Harvesh Seegolam, ancien gouverneur de la Banque de Maurice fait face à un ordre d’arrestation pour « Conspiracy to defraud ». Comment réagissez-vous à cela ?
C’était prévisible alors que nous avons entendu beaucoup de choses à propos de la Mauritius Investment Corporation (MIC). Dans la logique de la transparence, certaines informations auraient dû être communiquées, tout en respectant le secret bancaire. La MIC est une compagnie privée. Le gouvernement y a injecté des fonds dédiés pour aider certaines entreprises, ce qui en soit n’est pas mauvais.
Il y a eu un pillage des fonds publics. C’est un « clear-cut case ». Il y a eu d’autres transactions douteuses"
Quand on entend les sommes débloquées par la Mauritius Investment Corporation (MIC) et certains bénéficiaires douteux, faut-il conclure qu’il y a eu une mauvaise gestion de l’argent des contribuables ?
Il y a eu un pillage des fonds publics. C’est un « clear-cut case ». Il y a eu d’autres transactions douteuses. Le gouvernement a acheté des terrains. Comment est-ce que cela a permis de protéger l’emploi ? Était-ce une priorité ? On peut comprendre le coup de main financier accordé aux hôtels pour sauvegarder les emplois. D’autres cas semblent indiquer que les bénéficiaires sont connectés avec l’ancien régime.
Concernant cette affaire de « Conspiracy to defraud », doit-on faire le lien entre la MIC, la Banque de Maurice, l’ancien ministre des Finances et ancien chef du gouvernement ?
J’étais dans le giron et je sais comment il fonctionne. C’est le boss qui donne des ordres. Cependant, les pions profitent également de la situation. C’est comme un employé de moulin qui voit le sucre défilé devant lui et qui est tenté d’y goûter. Ce qu’il a goûté est infime par rapport à la grosse production. Il faut voir les cas flagrants de ceux qui n’étaient pas éligibles au soutien, mais qui en ont quand même bénéficié. Il faudrait également effectuer un « money trail » pour statuer si l’argent décaissé a effectivement été à bénéfique à l’entreprise. Tout est traçable.
L’arrestation d’un ancien gouverneur de la Banque centrale, qui plus est président de l’association des gouverneurs entachera-t-elle l’image de la juridiction mauricienne ?
C’est une honte pour notre pays. On invite les investisseurs à venir investir à Maurice et on parle de la robustesse de nos institutions... Les grands investisseurs s’intéressent à ce genre d’article. Cependant, l’ordre apporté dans cette affaire crédibilise nos institutions. On s’interroge par contre sur la rigueur professionnelle de certaines personnes qui occupaient des postes à responsabilité.
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