avait pas de mauvaises fréquentations. Quand elle venait chez nous, je vérifiais son téléphone portable et je n'y avais rien trouvé de compromettant. J'étais sévère envers elle. Nous avions l'habitude de jouer à cache-cache. C'était son jeu préféré ».


Sheena, une camarade de classe : «Adurshee semblait un peu distraite»

Sheena dit être « attristée » par le décès de son amie de classe. « Adhursee était une fille très joviale et elle aimait chanter. Elle était intelligente et très dévouée. Mais, depuis quelques jours, elle semblait un peu distraite et elle me disait qu'elle se sentait mal. Li dir mwa so latet lour e mo ti dir li dir so paran amen li lopital. Il n'y avait aucun signe qu'elle se droguait », raconte Sheena.  Bhavna, une autre amie d'Adhursee, dit avoir été choquée en apprenant que l'ado aurait consommé de la drogue synthétique. « Elle était contre la drogue. Je me souviens qu'elle avait affirmé, alors qu'elle participait à un débat sur la drogue, qu'il fallait éliminer les marchands de la mort », relate Bhavna.

 

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