Même si on ne le voit pas, Yousouf Manjoo n’a jamais été aussi visible : trois courts métrages diffusés par la MBC et le long métrage adapté du roman d’Ananda Devi Anenden, actuellement en tournage dans les décors de l’hôtel Prince Maurice. Sans aucun doute, c’est un honneur d’être dans ce premier film de la romancière mauricienne, où le casting comprend également Nalini Aubeeluck et Gaston Valaydon, entre autres.
Sans ce film, la saison serait sans doute sèche pour l’ensemble des artistes amateurs mauriciens. « Il n’y a rien eu cette année pour les artistes, aucun projet, et rien en vue l’année prochaine. Je ne parle même pas du festival de courts métrages, qui était organisé par la Mauritius Film Development Corporation (MFDC), dont on n’entend plus parler », fait ressortir Yousouf Manjoo.
Attend-on plus du nouveau ministre de la Culture Dan Baboo ? « Je pense qu’il définit son projet culturel, et les moyens qu’il souhaite obtenir pour le réaliser. Va-t-on rester dans les mêmes stratégies mises sur pied par ses prédécesseurs ? Aura-t-il suffisamment de marge en termes de budget pour son ministère ? À ce jour, il n’y a eu aucune consultation avec les artistes mauriciens. »
Pour Yousouf Manjoo, sans cette prise de contact, on ne peut esquisser le profil d’une industrie du cinéma, présenté comme un pilier de développement économique. « Un tel projet doit mobiliser toutes les parties concernées, à commencer par les cinéastes et artistes, jusqu’aux exploitants de salles de cinéma, en passant par les sponsors. Mais cet exercice n’a jamais eu lieu. Il faudra sans doute organiser les Assises de la culture avant de définir tout projet de cinéma », fait valoir Yousouf Manjoo.
Même la pub n’est plus ce pourvoyeur d’opportunités qui s’offraient à ces formés à la comédie, dont une grande majorité par l’atelier de formation de Francis Leroi, organisé par la MFDC. Est-ce que cette situation est tributaire de la morosité économique, ou par manque d’enthousiasme dans les milieux culturels ? « Je crois qu’il faut d’abord identifier la problématique à laquelle nous sommes confrontés : quelles sont les priorités du gouvernement et dans sa politique, quelle est la place de la culture ? Enseigne-t-on la culture dans nos institutions scolaires ? Est-ce que les entreprises sont-elles intéressées à promouvoir la culture dans le large sens du terme ? », se demande Yousouf Manjoo.
À ses yeux, un ministre, à lui-seul, ne peut répondre à ces questions. « De par notre composition pluriculturelle, nos langues, nos vêtements, nos croyances, nos habitudes alimentaires, nous avons des acquis historiques riches, mais sous-exploités. C’est un héritage instrumentalisé par la politique, mais c’est un peu notre drame », fait-il ressortir.
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