Interview

Tahra Sergeant: «La qualité et les prix des carburants doivent être compétitifs»

Tahra Sergeant, Regional Manager de l’International Bunker Industry Association
En collaboration avec la firme mauricienne Celero, l’International Bunker Industry Association organise à la mi-octobre la première conférence internationale sur le bunkering. Tahra Sergeant explique les exigences de ce secteur. Quelles sont les perspectives du bunkering à Maurice ? D’emblée, à l’International Bunker Industry Association (IBIA), nous sommes très enthousiastes et soutenons l’initiative du gouvernement mauricien de chercher à les activités de bunkering en créant l’environnement propice à l’accueil des 35 000 navires qui passent au large du pays mensuellement, faisant du commerce entre l’Asie, l’Afrique australe et l’Amérique du Sud. Jamais auparavant avons-nous vu autant de vraquiers circulant entre l’Asie et l’Amérique du Sud, transportant des grains, du minerai de fer et du charbon. Cela dit, ce n’est non seulement le passage de ces navires qui doit intéresser Maurice, mais aussi l’opportunité de recevoir les navires post-Panamax et de leur offrir les services appropriés. Vous pouvez vous transformer en un hub régional pour le transbordement. Quels défis doit relever le pays pour y parvenir ? Maurice doit réellement être capable d’offrir des services fiables et de se pencher sur la qualité des carburants. Ceux-ci doivent être de très bonne qualité (basse teneur en soufre et en charbon) et à un prix compétitif par rapport aux prix pratiqués en Asie et en Afrique australe. Les opérations de soutage doivent être effectuées en toute sécurité et en conformité avec les normes environnementales les plus récentes. Pour assurer le développement de ce secteur, il faut que vous ayez les moyens d’assurer un service rapide, efficace et surtout d’éviter les retards. Tout retard implique d’énormes coûts. Il est important que les navires puissent faire du bunkering, c’est-à-dire se faire approvisionner et changer d’équipages dans un minimum de jours. Les ports qui connaissent le plus de succès sont ceux ayant un service de manutention efficace, des chenaux de navigation pour le trafic hauturier, des facilités attachées aux quais, et où l’ensemble des activités respecte l’écosystème. Les facteurs qui influencent la prise de décision d’un navire d’accoster à un port, sont multiples. Ils sont basés notamment sur les capacités opérationnelles, la rapidité de services efficaces, la capacité d’une intervention d’urgence fiable, la disponibilité d’agents portuaires, des avitailleurs, des opérateurs logistiques crédibles et efficaces. Maurice fait ses premiers pas dans ce secteur. Comment doit-on s’y prendre ? Je pense que l’initiative du gouvernement va dans la bonne direction. Le fait que vous signaliez au monde votre intérêt à vous y engager est de bon augure. Pour assurer la réussite, un encadrement légal est un point de départ important. Il faut aussi engager le dialogue avec toutes les parties prenantes, car il faut être à l’écoute des industriels, comprendre et répondre à leurs attentes. L’IBIA est très active en Afrique du Sud et Singapour. Où situez-vous Maurice entre ces deux grandes destinations portuaires ? Il faut comprendre que l’IBIA représente l’industrie internationale dans son ensemble. Certes, l’Europe et Singapour ont été très actifs et on note que l’Afrique du Sud connaît un certain essor. Personnellement, je représente les intérêts de l’Afrique australe qui inclut Maurice. Évidemment, nous sommes ici sur le long terme pour encourager et favoriser tout développement que Maurice envisage dans ce secteur. La protection de l’environnement est une condition fondamentale à respecter, mais il semble que Maurice n’ait pas tous les atouts en main... C’est précisément la raison de notre collaboration avec la firme Celero. Il s’agira de dispenser des formations afin de renforcer le capital humain dans ce secteur, notamment sur les questions de régulation internationale et en matière juridique.
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