Interview

Sudhir Sesungkur : «Il y a des choses en commun entre le MSM et le MMM»

Le député de la circonscription no 10, Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est, revient sur le départ du PMSD du gouvernement. Il estime que Xavier-Luc Duval a trahi la population et a failli à son devoir. Il est aussi d’avis que les oranges et les mauves partagent la même culture.

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Le PMSD a quitté l’Alliance Lepep. Est-ce que cette cassure était évitable ?
Je pense que Xavier-Luc Duval a voulu provoquer la chute du gouvernement à travers son action, qui est semblable à la trahison de Paul Bérenger à l’encontre de sir Anerood Jugnauth à la veille des élections de 2014.

La majorité de l’électorat rural ne va pas pardonner à Xavier-Luc Duval. Il a failli à ses responsabilités, alors que le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) est allé aux dernières élections avec le Mouvement socialiste militant (MSM) et le Muvman Liberater (ML), et on a combattu l’alliance Mouvement militant mauricien (MMM)-Parti travailliste (PTr).

« Une partie de la population croit dans le bon travail du gouvernement, tandis que l’autre préfère les palabres et la démagogie »

On a expliqué à l’électorat pourquoi ces deux partis étaient une menace pour le pays et la démocratie, et allaient mener le pays à la banqueroute. Après deux ans, soudain, Xavier-Luc Duval prend la décision d’amener sa troupe dans l’opposition. Ce n’est pas une décision prise du jour au lendemain.

Tous les leaders font des calculs avant de prendre une décision. Cette cassure aurait été évitable si Xavier-Luc Duval avait su assumer ses responsabilités, au lieu de se comporter comme une opposition au sein du gouvernement. Le MSM, et surtout son leader Pravind Jugnauth, ont fait beaucoup d’efforts pour accommoder les demandes du PMSD. Xavier-Luc Duval a trahi la confiance que l’électorat a placée en l’Alliance Lepep. C’est un faux pas. D’ailleurs, beaucoup au sein du PMSD ne sont pas d’accord avec cette décision que leur leader a prise sur un coup de tête.

Quelles peuvent être les conséquences de cette cassure pour le MSM ?
Le MSM a compris qu’il faut être plus soudé que jamais. Nous avons une mission à accomplir. Nous avons le devoir de mener à bien le programme que nous avons présenté à l’électorat. Le MSM est un parti qui est proche de son électorat.

Les rumeurs d’un rapprochement entre le MSM et le MMM se font persistantes…
Mon opinion personnelle est qu’il y a des choses en commun entre le MSM et le MMM. Beaucoup de nos grands axes sont inspirés de la philosophie socialiste pour une société plus juste et plus équitable, là où il y a la méritocratie. Ces grandes lignes rejoignent celles du MMM. Les deux partis ont la même culture. Mais de là à dire qu’il y a un rapprochement, c’est un pas que je n’oserai franchir. D’ailleurs, je crois que si l’opposition telle qu’elle est composée aujourd’hui va aux élections, elle se prendra une raclée. Ces partis doivent repenser leur stratégie. Les trois leaders veulent devenir Premier ministre. C’est une situation cornélienne. Maintenant qu’il est dans l’opposition, Xavier-Luc Duval parle d’un éclatement du gouvernement. Or, je suis plus convaincu d’un éclatement de l’opposition.

Cela fait deux ans que l’Alliance Lepep est au pouvoir. Quel est votre bilan ?
Sur le plan social, on a rendu la société plus juste grâce à plusieurs mesures. Rs 10 milliards ont été injectées pour les aides sociales aux plus vulnérables. La Banque mondiale avait tiré la sonnette s’alarme en 2014. La classe moyenne était sur le point de disparaître. Les gens n’arrivaient pas à joindre les deux
bouts, ce qui provoquait des dysfonctionnements. Les vols et la violence augmentaient. Il était important que le gouvernement stabilise tout cela. Nous avons accompli un travail immense depuis notre accession au pouvoir. Sur le plan économique, en deux ans, nous avons jeté les bases pour une meilleure croissance. Il ne faut pas oublier que, pendant une dizaine d’années, la croissance a été faible.

Certains, pourtant, estiment qu’il n’y a rien de concret...
L’année prochaine, la croissance sera meilleure. Les secteurs de la construction, de l’agro-industrie et du tourisme seront en plein essor. Et les autres, comme les technologies de l’information et de la communication, vont s’améliorer. Il y aura plus d’opportunités pour les jeunes. Au niveau politique, nous avons accompli un grand nombre de choses. Il y a eu plus de 55 projets de loi, alors qu’en 2014, le Parlement est resté fermé pendant plusieurs mois. Nous avons travaillé jusqu’à la dernière heure. Plusieurs des lois que nous avons proposées vont booster notre économie. Nous avons également eu droit à un très bon Budget et à une série de mesures phares, comme la baisse du prix du gaz ménager, ce qui a créé un mood de confiance. Le MSM et son partenaire, le ML, continueront sur cette lancée.

L’Alliance Lepep avait vendu le rêve d’un deuxième miracle économique…
Je suis confiant que, durant les mois à venir, il y aura une amélioration sensible de notre économie. Plusieurs secteurs étaient en décroissance, mais les choses vont changer très prochainement. 2017 sera l’année de tous les chantiers. Il y aura le kick-off du Metro Express et une série de développements routiers. Des projets au coût de Rs 100 milliards ont été étudiés par le Fast-Track Committee. Leur exécution créera plus d’emplois et de richesses. Certes, le coût de la vie est élevé, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour soulager la population. Tout cela ne se fait pas du jour au lendemain, surtout que nous avons hérité d’une situation économique difficile. Le niveau de la pauvreté commençait à menacer les fondements de notre société. Nous avons dû prendre des mesures urgentes pour pallier cela. Je pense qu’il faut un peu de patience et 2017 sera nettement mieux. Nous sommes sur la bonne voie. Il faut que tous les ministres apportent leur pierre à l’édifice.

Que doit faire le gouvernement pour redorer son blason et regagner la confiance de la population ?
La population reprendra confiance lorsqu’elle verra les résultats. Pour cela, nous devons faire un travail de proximité pour lui expliquer ce que nous accomplissons. Une partie de la population croit dans le bon travail du gouvernement, tandis que l’autre préfère les palabres et la démagogie. Rien n’est bon ! D’où la nécessité d’expliquer et de démontrer la différence entre l’ancien gouvernement et nous.

En tant qu’expert comptable, êtes-vous inquiet pour l’économie du pays ?
Nous traversons une période assez turbulente. Les grandes économies internationales, comme les État-Unis, le Japon et le Royaume-Uni, remettent en cause leur stratégie économique, ce qui provoque un remue-ménage au niveau international. Un petit pays comme Maurice manque de visibilité. Certes, au niveau domestique, nous avons des secteurs en pleine croissance. Politiquement et socialement, nous sommes stables et les investisseurs veulent venir chez nous. Au niveau régional, les grands groupes mauriciens doivent saisir les opportunités qui se présentent. Le marché mauricien est arrivé à saturation. Certains marchés sont saturés, tandis que d’autres, comme l’Océanie, sont relativement jeunes. Il faut donc davantage les exploiter. Il faut également pouvoir diversifier pour être résilient et pour plus de sécurité économique.

 

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