Depuis quelques années, le trail attire de plus en plus de Mauriciens. C’est une épreuve d’endurance et de performance en pleine nature. Le trail est une course chronométrée sur un sentier de 10 à 50 km, voire plus. Rencontre avec des adeptes de ce sport.
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Quand les jeunes s’y mettent
Bhuvish Lukea : « Les Mauriciens sont en quête d’aventure »
Âgé de 25 ans, il court pour le Moka Rangers Sports Club. Plusieurs membres de sa famille sont des mordus du trail. Il confie qu’il n’est pas près d’arrêter de sitôt. Tout a commencé en 2011, quand il devait participer au relais de la ville de Vacoas-Phoenix. Or, comme il était nouveau dans cette équipe, il a dû rejoindre la Ste-Suzanne Team, une équipe réunionnaise.
« One bad moment turns to be gold », lance-t-il. C’est ce qui va être le facteur déclenchant pour ce jeune homme.
« Je suis resté en contact avec deux Réunionnais et je me suis enregistré sans savoir que cela allait être un trail. Mon premier trail était le Gecko Raid 15 km. J’étais très excité à l’idée de cette nouvelle aventure. Dès le départ, j’étais concentré uniquement sur la victoire, sans vraiment savoir ce qui m’attendait. Ma famille était à la ligne d’arrivée pour m’accueillir et je suis arrivé en troisième position », raconte-t-il.
Ce Graphic Designer affirme qu’il n’a aucune difficulté à concilier le sport et sa vie professionnelle. Bhuvish Lukea précise que, vu qu’il y plusieurs trails, il doit établir des objectifs. Il a commencé par suivre un entraînement spécifique. « Pendant la semaine, je fais des petits parcours et les entraînements cardio et durant les week-ends, ce sont des entraînements pour endurance. En ce qui concerne mon alimentation, je ne suis pas vraiment un “Diet Plan”. Cependant, je mange des pâtes avant la course et je prends aussi des suppléments d’énergie. »
Par ailleurs, Bhuvish Lukea ne se limite pas à faire que des trails. Il aime aussi les randonnées et faire du vélo avec ses amis. Il dit constater un changement dans les habitudes des Mauriciens.
« Auparavant, ils ne s’intéressaient qu’à la plage pour se détendre, mais aujourd’hui, plusieurs se tournent vers l’escalade. » « Il n’y a pas que les étrangers qui s’intéressent à ce type de sport. Aujourd’hui, les Mauriciens sont en quête de découvertes et d’aventures. Il y a plusieurs endroits que nous ne connaissions pas, mais grâce au trail on arrive à explorer des sites magnifiques qui étaient aussi inaccessibles auparavant.», dit-il.
Il a également lancé un club qui est le Maufou Trail Running Club, dans le but de conseiller les traileurs. Il soutient qu’il est important de guider ceux que ce sport intéresse. En tête de liste au Long Trail Running League Mauritius, son objectif est de participer cette saison en octobre à Les Mascareignes 64 km à La Réunion et il vise le top 10 scratch.
Yanature : une invitation à avaler des kilomètres
L’association Rando Trail et Nature existe depuis plus de dix ans et chapeaute plus de dix-huit courses par an. Elle compte plus de 1 200 membres actifs. Il existe aussi plusieurs trails organisés par de grands groupes, comme le Royal Raid organisé par Lux*, le Ferney Trail par CIEL, le Moka Trail par ENL, le Dodo Trail par IBL et Southern Peaks Trail par Heritage Resort, entre autres.
Depuis 2004, le trail prend de l’ampleur à Maurice. Rando Trail et Nature organise deux ligues durant l’année, avec deux classements : féminin et masculin. Il y a une ligue courte, avec des parcours de 10 à 15 km, et une ligue longue avec des parcours de 20 à 25 km. Tous les mois, un trail court et un long sont organisés le même jour.
Yan de Maroussem, directeur de Yanature, explique que les parcours sont variés. « On laisse derrière soi ses repères de coureur de fond, car on ne court jamais à la même vitesse. Elle varie en fonction des obstacles et du dénivelé. Les trails se passent dans des parcs nationaux, des domaines privés et dans différentes parties de l’île », dit-il.
« Le nombre de participants démontre que cette discipline suscite un engouement extraordinaire. Il y a aussi les compagnies qui organisent des trails pour rehausser l’image du groupe. Alors que les sportifs le font également pour avoir l’occasion de passer du temps en pleine nature avec leurs proches. Il y a ceux qui le font pour être en forme. Aujourd’hui, plusieurs traileurs sont connus sur le plan international. Que ce soit sur les parcours longs ou courts, les participants, peu importe leur âge, sont toujours très motivés. »
Le 1er octobre 2016 est un jour à marquer d’une pierre noire. Olivier Rozar, un participant aux 15 km du Moka Trail, a été victime d’un malaise. Il s’est effondré à environ 400 mètres de la ligne d’arrivée. Il a rendu l’âme peu après. Yan de Maroussem précise qu’il existe des critères pour pouvoir participer à un trail. Il faut d’abord présenter un certificat médical. « En faisant cela, une personne s’engage. De plus, la personne doit être en bonne santé et avoir des équipements appropriés. On ne va pas revérifier quand une personne s’inscrit. »
Le directeur de Yanature précise que les inscriptions aux différentes courses se font sur Internet et les membres de Rando Trail et Nature bénéficient de tarifs préférentiels. Les frais d’inscription dépendent du parcours. Il y a des prix à gagner, tels que des médailles, des « Cash Prizes », des trophées ou des séjours dans des hôtels. Cependant, la grande majorité des coureurs ne luttent pas pour les premières places et participent avant tout pour le plaisir du trail.
Selon lui, les autorités sont elles aussi conscientes de la popularité du trail. Pour ce qui est de l’accès aux lieux pour pratiquer le trail, les propriétaires des domaines privés facilitent les procédures. « En effet, c’est une win-win situation. Nous payons un droit de passage et nous assurons que les parcours soient balisés », indique-t-il.
Priyanka Luxmee Pitteea : « Aller à la découverte de notre île »
Le trail est un sport accessible à tout le monde, peu importe l’âge ou le niveau physique. Aujourd’hui, il y a des adolescents qui préfèrent pratiquer le sport plutôt que d’être derrière sa console de jeux ou avec son Smartphone. C’est son père qui l’a initiée au trail, il y a quatre ans et, depuis, elle est une accro de ce sport. Priyanka Luxmee Pitteea, 16 ans, a participé à plus de 35 trails. Elle a été la championne dans la catégorie juniors de la ligue courte en 2015 et 2016.
« Aujourd’hui, c’est devenu mon sport préféré. Chaque parcours est différent et on est à la découverte de notre île. Sur les sentiers, on peut admirer des vues magnifiques. Mon tout premier trail était le Royal Raid 13 km en 2014 quand j’avais 13 ans. Je me sens libre et heureuse en courant. Le trail est comme une aventure pour moi, car je suis toujours excitée et curieuse de découvrir de nouveaux parcours. Cela m’aide aussi à me développer physiquement et mentalement. Pendant une course, on peut faire face à des difficultés telles que des chutes, des crampes, mais tous les traileurs sont très gentils et n’hésitent pas à s’arrêter pour venir en aide aux autres. »
D’ailleurs, c’est à cause de cette atmosphère positive, de l’ambiance amicale, des encouragements sur différents parcours qu’elle est maintenant une passionnée du trail. Cela l’aide également dans ses études. Elle en garde de bons souvenirs, même si certains parcours n’ont pas été faciles. « Quand je traverse la ligne d’arrivée, je me sens fière de ce que j’ai accompli et cela me motive pour me dépasser et faire mieux au prochain trail. Ce sport m’aide dans mes études.
Pendant les entraînements et les courses, je me sens relaxée et j’oublie complètement le stress des devoirs et des examens. Je me sens calme et cela m’aide à me concentrer et à mieux réfléchir. Grâce aux trails, je suis plus organisée, car je dois trouver le temps pour m’entraîner et aussi pour mes études. Tous les trails auxquels j’ai participé ont été des expériences magnifiques. Mais le trail que j’ai le plus aimé est le Ring Trail 2016 de 11 km dans les Gorges. Malgré la difficulté de cette course technique, j’ai pu terminer 2e parmi les femmes. J’étais surprise de cette performance. J’ai découvert mon potentiel et cela m’a beaucoup motivé pour donner le meilleur de moi ».
Témoignages
Ashwin Mandary : « Repousser les limites… »
« Le trail, c’est toute une aventure à explorer », confie Ashwin Mandary. Cela fait quatre ans déjà que ce Quatrebornais de 39 ans participe aux courses dans la nature. Et il est féru de cette discipline.
« J’ai perdu 24 kg. Cela a été mon incroyable défi. Mon inscription pour le trail avait pour objectif de perdre du poids, comme j’étais obèse. J’ai été étonné qu’une seule course à pied m’ait débarrassé de 24 kg. Depuis, je suis devenu super sportif », relate-t-il. Au début, il pesait 98 kg. Il pèse maintenant 76 kg. « Je cours beaucoup, sans arrêt. Des fois, j’avoue que je m’arrête pour faire redescendre mon rythme cardiaque, puis je repars. Toutefois, au fur et à mesure, j’allonge mes séances », dit-il.
« Repousser les limites » reste sa devise. Il a participé à plusieurs courses. Tout récemment, il a couru 25 km qu’il a bouclés en 2 h 58. « Je veux m’impressionner. Il me faut toujours un défi plus grand. Je vise à terminer 30 km bientôt. Et, l’an prochain, plus que ça », indique-t-il.
Consécration
Le trail, pour Ashwin, est aussi un moyen de se socialiser. « Je n’abandonnerai jamais le trail. Il reste une de mes priorités. Je ne veux pas reprendre du poids », lance le jeune homme, tout en souriant. Il dit avoir appris à manger avec modération tout en pratiquant beaucoup de sports.
La consécration d’Ashwin a été une source d’inspiration pour ses proches. La sœur et le frère de ce sportif se sont également inscrits dans des trails et ils l’accompagnent.
Jacques, 69 ans : « L’âge est juste un nombre »
Il fait plus jeune que son âge. Âgée de 69 ans, l’énergie qu’émet Jacques Isnard est une inspiration pour ceux qui pensent que la vie s’arrête après 60 ans. « Étant donné que je suis un accro aux exercices physiques, l’idée de m’initier au trail m’a beaucoup attiré. Après mes 60 ans, j’effectuais des joggings pour me garder en forme. Depuis que le trail a vu le jour à Maurice, je me suis dit, pourquoi pas », raconte Jacques Isnard, un habitant de Baie-du-Tombeau. Pour le sexagénaire, l’âge est juste un nombre. « J’aime relever les défis. Et je continuerai à courir et à participer dans les courses tant que je serais capable de le faire », fait-il observer.
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