Varun n’en revient pas. Inconsolable, ce policier était en larmes après avoir appris que sa petite amie s’est suicidée.
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Il dit être très affecté par ce drame. La veille, la jeune femme lui a confié qu’elle avait des problèmes familiaux.
Dans une déclaration au Défi Quotidien, Varun explique qu’il connaît Karishma depuis un an. Selon ses dires, ils se sont rencontrés sur le réseau social Facebook.
« Karishma était déprimée lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois. Li ti deza dan lapenn avek boukou difikilte, mo fine tir li dan sa depresion la. Depuis, tout allait bien entre nous », dit le policier.
Cependant, depuis quelques semaines, Karishma était déprimée, selon Varun. Il raconte que la policière est déjà venue chez lui et qu’elle a été accueillie chaleureusement par les membres de sa famille. « J’ai ensuite demandé à Karishma si je pourrai venir chez elle pour une demande en mariage. Elle a catégoriquement refusé. Car, selon elle, ses proches ne m’accepteront jamais car je n’ai pas encore complété la construction de ma maison. Elle était stressée à cause de ses problèmes. Mardi, je lui ai parlé et elle m’a dit qu’elle a eu des problèmes familiaux. Li pann ressi rakont mwa tou e linn dir mwa li pe travay », dit Varun.
Ce jeune agent a fait ressortir qu’il dormait à l’heure du drame. Il explique qu’il a appris que sa petite amie s’était tiré une balle dans la tête à son réveil. Varun raconte au Défi Quotidien que sa vie s’est arrêtée depuis que Karishma a quitté ce monde.
Transfert
Varun dit qu’il considérait Karishma comme sa moitié et qu’il était sincère avec elle. « Je l’ai acceptée. Zame mo pann zwe avek so sentiman e monn kontan li sinserman. Je ne cesserai jamais de l’aimer. Li ti dir li nepli kapav avek so ban problem famiyal », dit Varun.
Après le drame, le policier a reçu sa lettre de transfert et il a été muté dans un poste de police dans la région de l’Est. Interrogé sur ce transfert, il dit ignorer les raisons. Il est actuellement en arrêt maladie. Varun a expliqué qu’il donnera plus des détails aux policiers lorsqu’il sera interrogé..
Ces policiers qui ont retourné leur arme contre eux
- En mars 2005, le constable Goinsamy Appasamy se tire une balle dans la tête. Le policier, père de deux enfants, était en faction devant la succursale d’une banque commerciale de Beau-Bassin quand il a commis l’irréparable.
- Au cours de la même année, le sergent Sanjeevsing Bahadoor, 37 ans, affecté au poste de police d’Abercrombie, s’était donné la mort avec son arme de service au poste de police.
- Le 16 octobre 2005, le corps sans vie du policier Sanjay Sanjawon est retrouvé au Container Park à Port-Louis. En service ce jour-là, il s’était donné la mort en se tirant une balle dans la tête.
- En décembre 2009, le policier Devendra Joganah, affecté au poste de police d’Eau Coulée se tire une balle dans la tête. Il était assis sur une chaise quand ses collègues se sont accourus vers lui après la détonation. La veille, il avait été giflé par un sergent.
- Le 5 février 2012, Sanjeet Sakré, un jeune policier affecté au poste de police Coromandel, se donne la mort par un coup de feu. Il était au poste de police quand le drame s’est produit.
- En janvier 2014, une jeune policière de 22 ans, qui effectuait le Station Orderly, se donne la mort avec son arme de service. Une affaire de cœur avait alors été évoquée comme étant la cause de son acte de désespoir.
- Avril de la même année, un autre policier de 23 ans s’était donné la mort en se servant de son arme de service. Il était posté devant la demeure de Cassam Uteem, ancien président de la République.
L’inspecteur Shiva Coothen : «les policiers font face à d’énormes pressions sans compter leurs problèmes personnels »
Le métier de policier est stressant. Les policiers font face à d’énormes pressions, sans compter leurs problèmes personnels. Une Mental Health Wealthness and Suicide Prevention Strategy a été mise en place au sein de la police pour prévenir le suicide au sein de la force, dit l’inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office.
Au début de son service, comment peut-on dresser le profil psychologique d’un policier ?
Il y a un panel médical attaché à la Public Service Commission & la Disciplined Forces Service Commission. Les médecins sont des professionnels. Ils se basent sur de nombreux critères avant de donner leur feu vert pour effectuer le recrutement. Si au départ, l’aspirant policier est incohérent, c’est sûr qu’il ne sera pas pris, mais s’il ne présente aucun trouble, comment savoir…
Existe-t-il une structure pour détecter ces troubles dont souffrent des policiers ?
Le métier de policier est stressant. Nous faisons face à d’énormes pressions. Ajoutez à cela nos problèmes personnels. En 2010 et 2014, la police a mis sur pied la Mental Health Wealthness and Suicide Prevention Strategy. Son principal objectif est de prévenir les cas de suicide au sein de la force policière. C’est une stratégie qui requiert la participation de tout un chacun, car il incombe au Station Manager de voir l’état psychologique du policier avec qui il travaille. S’il y a quelque chose qui ne va pas, le policier dépressif bénéficiera du soutien et des conseils d’un psychologue de la police.
Comment expliquez-vous la mort de la policière?
Tout cas de perte de vie humaine est avant tout un cas de trop. Une arme est confiée à un bon nombre de policiers dans l’exercice de leurs fonctions… Certains signes chez des policiers sont apparents alors que chez d’autres, ces symptômes le sont moins.
Pour cela il y a un ‘depression assessment’. C’est une check-list qui permet d’évaluer la psychologie d’un policier. De plus, il y a des ateliers de travail qui sont organisés conjointement avec le Chief Medical Officer de la police, du psychologue et des officiers de la Sécurité sociale. Lors de ces ateliers, il est question de stress management.
Partie à la fleur de l’âge : Karishma Gosto était toujours souriante
Proches et collègues étaient nombreux à être venus rendre hommage à Karishma Gosto, âgée de 23 ans, à 9e Mile, Triolet, mercredi. Les funérailles de cette policière, partie à la fleur de l’âge, sont prévues le jeudi 8 septembre. La jeune femme, qui a commis l’irréparable au poste de police de Baie-du-Tombeau où elle travaillait, laisse un grand vide derrière elle.
Pourtant, affirment ses proches, rien ne laissait présager qu’elle mettrait fin à ses jours. Ils la décri-vent comme une femme qui était toujours souriante. D’ailleurs, se remémore son oncle Vidianand, « à aucun moment, elle n’a montré qu’elle avait des soucis. Sa cousine s’est mariée dimanche. Nous nous sommes tous bien amusés en famille ».
Karishma Gosto était la benjamine de sa fratrie. Son père est garnisseur et sa mère femme au foyer. La jeune femme, qui a rejoint la force policière il y a deux ans, ne ratait jamais une occasion de faire plaisir à ses parents.
Toolsidas, son père, l’a vue, pour la dernière fois, mardi soir. « Mo tifi dir mwa li pou fer gato pou mwa. Monn al dormi. Li pann rod deranz mwa kan linn al travay aswar. Mo pann retrouv li ankor », confie le père dévasté par le chagrin. « Li ti dir mwa li ti kontan enn garson. Zot pa ti fianse », lâche-t-il. Pour lui, les raisons derrière la mort de sa fille restent floues.
Un sergent : «elle était Toujours prête à apprendre»
Un sergent, qui l’a côtoyée durant ces dernières années, garde le souvenir d’une jeune femme enthousiaste. « Elle était toujours prête à apprendre. Elle aimait travailler. D’ailleurs, elle s’absentait rarement. Elle ne prenait pas de congé maladie non plus », confie-t-il.
Un autre constable explique, pour sa part, que Karishma Gosto était une femme joviale. « Elle n’a jamais eu de problèmes avec qui que ce soit. Sa bonne humeur, elle la communiquait aux autres sur son lieu de travail. Elle n’a rien laissé transparaître d’un quelconque souci familial ou personnel qu’elle aurait pu avoir », explique le policier.
C’était une grande fierté pour Karishma Gosto d’intégrer la force policière. Elle est, en effet, la troisième personne de sa famille à s’engager dans la police. Son frère aîné, âgé de 33 ans, et sa sa sœur, âgée de 25 ans, font eux aussi partie des forces de l’ordre. « Nous lui avons laissé le choix de faire carrière dans la filière qu’elle voulait, mais elle a choisi d’intégrer la police », confie le frère de la jeune femme.
Le CP Mario Nobin : « Vous ne pouvez prédire une telle tragédie »
« C’est à la suite d’un problème personnel que ce drame s’est produit. Vous pouvez avoir toutes les structures nécessaires, mais une telle tragédie ne peut être prédite », dit le chef de la police. « Je suis allé rendre visite à la famille. C’est triste ce qui s’est passé ».
C’est quoi le « Station Orderly » ?
La jeune policière assurait les fonctions de Station Orderly quand elle a commis l’irréparable. Que signifie ce terme ? Un officier qui effectue le Station Orderly dans un poste de police a de grandes responsabilités. D’ailleurs, une arme à feu lui est remise, le temps que dure son service. En sus, explique un sergent, « tous les appels, les requêtes et les dépositions passent par cet officier, qui a, à sa charge, le poste de police. Quand un membre du public pénètre au poste, l’officier est le Front Line Officer ».
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