À Trou-d’Eau-Douce : Jean-Noël et Manisha perdent un deuxième nourrisson

Alvinio Rabaye, un nourrisson de quatre mois est mort dans la nuit du 3 au 4 février dernier, à Trou-d’Eau-Douce. L’autopsie pratiquée par le médecin légiste, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, peu avant 13 heures à Candos, révèle que le décès de l’enfant est d’origine naturelle. C’est le deuxième enfant que perdent Jean-Noël Rabaye (35 ans) et Manisha Putteraj (28 ans). Leur première fille de cinq mois, prénommée Stacy, est morte en 2008.

« Mo ti p dormi mwa. So papa, avan al dormi, inn vinn fer li enn bizou. Li trouve li pa p bouze. Linn lev mwa. Ti minwi par la. Monn koumanss kriye ek plore. Nounn appel la polis ek ban la inn vini deswuit », raconte Manisha Putteraj, inconsolable de la mort subite de son nourrisson de quatre mois. Le destin vient encore une fois infliger de la peine à Jean-Noël et Manisha. La plaie se rouvre face à la douleur de perdre un deuxième enfant. La jeune femme confie qu’elle a perdu son premier bébé, Stacy, en 2008.

Cette mort imprévisible de son fils est plus qu’effroyable et dire qu’elle le tenait dans ses bras et jouait avec lui, il y a moins de vingt-quatre heures… Assise sur une chaise avec un torchon pour essuyer les larmes qui ruissèlent sur ses joues, le regard vide, Manisha fixe le lit de mort de son fils qui vient d’avoir quatre mois, le 2 février. Habillé tout en blanc, Alvinio a une fleur entre les mains. Munis d’une serviette en papier, sa tante Priya essuie le sang qui coule de son petit nez. Elle pleure son neveu. Tour à tour, proches et voisins affluent à la petite bicoque en tôle surchauffée par un soleil de plomb.

« Li ti malad, kuma sa inn arrive ? Deziem zenfan to perdi la. » Cette phrase est récurrente et Manisha répond pour la énième fois : « Li ti bien, linn  ress dormi ek li pann leve. » Elle recommence à pleurer et n’en finit pas. Sa mère Mantee (55 ans) essaie de la consoler, mais c’est elle qui, à son tour, fond en larmes. Aussitôt qu’elle a appris la nouvelle, elle est venue chez sa fille. Elle adorait Alvinio. La quinquagénaire confie aussi que Manisha vient de perdre son père il y a sept jours. à cela s’ajoute, un nouveau décès, celle de son bout chou.

La veillée funéraire

Sur une chaise Kayla (6 ans), les mains sur les joues, a du mal à comprendre ce qui se passe. Elle semble souffrir en silence. Elle porte un t-shirt « Today is a good day », elle fixe son défunt petit frère Alvinio. Lionnel (5 ans) est tout autant affecté, il ne se donne même pas la peine d’essuyer ses larmes. Sa tante avance et lui donne un morceau de pain. Il mange sans rechigner.

Subitement tout le monde est en sursaut … En entendant quelque chose s’effondrer, quelqu’un pousse un grand hurlement. Manisha sort de sa chaise et revient avec son fils Fabiano (3 ans) qui a une vis à la main. Il a l’air d’être celui qui a fait tout tomber. Il grimpe sur les genoux de sa mère qui continue la veillée funéraire.

Peu de temps après, Jean-Noël Rabaye sort de sa chambre. Il ne souhaite pas revenir sur le décès de son fils, mais laisse entendre qu’il a des démarches à faire : l’avis de décès et les funérailles de son enfant à organiser. Il faudra creuser la tombe de sa défunte fille Stacy pour y installer cette fois son fils, Alvinio. Il semble perdu dans ses pensées et il a le visage rongé par la tristesse. Il peine à cacher son désespoir. Les funérailles d’Alvinio ont eu lieu vers 16 heures, le lundi 4 février.  Il a été enterré  dans la tombe de sa sœur, au cimetière de Trou-d’Eau-Douce.

Appel à  solidarité

C’est en 2007 que Manisha et Jean-Noël décident de se mettre en couple. De cette union sont nés cinq enfants : Stacy (morte à cinq mois), Kayla (6 ans), Lionel (5 ans), Fabiano (3 ans) et Alvinio (mort à quatre mois). Un regard à la bicoque en tôle du couple, rénovée il y a cinq ans, reflète la réalité quotidienne de cette famille. Jean-Noël qui est maçon, peine à trouver du boulot. S’il en a, il ne gagne qu’une poignée de roupies pour nourrir sa famille au jour le jour. Avec la mort subite de leur fils, l’étau se resserre autour de Jean-Noël. Idem pour Manisha qui ne travaille pas. La famille a urgemment besoin de nourriture et compte sur la solidarité des uns et des autres.